Comparaison Web/Terrain

 

Interview d'un policier du commissariat de quartier de la Meineau, réalisée à Strasbourg le 20 décembre 2002, lors d'une recherche d'empreintes digitales suite à un cambriolage.

J: La police utilise-t-elle des fichiers ADN lors de ses enquêtes ?
P: Je n'ai jamais entendu parler de fichiers ADN. Je sais qu'on utilise régulièrement les empreintes digitales mais sinon...
J: Quels sont les problèmes liés aux empreintes digitales ?
P: Le problème, c'est qu'il faut un certain nombre de points caractéristiques et que souvent, soit les empreintes sont trop anciennes ou alors elles sont incomplètes. Dans ce cas-là, elles sont inexploitables. C'est pour ça qu'on cherche avant tout des surfaces lisses.
J: Les cambrioleurs n'utilisent pas de gants ?
P: C'est effectivement le risque.
J: Que se passe-t-il avec les empreintes ?
P: D'abord on les compare avec d'autres affaires pour voir s'il s'agit bien de la même personne et sinon, on ouvre un nouveau dossier.
J: On utilise uniquement les empreintes pour charger le dossier d'un cambrioleur quand on a réussi à le prendre en flagrant délit.
P: En partie, mais il se peut aussi, que la personne en question ait déjà été attrapée pour un vol de voiture par exemple.
J: Que pensez-vous d'une utilisation possible de l'ADN. On dit qu'un seul cheveu suffit.
P: Oui mais vous savez, chercher un cheveu cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Je crois qu'en plus la technique n'est pas au point.
J: Donc vous ne pensez pas qu'on utilisera des fichiers ADN dans les prochains temps.
P: C'est peu probable, en tout cas, on n'a pas eu de directives pour l'instant.


Cet interview ne saurait constituer qu'une vision parcellaire de la réalité du terrain.Cependant on peut de façon surprenante y souligner de grands contrastes par rapport aux informations que l'on trouve sur le web. Tout d'abord contrairement à ce que Mr Sarkozy affirme, la police n'est pas parfaitement convaincu de l'infaillibilité de la technique ADN. Justement, ce policier souligne un point crucial : ce n'est pas la technique sur le papier qui pose problème (comparer un adn à un autre) mais l'application de la méthode qui passe par des prélévements qui engendreront une foultitude de tracasserie à l'instar des empreintes digitales (empreintes non indentifiables, parcellaires, cambrioleurs "autoformés" à contourner cette technique). Si bien qu'on s'aperçoit qu'un fichier trop étendu serait effectivement susceptible d'entrainer des utilisations maladroites, surtout si l'imagerie médiatique continue de brandir l'adn comme la reine des preuves. Enfin ce policier comme 400 000 autres va avoir un accès total au FNAEG et pourra arbitrairement modifier les dossiers comme la version finale de la loi sur la sécurité intérieure l'y autorise. Au vu d'une telle ignorance de la méthode, il semble qu'appliquer la loi sans formation préalable de la police pourrait s'avérer dangereux. "L'enthousiasme général" de la police que l'on affirme pour le FNAEG sur les sites "pro fichage" semble incompatible avec les propos de ce policier. Il convient donc de recevoir avec un esprit critique les propos indirects portés sur la police.

Date de publication: 01-03
Dernières modifications: 01-03