Les débats sur la place qu’il faudrait accorder aux neurosciences dans l’éducation font également intervenir des décisions à grande échelle et des gens situés à des postes à hautes responsabilités. La politique est donc omniprésente dans les coulisses de cette controverse, et les divergences d'idéologies sont très marquées.
On le voyait de façon beaucoup dans les débats précédant l'élection présidentielle. Quand certains journalistes faisaient d’Emmanuel Macron le candidat des neurosciences, d’autres mettent l’accent sur le clivage politique droite/gauche (Emmanuel Berretta, 2017). En effet, Maryline Baumard, journaliste du Monde, explique en quoi les différentes orientations politiques des gouvernements qui se succèdent empêche une avancée de l’éducation. En effet, selon elle, la “droite” serait plus en faveur d’une plus grande place des neurosciences dans l’éducation. La gauche y serait plus hostile. Cependant, de gauche comme de droite, les partis politiques ne valident pas les positions de leurs opposants, ce qui gèle le débat. “La création imminente d'un énième conseil dédié à l'évaluation du système éducatif permettra-t-elle d'instiller un peu de raison scientifique dans les politiques publiques d'éducation ? S'il ne devait avoir qu'une seule priorité, ce devrait être celle-ci.” souligne-t-elle par cette critique vive du débat stérile ayant lieu pour elle aujourd’hui. Ces propos corroboraient ce que Monsieur Molinatti nous disait en entretien : l'idéologie classique de la droite est davantage favorable à une place accrue des neurosciences dans les salles de classe, quand la gauche a habituellement plutôt tendance à s’y opposer".
Najat Vallaud-Belkacem, candidate en faveur des Serious Games. Source : flickr.com
Patricia Cloutier (2015) s’exprime sur cette question de pouvoir. “On trouve souvent, malheureusement, que les décisions prises ne sont pas basées sur la recherche, elles sont prises tout simplement parce que ça fait le bonheur des gens, donc des électeurs”. Elle explique que suivant les opinions des personnes suffisamment influentes, les directives au sein des choix pédagogiques peuvent changer, provoquant un manque de légitimité et d’unité dans l’Éducation Nationale aujourd’hui. Faute de choix précis réalisés par celle-ci, les décisions sur les méthodes neuroscientifiques dans les salles de classe s’effectuent à deux échelles. C’est pourquoi il incombe à chaque directeur d'établissement scolaire d’autoriser ou non une session d’expérimentation des neurosciences dans ses locaux. Parfois, on remarquera tout de même que certains élus promeuvent à une échelle locale l'emploi des neurosciences. Ce fut par exemple le cas de Najat Vallaud-Belkacem qui faisait la promotion de "serious games" comme Elan dans sa campagne pour les élections législatives.
Nous n’appuierons ici que peu la question de l’argent dans cette controverse car celle-ci sera plus développée dans la section “Le Business des Neurosciences”. Cependant il est important de garder à l’esprit que les investissements notamment de l’Éducation Nationale dans les neurosciences sont un des facteurs déterminants dans le débat actuel, pour les chercheurs comme pour les enseignants.