Quelle précision pour les mesures de concentration de sulfure d'hydrogène (H2S) ?
Les premières campagnes de mesures de H2S ont été réalisées en 2005 par Air Breizh à Saint-Michel-en-Grève pour améliorer la connaissance sur les gaz émis lors de la décomposition d'algues vertes sur les plages. A cette date, les algues vertes étaient principalement considérées comme une gêne visuelle et odorante, sans préoccupations pour les conséquences sanitaires. Les concentrations en gaz polluants ont été mesurées à l'aide d'une voiture équipée de capteurs stationnée en bord de plage. Les résultats obtenus étaient loin des seuils de toxicité.
A partir de 2006, le CEVA a également réalisé des campagnes de mesures pour estimer le risque professionnel des travailleurs en contact avec les algues. En 2006, un premier capteur de 100 ppm est utilisé et arrive à saturation; la valeur réelle de la concentration, supérieure à 100 ppm, est inconnue. En 2008, un nouveau capteur de 500 ppm arrive à saturation. Or les concentrations de H2S de l'ordre de 500 ppm sont susceptibles de provoquer des intoxications aigües.
Suite à la mort du cheval et la perte de connaissance de son cavalier sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, l'INERIS a effectué, le 13 août 2009, sur cette même plage, des mesures ponctuelles de gaz qui ont confirmé la présence de plusieurs gaz toxiques dans les zones couvertes par les algues vertes en décomposition. Ces analyses ont montré que le sulfure d'hydrogène (H2S) était présent avec des niveaux de concentration très élevés. Plusieurs mesures, en différents points, dépassent les 400 ppm, certaines allant parfois jusqu'à 1000 ppm. Cependant, ces mesures, réalisées après l'accident du 28 juillet 2009, ne permettent pas de connaître les concentrations au moment de l'accident.
Comme les appareils utilisés pour mesurer la concentration en H2S arrivent à saturation, il est difficile d'estimer les concentrations réelles de ce gaz à proximité d'algues vertes en décomposition. Plusieurs méthodes étant utilisées pour effectuer les mesures, chacune avec une gamme d'étalonnage spécifique, il s'agit d'obtenir des résultats cohérents entre ces différentes méthodes. De plus, il s'agit d'être vigilant à l'analyse des résultats suivant qu'ils soient pris à quelques centimètres des algues ou à quelques mètres. La concentration en H2S dépend également de l'état de décomposition des algues, très difficile à estimer.
Dans le cadre du Plan de lutte contre algues vertes, le Ministère chargé de l'Ecologie et du Développement Durable a demandé des mesures précises sur les émissions d'H2S et d'autres gaz toxiques sur la filière "ramassage-stockage-transport-traitement-épandage". L'INERIS a donc été chargé de concevoir des campagnes de mesures pertinentes à réaliser dès l'été 2010. Les mesures sont à effectuer à l'émission et dans l'environnement.
