Les accidents nommés ci-dessus ont déclenché une réelle effervescence médiatique autour du problème des algues vertes et ont constitués des déclencheurs pour la prise de décisions politiques et la mise en place de nouvelles réglementations. Cependant, la responsabilité de H2S reste très discutée.
Le coma convulsif de Maurice Brifault en 1999 n’est pas reconnu comme conséquence des algues vertes par les autorités. Certains médecins s’alertent de cette interprétation qui pourrait conduire à minimiser les risques liés aux émanations de H2S. De nombreux arguments incitent à conclure en faveur du diagnostic d’intoxication aigue par H2S, mais les avis divergent suite aux imprécisions du dossier.
En 2008, le décès brutal des deux chiens en bonne santé, dont l’un au moins d’un œdème pulmonaire, dans une zone de forte exposition, évoque une intoxication par H2S. La Préfecture des Côtes d’Armor indique dans un communiqué de presse du 29 juillet 2008 que « l’état médiocre de conservation des cadavres des deux chiens n’a pas permis de conduire certaines investigations » et ne tranche pas sur la responsabilité d’H2s comme cause du décès. Elle indique que « toute extrapolation aux conditions naturelles observées sur les plages est … à prendre avec la plus grande prudence », idée partagée par le docteur Claude Lesné.
Le décès de Thierry Morfoisse soulève également de nombreuses questions. Comment déterminer la part de responsabilité des algues vertes dans ce décès ? Le manque de renseignements précis sur le travail effectué par Thierry Morfoisse, sur le type et l’état de décomposition des algues qu’il transportait ne permet pas d’avoir toutes les cartes en main pour juger au mieux de la responsabilité d’H2S. De plus, il semblerait que les conditions de conservation du prélèvement sanguin réalisé post mortem n’étaient pas optimales, ce qui conduit à des divergences dans l’interprétation des résultats. Cependant, le rapport d’analyses conclut qu’ « aucun élément objectif ne permet d’éliminer une intoxication par H2S comme cause de ce décès. »
Les causes de la mort du cheval et de l’intoxication aigue de son cavalier ne font pas l’unanimité. Pour les gendarmes intervenus sur les lieux, « c’est un enlisement, le cheval est mort étouffé dans la vase ». Ce n’est pas l’avis du docteur Pierre Philippe, médecin urgentiste à l’hôpital de Lannion, qui a soigné le cavalier. Comme le docteur Claude Lesné, il pense que l’accident est dû aux émanations de gaz libérées lorsque le cheval s’est enfoncé dans la zone vaseuse remplie d’algues vertes.
L’accident a déclenché la venue de nombreux acteurs politiques, des maires et élus locaux au Premier Ministre François Fillon le 20 août 2009 et soulève plusieurs questions. Comment cet évènement dramatique a-t-il participé à transformer un problème régional en une question d’ordre national ? Pourquoi a-t-il fallu attendre cet accident pour réfléchir et mettre en place de nouvelles réglementations visant à réduire les risques ?