L’idée de récompenser un comportement, de quelque manière que ce soit, repose sur la définition de ce qui est un bon ou un mauvais comportement. Dans le cas de l’assurance auto, l’enjeu est bien évidemment de clarifier ce qu’est une conduite dangereuse. Pour l’assurance santé, qui nous intéresse ici, il est plus délicat de définir ce qui bénéficiera à l’état de santé global de l’assuré, en vue de lui proposer un coaching bien-être.
Il s’agit tout d’abord d’observer les critères de santé adéquats, puis d’être capable de déterminer leur incidence précise sur l’avenir du client. Pour Didier Le Vaguerès, médecin généraliste, président de la Fédération des médecins de France de l’Essonne, le choix de ces critères ne pose pas vraiment question, la médecine disposant de suffisamment de données de santé anonymisées pour être capable d’estimer statistiquement le risque lié aux principaux facteurs de décès. Ce genre d’information est déjà exploité dans la banque avant de faire un prêt à un client, et aussi dans les assurances, comme l’explique Didier Le Vaguerès[0]. Préalablement à un emprunt important, les assureurs font remplir au médecin du client un dossier médical pour savoir à quel tarif ils peuvent se permettre de l’assurer. En particulier, pour une personne présentant un risque cardiaque particulièrement élevé, à cause de son poids, de son diabète ou de ses antécédents familiaux, l’assureur peut lui proposer de la couvrir pour tout type d’accident, exceptées les maladies cardio-vasculaires.
Il existe plusieurs indicateurs de santé qu’il est pertinent de surveiller dans le cadre de l’assurance comportementale. Le Dr le Vaguerès, un médecin généraliste que nous avons rencontré, prend l’exemple de l’Indice de Masse Corporelle. L’obésité ou plus largement le surpoids sont suffisamment bien corrélés à des maladies pour qu’on sache qu’il y a véritablement à gagner en tâchant de perdre du poids. La Tribune relève dans l’article "L’obésité, entre santé publique et business"[1] :
"Une obésité apparue durant l'enfance entraîne une surmortalité à l'âge adulte estimée entre 50 et 80 % ! Cet excès de mortalité s'explique essentiellement par une augmentation des facteurs de risque tels que le diabète, l'hypertension artérielle et l'excès de cholestérol. Ainsi, 42,5 % des adultes en surpoids ou obèses présentent au moins l'un de ces facteurs de risque contre 18,6 % chez les adultes de poids normal"
La Tribune.[1]
De plus, il est avéré que le surpoids est dans la grande majorité des cas une conséquence de la sédentarité et de comportements alimentaires ciblés.
L’écueil à éviter est en effet de choisir des paramètres sur lesquels les assurés ne pourraient pas agir, car ils dépendraient de paramètres génétiques. Cela reviendrait à effectuer une discrimination parmi les assurés.
Dans le cadre de Vitality, Generali a ainsi défini un panel de paramètres, dont la relation avec des problèmes de santé est très bien connue, et qui dépendent fortement de l’hygiène de vie des assurés : le tabagisme, l’alimentation, et l’activité physique. Cependant Didier Le Vaguerès souligne que ce choix ne garantit pourtant pas l’égalité des assurés face à un contrat d’assurance comportementale, et qu’il risque d’introduire indirectement une sélection des assurés selon leur milieu social.