En réponse aux publications de personnalités très médiatisées comme Idriss Aberkane ou Céline Alvarez, certains chercheurs dénoncent le crédit bien trop important qui est accordé à tout article estampillé comme “neuroscientifique”.
C’est le cas par exemple de Roland Goigoux, professeur de l’enseignement de la lecture à l'université Blaise-Pascal-Clermont-II, qui a dirigé l'étude «Lire-Ecrire-CP», issue de l'observation de 131 classes par 60 chercheurs pendant un an. Il critique de façon assez virulente les nouveautés prétendument apportées par Céline Alvarez. Celle-ci avait mené une expérience de 3 ans consistant à appliquer de nouvelles méthodes à une classe de maternelle, et certains la voyaient déjà révolutionner l’éducation avec ses techniques dites “basées sur des résultats neuroscientifiques”. D'autres, nottament des chercheurs, parlent cependant d’un mysticisme, une forme de culte de ce terme “neuroscientifique”. Or, il ne faut pas oublier, comme le précise Roland Goigoux, que l’emploi des neurosciences dans l’éducation relève de sciences humaines, de sciences dures, mais que l'éducation en elle-même nécessite aussi une volonté de l’enfant et de “l’amour et la bienveillance” autour de lui".
La neuroscience étant une discipline contenant le mot “science” dans son nom, elle bénéficie selon dans les média d’un crédit accru auprès du grand public. Pour autant, comme nous le rappelait en entretien Grégoire Molinatti, agrégé en neurosciences et en biologie de l’ENS Lyon, la neuroscience est une discipline très récente, car créée dans les années 70. Leur double promesse est la suivante : comprendre le fonctionnement cérébral d’une part, et trouver des applications à la compréhension du cerveau d’autre part. Pour autant, certains chercheurs sont déclamés par leurs pairs, car ceux-ci ont l'impression que la rigueur et la retenue seraient trop effacées dans leurs recherches, dans le seul but d'être publiés en surfant sur la vague médiatique des neurosciences.
En plus des parts considérables dont elles bénéficient dans le budget de la recherche, elles acquièrent une approbation grandissante dans l’opinion publique. C'est en tout cas l'avis des journaux papiers et télévisés. Il suffit de voir le nombre d’articles et de reportages diffusés dans les médias grand public, ainsi que sur les réseaux sociaux, pour comprendre que les “études neuroscientifiques” sont mentionnées partout. D’une part, certains articles sont, pour les chercheurs, des vulgarisations beaucoup trop poussées des conclusions de recherches. D’autre part, plusieurs personnes se disant spécialistes des neurosciences publient et se font entendre, alors même que leurs résultats sont encore très controversés (Kammerer, 2015).