De manière générale, il est très difficile d’évaluer l’intérprétation du packing par le patient, souvent non-verbal.
Premier point : la méthode utilisée porte atteinte à l’intimité du patient : en effet, si l’on exclut le cas de jeunes enfants, l’intimité d’une personne adulte est exposée a priori sans consentement (s’il existe, le patient n’est pas en mesure de l’exprimer) aux yeux des docteurs / infirmières. Dans ce cas, le patient n’étant, rappelons-le, pas en mesure d’exprimer ou non son consentement, quelle place est accordée au risque d’érotisation de la pratique par le patient? Ce phénomène serait une perversion de son but originel : le patient risquerait d’ ainsi se trouver excité plutôt que calmé.
De plus, comment évaluer si le packing est intérprété comme un soin ou comme une punition par le patient ? Si le cadre strict de pratique du packing n’est pas respecté, le sentiment du patient est alors hautement influençable par l’attitude (volontaire ou involontaire) du personnel soignant lors de la pratique du packing. Ceci va de pair avec l’impossibilité d’évaluer la douleur du patient pendant une séance.
Enfin, il existe un risque que l’enfant s’arrêtant après une séance de packing ou après un certain temps de séances de packing se sente abandonné, ainsi la question du suivi après une séance et après une thérapie comprenant plusieurs séances est très importante et parfois négligée par les équipes de soignants.
Un des experts qui a participé au rapport du HCSP fait l’hypothèse que les enfants automutilateurs centrent leur sensorialité aux mutilations qu’ils se font. En les enveloppant dans le froid on stimule leur sensorialité et on décentre ainsi leur sensorialité réduite, redonnant ainsi à l’enfant la conscience du monde qui l’entoure. Un autre expert avance au contraire qu’une telle stimulation par le froid pourrait être à l’origine de stress.
Il est donc très difficile d’évaluer l’impact profond du packing sur le patient, même si l’on n’observe pas de risque somatique et que selon le rapport du HCSP, une adéquation stricte aux règles entourant la pratique du packing permettrait de limiter la souffrance du patient.
(Source : Rapport de la HCSP).