Vers un modèle contraceptif modernisé ?

Partie précédente : Les leviers de l’Etat sur le modèle contraceptif

 

Tendance de fond : durable ou non ?

Suite à la publication de l’estimation des décès et accidents thromboemboliques liés à l’utilisation de la pilule entre 2000 et 2011 (en moyenne 2500 accidents et 20 décès par an), un mouvement de rejet de la pilule s’est enclenché depuis 2012. Mais la pérennité de cette tendance fait débat : certains considèrent ce mouvement comme momentané car les alternatives à la pilule possèdent aussi leurs défauts. D’autres considèrent que ce mouvement se nourrit de tendances plus générales : sortie du système de soins, méfiance envers l’industrie pharmaceutique, préoccupations environnementales…,  et qu’il sera par conséquent durable. Cependant, il ressort de notre enquête que le droit à la contraception est bien ancrée dans la société française et qu’il ne sera pas remis en question contrairement à d’autres pays (tels que la Pologne ou l’Espagne). Dans notre société française actuelle le besoin de maîtriser sa fertilité est tellement important (tant en termes de vie sexuelle qu’en termes de vie professionnelle) que les moyens de contraception sont tous les bienvenus, dont la pilule contraceptive.

Vers un modèle contraceptif plus souple dans le rapport médecin / patient

D’énormes progrès ont été réalisés dans la relation entre le médecin et le patient. Plus qu’un prescripteur, le médecin se positionne plus en accompagnateur médical, du reste incontournable au vu des nombreux paramètres médicaux à prendre en compte : antécédents familiaux, contre-indications… Le choix décisif devant toujours revenir à la patiente.

Un modèle contraceptif plus diversifié, nécessitant plus d’information

Mais certains féministes et intellectuels considèrent que la future avancée majeure du modèle contraceptif français sera sa démédicalisation. En effet, l’assouplissement de la contraception devrait passer, selon eux, par un transfert d’une partie des compétences médicales vers les sage-femmes et les conseillères du Planning Familial. Par exemple, un accès contrôlé à la pilule sans ordonnance en cas de période sans pilule (période où il y aurait le plus de grossesses non désirées) pourrait être envisagé.

Cela requiert plus d’information et de visibilité sur les différents moyens de contraception disponibles. Et si une tendance générale est à l’abandon du médecin vers un accès direct à l’information (sur Internet par exemple), les féministes et intellectuels prônant cette évolution du modèle contraceptif français reconnaissent que le diagnostic et l’accompagnement médical restent irremplaçables, quitte à ce qu’il soit allégé.

Partage de la responsabilité contraceptive dans le couple

Enfin, de manière partagée, certains féministes et intellectuels militent pour un partage équitable de la responsabilité contraceptive dans le couple.a femme et l’homme qui devraient choisir ensemble en âme et conscience leur mode de contraception. Le simple fait pour l’homme de s’intéresser à cette problématique serait, d’après nos entretiens, une grande avancée en la matière.