En vous mettant dans la peau d’un emprunteur ou en parcourant la quantification, vous avez réalisé que la question de savoir si la microfinance est utile ou non pour une politique de développement entraine la naissance d’un débat riche et complexe, qui a émergé il y a une vingtaine d’années et qui continue à se développer.
Jusqu’à présent, nous avons cherché à décrire ce débat de la façon la plus complète possible, en détaillant les arguments des diverses parties : en cela nous avons exploré la controverse à un niveau explicite et visible. Cependant, nous pouvons tenter d’aller encore plus loin, et de comprendre au-delà des arguments pour quelles raisons profondes un acteur défend un modèle particulier d’IMF plutôt qu’un autre. En réalité, il semble que la position d’un acteur sur l’échiquier de la controverse soit motivée par des positions idéologiques et morales sous-jacentes, très peu ou pas du tout débattues par les acteurs.
Nous allons maintenant tenter d’explorer ce niveau plus fondamental de la controverse, en montrant que le modèle adopté par une IMF et la manière de construire une preuve de son efficacité révèlent une vision du citoyen-emprunteur et une conception du développement bien particulière.
Quelle vision de l'emprunteur et du développement les IMF projettent-elles sur le monde ?
Implication des populations locales dans le fonctionnement de SEWA et BANCOSOL
Des conceptions du citoyen-emprunteur différentes et une vision du développement différente
Nous allons commencer à cerner ces conceptions sous-jacentes en repartant du terrain : nous allons étudier l’implication des populations locales dans les divers modèles d’IMF en prenant les exemples déjà étudiés de BANCOSOL et SEWA.