QUEL MODELE POUR UNE IMF ? L'AVIS DES ECONOMISTES
Au cœur des arguments de chacun des camps on retrouvera les mêmes points qui font débat. Ainsi, Danny Roy (2006)1 énumère parmi eux « le rôle et la fiabilité des donateurs, l'efficience du secteur privé et sa propension à l'innovation, le nombre de pauvres à atteindre, la taille des IMF, l'autosuffisance financière la viabilité institutionnelle et le respect de l'idéal premier de la MF ».
2.2 Argument welfariste
Pour les welfaristes, la privatisation du secteur de la MF amènera inévitablement à une marginalisation de certains clients considérés comme trop « risqués », marginalisation qui était justement la cible à éradiquer en créant ce service. Une potentielle privatisation des IMF correspondrait donc à un éloignement de la MF de son objectif initial : « inclure les exclus ». Selon les welfaristes, la normalisation de la structure (« best-practices ») est ce qui représente un frein pour l'innovation car elle amène les IMF à se plier à des règles pour obtenir des financements. La continuité des IMF peut alors être assurée sans pour autant que celles-ci soient financièrement indépendantes. (Morduch et Woller et al. partagent par exemple ce point de vue). Il semble en effet possible d'obtenir une stabilité financière grâce au fait que les organismes donateurs subventionnent le secteur non pas pour en tirer un quelconque profit financier, mais pour d'autres types de retour (re-dynamisation du territoire, relance de l'emploi, engagement social, image positive pour les entreprises…). Simon, en 1993, introduit l'idée que les acteurs cherchent plutôt à maximiser leur « fonction d'utilité ».
Voici un tableau résumant les positions des welfaristes sur les différents nœuds du débat.
Continuer vers la conclusion.
1 Danny ROY, La participation et l'appropriation dans l'utilisation de la micro-finance comme outil de développement.
Deux camps s'affrontent donc en avançant tout deux des arguments pertinents. Mais où se situe alors la meilleure solution ? Comment analyser les arguments de chacun ?
De plus, il est intéressant d'observer le type d'argument des deux camps. En effet, le camp institutionnaliste présente la plupart de ses arguments en réaction à un constat : le manque de viabilité financière des IMF dans les années 60-70 qui posait alors problème. De l'autre côté, les arguments des welfaristes semblent uniquement répliquer aux paradigmes proposés par l'autre camp :