Au départ, nous avons cherché un peu au hasard un sujet ayant trait à l’histoire et à la mythologie, deux aspects qui nous intéressaient tous au sein du groupe. Puis, nos recherches s’étant révélées peu fructueuses, nous avons dévié de la mythologie vers la religion.
Le sujet le plus évident nous semblait alors de traiter des relations difficiles entre science et foi. Mais nous n’étions pas du tout persuadés que ce sujet était encore d’actualité, et surtout nous pensions que tout avait été dit et tranché depuis longtemps. Puis l’un d’entre nous s’est souvenu avoir lu des articles sur l’histoire de la mer Noire et notamment ses liens supposés avec le déluge, ce qui nous rapprochait de nos premières idées sur les mythes.
Très vite, nous avons réalisé qu’il existait sur ce sujet plusieurs thèses possibles et un grand panel d’acteurs. C’est ainsi que la question des origines scientifiques du déluge est devenue notre sujet de controverse.
Nous avons tout d’abord identifié assez rapidement les différentes thèses défendues pour expliquer scientifiquement le Déluge. En revanche, nous avons mis plus de temps à saisir l’importance relative des acteurs au sein de la controverse. Des thèses à nos yeux fantaisistes se sont révélées toucher un très large public, et leurs auteurs avoir un rayonnement très important (notamment des thèses défendues par des tenants d’une origine divine du déluge).
Dans une deuxième phase, suite justement à cette constatation sur le rôle de la pensée religieuse dans notre controverse, nous avons décidé de faire entrer les mythes et religions qui racontent le déluge non plus comme de simples considérations annexes, servant à planter un décor, mais plutôt comme des thèses à part entières, purement religieuses, que certains acteurs défendent encore aujourd’hui.
La recherche des contacts nous a demandé beaucoup de temps, pour des résultats mitigés.
Nous avons tout d’abord échangé des mails avec Gilles Lericolais, chercheur français de l’Ifremer et responsable de la mission BLASON de sondage du fond de la mer Noire. Puis les réponses ont soudain cessé, ne reprenant plus même après plusieurs relances de notre part.
Or Gilles Lericolais avait l’avantage d’être proche de nous géographiquement, ce qui aurait rendu une interview possible, contrairement à la plupart des scientifiques, principalement américains, qui ont publié sur ce sujet. Notre champ d’action pour la France se réduisait soudain à la religion, et surtout à la religion catholique, puisque les créationnistes protestants se trouvent eux aussi quasiment uniquement aux Etats-Unis.
Nous avons alors téléphoné au journal catholique La Croix. Nous avons été bloqués par le standard, qui a néanmoins accepté de nous donner les adresses mail des responsables des rubriques scientifique et thèmes de société du journal. Ces personnes ne nous ont jamais répondu.
Finalement, il ne nous restait plus comme possibilité que d’interviewer un ecclésiastique. Mais allait-on accepter de nous répondre, alors que l’Eglise catholique traversait une véritable tempête médiatique ? Nous avons trouvé la solution en passant par le prêtre de la paroisse de l’un d’entre nous, dont les indications se sont révélées riches de sens et d’enseignements.
Une première question s’est présentée à nous : comment classifier les acteurs de la controverse ? Les médias, le grand-public ne nous posaient aucun problème. En revanche, comment recouvrir la variété des positions des défenseurs des différentes thèses par le biais de deux sous-menus : religieux et scientifiques ?
On pourrait croire de prime abord que cette classification est légitime et que les arguments des tenants de l’existence d’un déluge universel sont principalement basés sur la foi. Rien n’est plus faux. Il nous a été difficile, au début de nos recherches, lorsque nous ne repérions pas encore les noms des scientifiques et ouvrages utilisés par les créationnistes, de savoir si la thèse que nous avions sous les yeux était purement scientifique ou avait pour but la défense de la véracité du texte biblique. Ce n’est qu’en comparant le travail de ceux d’entre nous qui étaient chargés de repérer les principales théories scientifiques et ceux qui s’occupaient des religions, du créationnisme, des sectes, que nous avons constaté que des noms coïncidaient.
Par la suite, nous avons cherché des précisions sur ces personnes, les créationnistes principalement. Ils ont fréquenté les meilleures universités américaines et travaillent dans les plus grands laboratoires. Bien que leurs recherches soient nettement orientées vers la confirmation scientifique des textes de la Bible, force est de constater la qualité de la démarche scientifique d’investigation des créationnistes est tout à fait défendable. Le principal reproche des scientifiques « purs » à leur encontre est la rapidité des conclusions des créationnistes dès que leurs résultats sont conformes à la Bible, alors que la logique scientifique voudrait que ces résultats soient constamment remis en cause et investigués plus avant.
Face à cette situation, nous avons donc choisi une classification en trois sous-groupes :
Les thèses scientifiques pures, qui désignent celles qui ne cherchent à défendre aucune théorie religieuse particulière. Ceci n’a donc rien à voir avec le fait que certaines théories puissent de prime abord sembler un peu « fantaisistes ». A partir du moment où une théorie est cohérente avec les connaissances actuelles et que les causes du déluge évoquées, bien qu’étonnantes aux yeux de certains, sont plausibles et peuvent en effet avoir eu lieu, elle est scientifique.
Les thèses religieuses utilisant des arguments scientifiques, parmi lesquelles on trouve principalement les thèses créationnistes.
Les thèses religieuses pures, qui ne sont pas à proprement parler des thèses mais plutôt le lieu du site où nous avons choisi de rappeler les principales sources citant le déluge. Nous avons choisi de marquer une césure entre les mythologies pures, qui présentent pour le déluge des causes que plus personnes ne défend, et les religions monothéistes dont les défenseurs d’une lecture littérale des textes sont nombreux.
Cette classification s’applique tout aussi bien aux acteurs qu’aux thèses, à cette différence près qu’elle est explicite pour les thèses, tandis qu’il existe des acteurs (médias, grand public) n’entrant dans aucune de ces catégories.
Il nous est également apparu rapidement que plusieurs acteurs utilisaient les mêmes données pour défendre des thèses différentes. Ces données, le plus souvent des découvertes telles que celles de cadavres de mammouths congelés, de traces de l’arche de Noé, nécessitaient une explication et une mise en contexte importantes. Mais à quel endroit du site ? Il nous était impossible de la faire dans une page de thèse, puisque plusieurs thèses utilisaient ces arguments. Nous avons par conséquent décidé de présenter des pages séparées sous un onglet « Connaissances utiles » présent dans la barre de menu principale. Chaque thèse qui cite des données relatives aux pages de cet onglet renvoit systématiquement aux pages correspondantes. Ce travail nous a semblé nécessaire à la bonne lisibilité des thèses.
Nous avons profité de cet onglet supplémentaire pour introduire dans le site des documents qui ne sont pas nécessaires à la bonne compréhension de la controverse, mais qui nous tiennent à cœur : comment les fossiles retrouvés sur la chaîne alpine ont été considérés initialement comme une preuve de l’existence du déluge, le texte de la Genèse, sa signification symbolique, une interview d’un prêtre nous expliquant la position du Vatican sur les recherches scientifiques liées aux événements bibliques. Ces données sans lien direct avec les thèses défendues donnent une idée de la poésie, de l’imaginaire du temps lorsque la controverse a débuté, et nous font également entrevoir ses enjeux profonds, par le biais des liens toujours discutés entre science et religion, entre raison et foi.
La navigation s'effectue à partir de deux tableaux de bord. Le premier, constamment présent, regroupe les grands ensembles caractéristiques de la controverse (acteurs, thèses, chronologie,...). Le deuxième tableau de bord évolue en fonction des choix de l'internaute afin de lui permettre d'explorer ces grands thèmes de la controverse
Au sein des pages, des liens assurent la liaison entre les grands ensembles. Ainsi, il est possible de découvrir les thèses défendues par un acteur à partir de la page présentant sa biographie ou inversement d'associer à chaque acteur cité dans l'exposé d'une thèse un parcours, une biographie.
Un plan permet finalement d'avoir une vue d'ensemble du site et des pages qu'il contient.>