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La consommation de viande dans le monde

Entre 1960 et 2010, la consommation de viande dans le monde par habitant et par an a doublé, et l’évolution s’est faite de façon quasi-linéaire (OCDE FAO 2013). Les estimations mettent en avant un prolongement de cette tendance jusqu’à au moins 2020. Cette évolution est notamment tirée par l’élévation du niveau de vie des classes moyennes dans les pays en développement, mais aussi par le manque d’actions suffisantes dans les pays développés pour inverser cette tendance.

Source : OCDE et FAO 2013

De plus en plus d'interrogations autour de la filière agroalimentaire

La prise de conscience du fort impact d’une alimentation carnée sur l’environnement par rapport à une alimentation végétale est indéniable. Que ce soit l’émission de méthane par les parcs bovins, la faible rentabilité du kilo de viande produit (autant en terme de superficie nécessaire à sa production qu’en quantité d’eau ou d’énergie), ou encore les questions éthiques qui apparaissent dans l’industrialisation intensive de l’élevage, la filière agroalimentaire fait face à une profonde remise en question. Ci-dessous un exemple concret que l’on peut retrouver dans la presse quotidienne :

  • En 2017, 25-30% de la population française s’estime flexitarienne (c’est-à-dire prête à réduire sa consommation de viande). [3]

La part de l'élevage dans les émissions de gaz à effet de serre

Parmi les questions soulevées par l’exploitation animale, l’une des plus insistantes concerne les émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage. Les études les plus récentes viennent corroborer ces propos et abordent les potentiels débouchés de la viande in vitro, à l’instar de celle portée par Tuomisto et Teixeira de Mattos en 2011 “Environmental impacts of cultured meat production”, [19].

Une conclusion de leur étude est la suivante : “La production de viande est l’un des principaux facteurs de dégradation de l’environnement mondial. Actuellement, le bétail élevé pour la viande utilise 30 % des terres terrestres libres de glace et 8 % de l’eau douce mondiale, tout en produisant 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), ce qui est plus que le secteur mondial du transport.” [traduit de l’anglais par l’auteur]

Un engouement scientifique et médiatique récent

Si le domaine de la viande artificielle est actuellement en pleine effervescence à la fois sur le plan scientifique et médiatique, cet engouement est relativement récent comme l’attestent ces graphiques de l’évolution du nombre de parutions au cours du temps.

Nombre d’articles de presse sur Europresse avec comme recherche “in vitro meat”, partout dans le monde (recherche effectuée le 24/05/2019)
Nombre d’articles scientifiques sur Scopus avec comme mot-clé “in vitro meat”, partout dans le monde (recherche effectuée le 24/05/2019)

Concernant les articles de presse, une augmentation depuis 2010, avec un pic en 2013 est à noter. 2013 est en effet une année centrale car elle correspond à la première dégustation publique d’une viande in vitro, à savoir un steak, à Londres. Les médias se sont emparés du sujet, comme le souligne l’article de l’Humanité du 07-09-2017, “La très chère chair artificielle” [1] qui introduit son article avec l’évènement de 2013 avant d’expliquer clairement l’évolution de la viande in vitro depuis ses balbutiements dans les années 2000. Logiquement, l’effervescence scientifique a précédé cet événement avec une augmentation des publications dès 2008 avec l’article d’Hopkins et Dacey Vegetarian Meat: Could Technology Save Animals and Satisfy Meat Eaters? [20] qui pose les jalons de la viande in vitro et de son processus de fabrication : il fait partie des articles de référence dans le domaine.

Prévision du marché mondial de la viande in vitro en 2021

Pour donner une idée du développement du secteur de la viande artificielle, voici une estimation de ce que pourrait devenir le marché de la viande in vitro dans un futur proche.

Source : BCC Research Report Overview, Mars 2019, “Synthetic (Cultured) Meat : Technologies and Global Markets [4]”

En comparaison, l’industrie de la viande française pesait 33 milliards d’euros en 2016 (INSEE 2016, [23]).