Les comportements observés par le programme de Generali sont dans la réalité de la société française, intimement liés au milieu social d’origine. Le Dr le Vaguerès[0], président de la FNMF de l’Essonne, fait référence, pour mettre en valeur cette corrélation, à l’étude de morbi-mortalité menée par Emmanuel Vigneron et intitulée « La ville, la vie, la mort dans Paris et ses banlieues au long du RER B » [1]. Ce travail qui révèle les inégalités d’accès aux soins et d’espérance de vie dans la région parisienne selon les aires géographiques, montre en plus à quel point la pauvreté et le manque d’éducation rendent vulnérable à certains problèmes de santé comme l’obésité. Ainsi donc, modifier son comportement pour améliorer sa santé n’est pas, pour Didier le Vaguerès, à la portée de chacun, encore faut-il en avoir les moyens financiers et culturels. On peut craindre dans cette mesure que les programmes comme Vitality ne s’adressent qu’à la frange de la population qui est capable d’améliorer son mode de vie. Contrairement à ce qu’espèrent les promoteurs de programmes tels que Vitality, les bénéfices en termes de santé de ce type de programme toucheront « toujours les mêmes » selon le Vaguerès.
L’assurance comportementale comporte donc une forme de sélection des clients les moins risqués et les plus aptes à se maintenir en bonne santé. Cependant la sélection en elle-même n’est pas la promesse de gains financiers sur le long terme pour l’assureur, reconnaît Daniel Havis dans une interview[2] accordée au journal les Echos à propos des assurances habitation et automobile :
"Je ne crois pas à la segmentation. C'est un argument marketing, mais cela ne peut pas être un outil de développement, car cela va à l'encontre de la mutualisation, qui est le principe même de l'assurance. Pour pouvoir mutualiser, il faut pouvoir conserver des volumes significatifs. Je suis ainsi très réservé sur les sujets de « pay as you drive » ou de « pay how you drive » [la fixation de la prime en fonction du kilométrage parcouru ou du comportement du conducteur, NDLR]."
Daniel Havis [2]
L’assurance comportementale ne présente pas d’autre intérêt que celui d’attirer le client, car elle est un moyen efficace de parvenir à des tarifs bas pour des parties restreintes de la population, mais ce caractère restrictif ne peut pas enclencher une croissance à long terme. Les discours des assureurs et des médecins s’accordent pour la décrire comme un argument de vente, qui relève de la stratégie de différenciation vis-à-vis des autres assureurs grâce à des avantages inédits.