Une des complexités du sujet que représentent les neurosciences dans l’éducation vient de la multiplicité des angles d’approches et de la diversité des études qui sont menées sur un même problème. Pour autant, les média grand public semblent résumer la communauté scientifique à la discipline des "neurosciences". De très nombreuses disciplines ont pourtant leur mot à dire dans cette controverse. On trouvera parmi elles les sciences de l'éducation, plutôt classées parmi les sciences humaines et sociales dans les universités. Parmi les travaux "neuroscientifiques" dans le domaine d'une science dure, ou d'une science de la vie, deux domaines de recherche existent : les neurobiologistes, et les psychologues cognitifs. Les premiers sont des biologistes, travaillant une science dure, de laboratoire, basée sur les mesures et un travail sur l’organe même qu’est le cerveau pour tenter de comprendre le fonctionnement du réseau neuronal. Les psychologues cognitifs travaillent une science de la vie, la branche de la psychologie qui cherche à déterminer la relation entre la psychologie d’un sujet et le fonctionnement de son cerveau. Une grosse partie de leur travail consiste à localiser les zones cérébrales correspondant aux diverses activités du cerveau.
De par leurs objectifs, leurs méthodes, et leurs protocoles, ces deux types de sciences diffèrent radicalement. (Gaussel et Reverdy, entretien 2017). Les conclusions que les deux types de chercheurs tirent de leurs travaux de recherche sont donc logiquement différentes par leur nature. La progression de la science dure qu’est la neurobiologie est considérée plus certaine, mais plus lente, et moins "spectaculaire" pour un public profane. Selon les deux membres de l'Institut Français de l'Éducation que nous avons interviewées, les psychologues cognitifs, menant un travail avec un plus fort degré d’incertitude, sont parfois trop rapides et livrent des conclusions approximatives, étant en quête permanente de résultats. Ces pratiques peuvent mener à la création de ce qui est appelé un neuromythe, c’est à dire des chiffres ou des résultats “chocs”, qui semblent être des avancées majeures, alors que ces résultats sont encore discutables. D’autre part, les travaux des neurobiologistes arrivent beaucoup plus lentement, et sont beaucoup plus difficiles à adapter en réelles méthodes pédagogiques.
Pour autant, les neuropsychologues, comme George G. Hruby, du British journal of Educational Psychology, semblent défendre les mêmes aspirations à la précision et à la rigueur scientifique. Comme Monsieur Hruby le défend dans son article publié en 2012, les recherches en neurospychologie ont un réel rôle à tenir, et vont même devenir un domaine de recherche éducationelle à part entière. En parallèle, elle ne sera pas considérée comme légitime tant que les objectifs de résultats et de possibilités d'amélioration concrètes ne sont pas atteints. Ce qui explique le besoin permanent de résultats. 3 défis se posent alors : ne pas travestir l'intégrité scientifique malgré le besoin de résultats, garder une éthique scientifique, et l'obtention de suffisamment de résultats pour une réelle analyse de grands nombres de données.