Nous arrivons à présent à des thèmes de débats plus abstraits, plus subtils. Mais l’enjeu énergétique comme l’enjeu politique sont aussi des composantes essentielles de notre controverse.
En effet, le monde du XXIe siècle a un besoin croissant de gaz et d’hydrocarbures en général, surtout à cause de la demande des pays émergents. Le gaz de schiste semble donc un bon candidat pour pouvoir garantir des prix raisonnables pour le consommateur.
Mais nous sommes à l’orée du troisième millénaire, et nous savons maintenant que tout développement doit être « durable », c’est-à-dire assez respectueux de l’environnement pour pouvoir être pérenne. Est-ce le cas pour le gaz de schiste ?
Ce débat sur les choix énergétiques est avant tout un débat citoyen. Et justement, le gaz de schiste représente beaucoup de choses pour la société : c’est un axe de développement économique, mais dont les moyens techniques et scientifiques ne sont pas maîtrisés par la population et inquiètent. C’est une façon de tenir les prix du carburant, mais au prix d’une empreinte carbone irrémédiable et aux dépends du développement des énergies renouvelables. C’est un symbole de la communication, ou de la non-communication entre les citoyens et l’Etat : les riverains et les élus locaux peuvent-ils convaincre leurs députés de représenter leurs intérêts ? Ceux-ci le feront-ils vraiment, ou seulement en apparence? C’est un sujet qui se prête aux manipulations politiques. Enfin, le sujet illustre bien les débats autour du principe de précaution. Pour toutes ces raisons, il sera certainement un marqueur régulier des évolutions politiques de ces prochaines années.
Enfin, l’indépendance énergétique est un atout de choix dans les relations économiques et politiques internationales, bien plus que l’on ne saurait l’imaginer.
Fiche: Stratégies énergétiques : politique intérieure et extérieure.
Conclusion :
Il y a un choix énergétique à faire, entre énergies fossiles, énergie nucléaire, énergies renouvelables. A l’Etat de décider où placer le curseur, sachant qu’il faut apaiser la demande tout en investissant dans des solutions d’avenir, être réaliste tout en étant visionnaire.
Nous venons d’évoquer l’Etat. Effectivement, le sujet des gaz de schiste risque fort d’être un des thèmes politiques cruciaux dans les vingt années qui viennent, parce qu’il représente idéalement les questionnements de notre temps, entre principe de précaution et développement libéral, entre dialogue démocratique et France forte, entre revendications sociales et va-et-vient politiciens.
En tout cas, il est vrai que, pour une nation, tout atout énergétique est d’une valeur inestimable à l’échelle du monde.
Mais en vérité, on ne sait encore que bien peu de choses concernant les réserves exploitables. Et tous les raisonnements de stratégie énergétique ne tiennent plus si les gisements ne sont pas aussi importants qu’envisagés.