La difficulté de donner un sens à vie

Pour certains intellectuels, et Bill McKibben en particulier, les posthumains ne pourront pas donner de sens à leur vie.

Acteur : Bill McKibben 
Thèse : Pour Bill McKibben, l’histoire de notre évolution est l’histoire de la perte de sens de l’humanité. Chaque découverte scientifique, chaque innovation technique a enlevé un peu de sens à notre univers humain. La posthumanité serait un pas de plus dans ce sens. En effet, notre progéniture posthumaine en saura tellement sur elle-même, aura tellement accès facilement à toute chose qu’elle ne connaîtra aucun défi. Et si les technologies génétiques deviennent bon marché, elles pourraient bien se répandre très rapidement, et notre société serait le théâtre d’une vaste et triste homogénéisation. Bien sur, le pire fléau qui pourrait s’ajouter à cela serait l’immortalité : « Tous les instants seraient les mêmes, la sagesse humaine profonde et triste de l’Ecclésiaste disparaîtrait. Si pour tout nous avons un temps infini, alors il n’y a pas non plus de bon moment. Le futur s'étale devant nous infiniment plat ».

Acteur : Ronald Bailey 
Contre argument : En réponse au livre Enough, Ronald Bailey a publié en Octobre 2003 un article dans reason intitulé Enough Already. Dans celui-ci il met en avant la subjectivité de McKibben lorsqu’il soutient que l’humanité ne cesse de perdre son sens. Il fait également remarquer que plus de capacités est au contraire synonyme de plus de défis, de la même manière que celui qui fait de l’escalade avec un harnais et des mousquetons peut envisager de monter sur des rochers bien plus hauts. En ce qui concerne l’homogénéisation, il estime que c’est un bien maigre prix à payer pour avoir un monde de gens plus intelligents et en bonne santé. Enfin, il affirme que nous ne savons pas à quoi ressemblerait l’immortalité, que nous pouvons toujours essayer si nous en avons la possibilité, et que rien ne nous empêchera d’y mettre fin si être immortel est un tel ennui.

En conclusion, entre transhumanistes et bioconservateurs, ce sont surtout deux visions de la société qui s’opposent. D’un coté, les transhumanistes défendent le droit individuel de choisir ou non l’émancipation biologique qu’offrira la technologie. Pour les bioconservateurs, ce choix est celui de toute la société, dans son ensemble, car toute la société en subira les conséquences, qu’ils envisagent comme grandement néfastes.

Le lien entre le transhumanisme et Aubrey de Grey