Les associations interviennent à plusieurs niveaux dans le cadre de la lutte contre la récidive sexuelle. Elles sont d’une manière générale opposées à l’application systématique de la castration chimique dans le cadre de l’agression sexuelle. L’action des associations peut être l’information (auprès du grand public, en particulier des victimes d’agressions et de leurs proches, mais aussi auprès des agresseurs eux-mêmes), l’accompagnement (que ce soit par l’écoute de la révélation par une victime des traumatismes qu’elle a endurés, comme par le soutien un accompagnement judiciaire des victimes comme des agresseurs qui luttent, certains, pour leur guérison) mais aussi l’encouragement de la recherche. Privilégions ici une analyse fonctionnelle pour en déduire l’existence éventuelle d’un couplage entre le degré de compétence de chacune et sa position dans la controverse sur la castration chimique.
L’Association pour la Recherche et le Traitement des Auteurs d’Agressions Sexuelles est un Centre Ressource pour la prise en charge des Auteurs de Violence Sexuelle (CRAVS). Un tel centre a pour fonction non seulement d’aider à la formation des professionnels devant prendre en charge les auteurs de violences sexuelles mais mène aussi un travail de sensibilisation et d’information en partenariat avec d’autres professionnels pour prévenir les premières violences sexuelles qui sont plus nombreuses que les récidives. Cette association de professionnels spécialisés participe à la diffusion des connaissances et à la recherche sur ces problématiques. Elle est née du regroupement de cliniciens psychothérapeutes ayant participé à une recherche-action financée par la Direction Générale de la Santé (1993-1995) sur la psychopathologie des auteurs d’agression sexuelle. L’action de l’association revêt trois aspects :
En octobre 2009, suite au viol et au meurtre de la joggueuse dans la forêt de Fontainebleau, l’association réagit par un communiqué signé de son président, Bernard Savin, en titrant : «
L’alliance plutôt que la stigmatisation pour optimiser l’efficacité des mesures… ». Il dénonce le « leurre » que constituent les mesures radicales que les pouvoirs publics proposent de mettre en place pour punir de telles agressions. Au nom des médecins, psychologues, soignants, éducateurs, assistants sociaux, fortement engagés dans le traitement, la recherche ou l'enseignement concernant ce domaine particulier, qui sont regroupés ans cette association, Bernard Savin rappelle que le problème n’est pas législatif (des lois existent déjà sur le sujet) mais bien financier (les moyens ne sont pas suffisant pour appliquer la loi). Selon lui, la castration chimique est une solution envisageable dans certains cas mais en aucune sorte généralisable à la totalité des agresseurs sexuels. Un tel traitement nécessite en plus une justification précise à son injonction, un suivi individualisé des résultats obtenus, des éventuels effets secondaires et doit prévoir des modalités d’arrêt du traitement. Il s’érige contre la mise en cause des compétences ou de l’honnêteté des praticiens en charge de malades qui récidivent. Enfin le président de l’association réclame que soient mis en place des centres de recherche et de soin avec structuration de savoirs, de repères et d’outils partageables.
L’Ange Bleu est une association nationale dont l’activité est concentrée sur la prévention de la maltraitance sexuelle d'enfants et l'information concernant la pédophilie, en relation avec les institutions concernées (équipes spécialisées, scientifiques, Affaires sociales, Education nationale, Justice, etc.).
Elle possède trois moyens d’action :
Mais aussi les personnes en prise avec des attirances pédophiliques, avant le passage à l'acte, afin de les aider à ne pas franchir le pas.
Pour les délinquants et criminels sexuels avant et après leur sortie de prison, afin de les aider à éviter la récidive.
Pour les proches de victime, de pédophiles, de délinquants ou criminels sexuels, afin de les aider à surmonter leur désarroi, de les aider à trouver des réponses à leurs questions, de les aider à mieux soutenir leurs enfants, amis, etc.
Latifa Bennari, fondatrice et présidente de l’organisation française « L’Ange Bleu », veut proposer une aide à des abuseurs ouverts à une thérapie, qui sont conscients du problème lié à leur orientation sexuelle et qui sont prêts à accepter cette aide. Pour Latifa Bennari, il faut offrir aux abuseurs d’enfants potentiels des dispositifs préventifs, afin qu’ils ne passent pas à l’acte. Chez beaucoup de pédophiles, il existe une méconnaissance erronée de la réalité. Le comportement innocent d’un enfant est interprété comme une attitude d’invitation sexuelle. On ne peut reprocher aux pédophiles leur orientation sexuelle, continue Latifa Bennari. Mais ils sont responsables de leur comportement. Durant toute leur vie, ils ont le devoir de contrôler leur attirance sexuelle pour le corps des enfants, afin qu’ils ne passent pas à l’acte. Une thérapie préventive pour des abuseurs potentiels, voilà une protection active des enfants.
Pour Latifa Benari, « la pédophilie n'est pas un mal qui se soigne à coups de piqûres. On rassure la société avec cette solution, mais l'accompagnement humain est bien plus efficace contre la récidive ». Dans un courrier que révélé par l’association, Patrice Evrard (ndlr. le récidiviste qui a violé le petit Enis à Roubaix), incarcéré, assure aussi que « l'écoute est fondamentale. Nos psychismes sont plus complexes que ceux du dealer ou du voleur de voitures. Il suffirait parfois d'apporter un peu de chaleur pour réveiller la conscience en veille. »
L'Institut pour la Justice, association loi de 1901, a été créé au printemps 2007 par un groupe de citoyens indépendants dans le but affirmé de promouvoir une justice plus équitable. Il est parrainé par le père d'Anne-Lorraine Schmitt, une jeune femme qui avait été mortellement agressée dans un RER et dont la mort avait relancé le débat sur la récidive.
Pour garantir l'indépendance absolue de ses prises de position, l'Institut pour la Justice ne reçoit aucune forme de subvention, et n'est financé que par les dons de ses bienfaiteurs.
L'Institut pour la Justice apporte aux victimes un soutien psychologique, moral et éventuellement matériel. Parallèlement, il propose des réformes aux décideurs politiques jugées en faveur d'une justice pénale équitable, responsable et indépendante. L’institut œuvre sur quatre chantiers : l’application des peines, la psychiatrie, les droits et libertés et la récidive.
Au début du mois de février 2010, l’association de défense des victimes « déplore » que la commission des lois du Sénat ait refusé d’entériner le durcissement du projet de loi contre la récidive voté par les députés en première lecture. Selon l’institut, « les sénateurs de la majorité ne tiennent pas leurs promesses en matière de lutte contre la récidive, en abolissant les mesures de bon sens votées par l’Assemblée nationale ». La commission des lois du Sénat a notamment ramené la surveillance de sûreté, étendue par les députés pour les condamnés à plus de 10 ans de prison à leur sortie, aux personnes condamnées à plus de 15 ans de prison. Les sénateurs considèrent aussi que « la prescription d'un traitement antihormonal relève de la compétence exclusive du médecin traitant », ce dernier ayant « la liberté d'informer le juge de l'application des peines du refus ou d'une interruption du traitement inhibiteur, alors que le projet de loi fixe une obligation ». « Les sénateurs désavouent ainsi la Garde des Sceaux sur la castration chimique », estime l'Institut pour la justice, qui déplore aussi que le Sénat entende « limiter l'utilisation » du bracelet électronique « comme mode de surveillance après la sortie de prison ».
Créée en 1981, la Voix De l’Enfant, association fédérative, a pour but « l’écoute et la défense de tout enfant en détresse quel qu’il soit, où qu’il soit ». Son champ d’action est très large. Par les 73 associations qui l'animent, elle a pour mission notamment :
Nous invitons le lecteur intéressé à parcourir la liste des associations regroupées La Voie de l'enfant.
L’association veut faire preuve de pragmatisme et de réalisme : d’une manière générale, les lois, les traités internationaux et les textes réglementaires doivent être appliqués, avant d’en voter de nouveaux qui ne règlent pas obligatoirement les problèmes rencontrés. En ce qui concerne plus particulièrement la lutte contre la récidive, « il faut convaincre, pas imposer ». Pour le professeur Bernard Cordier, psychiatre spécialiste de ces traitements antihormonaux, et président de l’association La Voix de l’enfant : « Les détenus ne peuvent pas se voir imposer de traitements contre leur gré, sauf en cas d’urgence mettant leur vie en jeu. C’est contraire à la loi. Sinon, il faut changer la loi et c’est bouleversant. Dans le cas de l’injonction de soins, il appartient au médecin de décider du traitement. Et à lui seul. C’est l’article 8 du Code de déontologie médicale : le médecin est libre de ses prescriptions. Ce n’est pas à un juge de les lui imposer. De nombreux pédophiles sont en demande d’un traitement, mais il faut convaincre et non imposer. »
Les membres du corps médical qui souhaitent s’exprimer dans la controverse le font pour certains par l’intermédiaire d’associations, auxquelles ils apportent une forme de soutien de la science. Leur position est présentée dans le cadre de la communauté scientifique.