L’activité d’extraction minière suppose une perforation des couches géologiques intermédiaires entre la surface et le gisement exploité. Ces ouvrages miniers sont réalisés pendant la phase de forage mais restent en place bien après la fin de l’exploitation et nécessitent donc une gestion particulière. Le cas d’une exploitation de gaz par fracturation hydraulique ne fait certainement pas exception à cette règle : ces forages menés jusqu’à plus de 3000m de profondeur et adjoints d’un ouvrage horizontal dans le réservoir doivent également être gérés.
1. Le débat en France :
Sur cette question, avouons-le, le débat est quasi-inexistant autant en France qu’aux USA. Dans les deux cas, il semble en effet que les populations n’aient pas soulevés d’interrogations. Pour l’expliquer, il suffit de mentionner qu’aux USA, la majorités des puits fracturés sont actuellement en phase exploitation et qu’en France, l’exploration n’en est qu’à ses balbutiements. Pour les deux acteurs que sont l’État et les exploitants, la problématique de l’après-mine relève du long-terme et doit être traitée dès la naissance des projets d’exploitation.
De même que la gestion des ouvrages miniers après exploitation est commune à tous les sites d’extraction, l’interrogation a laquelle elle tente d’apporter une réponse est très conventionnelle : comment permettre aux terrains sur lesquels ces ouvrages sont présents de retrouver leur fonctions et leurs valeurs d’avant le forage.
2. Les particularités des puits fracturés :
Dans le cas des sites fracturé, l’ouvrage présente des propriétés particulières :
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La profondeur et la distance forée sont importantes voire très importantes (jusqu’à 11 184 pour un ouvrage du groupe Total en argentine foré en 1999). La quantité de couches géologiques traversées et le vide minier engendrés sont donc d’autant plus conséquents.
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La zone réservoir est connue pour ses propriétés peu poreuses et peu perméables, ce qui prévient la migration de fluides de celle-ci vers son environnement géologique et inversement (cf. Interview du spécialiste travaillant pour Total).
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Enfin, l’ouvrage est un puit circulaire d’un diamètre de 18 pouces environ. Il ne constitue donc pas un vide minier trop important (990m3 environ pour les puits présentés par un collaborateur du groupe Total.
3. Le traitement :
La technique envisagée en France et pratiquée aux USA est donc de cimenter tout ou partie de la colonne. L’exploitant coulerait donc du ciment dans le puits après avoir ôté tout le matériel de forage et d’exploitation. Cette opération a par exemple été pratiquée à Dimock, en Pennsylvannie, sur les puits mis en cause dans les accidents survenus en 2009 et 2010. Pour certains experts, la mise en relation de nombreuse couches géologiques, dont des aquifères, par ce vide minier pendant de nombreuses années serait problématique. En effet, dans le cas des sites fracturés, compte tenu des multiples mise en cause de cette technique dans des pollutions de la ressource eau, ces experts craignent que des fluides ne migrent entre couches géologiques normalement isolées, avec des conséquences imprévisibles. Ces craintes rejoignent le débats sur l’étanchéification des puits traités précédemment (Fiche : pollution des aquifères).
4. Un bienfait inattendu :
Selon un collaborateur du groupe Total, en France, les opérations d’après-mine seraient très positives et pourraient commencer avant même la production de gaz sur site fracturé. En effet, ces concessions cédées aux exploitants dans le sud de la France ferait l’objet d’une prospection poussée grâce à des outils modernes. D’anciens puits d’exploitation ou d’exploration (notamment les puits d’exploration forés dans les années 1970 en quête de pétrole) seraient localisés et pourraient alors faire l’objet d’un véritable assainissement. Beaucoup ont en effet été abandonnés sans autre forme de procès et représente un danger pour les populations et pour l’environnement (risque de migration de produits entre couches géologiques par une colonne perméable par exemple). Un puits foré lors d’exploration pétrolière entre 1945 et 1950 sur le site de La Vaunage dans le département du Gard en constitue une illustration intéressante :
Selon les exploitants, de tels exemples fourmillent dans cette région.