Programmation annuelle des investissements
France Energie Eolienne, branche éolienne du SER ou Syndicat des Energies Renouvelables
Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie
"Travailler avec (l')énergie" : entreprise franco-allemande spécialisée dans la gestion durable, son domaine principal d'activité étant la production et la distribution d'électricité.
Parc au sud de la petite île danoise de Samsoe, construit en 2002 et formé de 10 éoliennes de 2,3 MW.
Directeur d'Enertrag-France, Président de la commission offshore de France Energie Eolienne, Secrétaire général de la branche éolienne du syndicat des énergies renouvelables

L'Appel d'offres du gouvernement du 7 février 2004

Pour le développement de l'éolien offshore, le gouvernement français a fait le choix de procéder par appels d'offres, et non d'instaurer une obligation d'achat (cliquer pour plus d'explications) comme pour les parcs terrestres. Le principal inconvénient de ces appels d'offres est qu'ils n'assurent en rien le développement de la filière, car les dossiers présentés peuvent être refusés sur des critères uniquement économiques.

En 2001, dans un rapport remis au Premier Ministre, le député du Pas-de-Calais, M. Dupilet, proposait la réalisation d'un projet pilote des éoliennes offshore. Mais, ce n'est qu'en 2004 que le gouvernement français, conscient du retard de la France sur le plan des énergies propres par rapport à ses voisins européens, a lancé un premier appel d'offres pour un parc d'éoliennes offshore. Par l'Arrêté du 7 mars 2003, la France s'était engagée à la réalisation de 500 à 1500 MW offshore avant 2008. Elle doit de plus atteindre l'objectif des 21% d'énergies renouvelables d'ici à 2010. En effet, en 2006, la France ne produit que 14% d'énergies propres, et ceci, presque uniquement à partir d'hydraulique.

Ce premier appel d'offres recherchait une puissance électrique cumulée de 500MW, tout en limitant individuellement les parcs à 150 MW. A cette contrainte d'origine gouvernementale, s'ajoutaient pour certains projets des contraintes liées au réseau électrique à terre. Ainsi, sur la Côte d'Albâtre, le Réseau de Transport d'Electricité limitait lui-même les projets à 100 MW.

Les candidats avaient jusqu'au 13 Août 2004 pour remettre leurs projets. Au total, 11 projets ont été présentés, dont :

•  4 sur la façade Manche et Mer du Nord

•  6 sur la façade Atlantique

•  1 sur la façade Méditerranée

Bien que le rendement des éoliennes en mer soit supérieur à celui des éoliennes terrestres, il faut retenir que leur installation nécessite un investissement plus conséquent à cause de l'éloignement par rapport au réseau d'électricité. Comme il n'existe pas d'obligation d'achat spécifique aux parcs éoliens offshore, le prix d'achat de l'électricité dépend directement du parc et du prix proposé par le constructeur. Les investissements étant pour l'instant beaucoup plus lourds en mer qu'à terre (cf. la comparaison des inconvénients), le prix du MW/h offshore est d'environ 100 € contre 45 € en moyenne pour un parc terrestre. Afin de rendre les investissements rentables et de permettre la réalisation de projets, le gouvernement propose des conditions de rachat spécifiques déterminées par :

•  Le volume d'énergie produite et le prix proposé par le candidat

•  Les pénalités pour le non respect des engagements contractuels.

Les projets présentés en réponse à l'appel d'offres ont été notés suivants plusieurs critères, d'influence plus ou moins importante. Cependant, le classement des notes n'a pas était déterminant, puisque le parc classé premier n'a pas été retenu.

Critères retenus
Pondération
Prix
12
Capacités techniques et finacières
3
Environnement et réversibilité
3
Conflits d'usage
2
Total
20

La délibération de cet appel d'offres a eu lieu le 13 janvier 2005. Au terme de cette délibération sont retenus par la commission deux projets :

•  Centrale Enertrag de la Côte d'Albatre dans la Manche (2ème du classement des 11 projets)

•  Parc éolien La Banche en Atlantique (7ème du classement des 11 pojets)

Ces deux projets représentent une puissance cumulée de 161 MW. Les autres offres ont été rejetées pour des raisons diverses et variées :

Finalement, lors de la communication des résultats au public le 14 septembre 2005, seul le projet d'Enertrag au large de la Côte d'Albâtre a été retenu (cf. explication de l'abandon du projet de La Banche). Il représente une puissance de 105 MW, qui ne fait qu'un cinquième des 500 MW initialement recherchés. De plus, à cause des délais d'instruction, le parc ne pourra pas être en service avant 2008. La France sera donc loin des objectifs de puissance offshore affichés en 2003. Ce projet, d'après M. Gouverneur, n'était pas le moins cher mais a dû bénéficier de ses bonnes conditions d'acceptabilité.

L'annonce du projet semble avoir été reçue positivement par la majeure partie de la population. Les pêcheurs locaux (cf. l'argument de la pêche) ont cependant peur de perdre une zone de pêche.

Les résultats semblent donc encourageants, puisque le premier parc éolien offshore français va voir le jour, mais ceci est loin d'être suffisant pour les pro-éoliens. Ainsi, France Energie Eolienne et le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) regrettent qu'un seul projet sur les 11 proposés n'ait été retenu. Ils estiment dans un communiqué que ce résultat très modeste confirme l'échec du cahier des charges rédigé pour cet appel d'offre. Ils tiennent à préciser que la décision annoncée par le ministre est très décevante pour les entreprises candidates qui ont engagé des montants d'études très importants pour la réalisation de leurs dossiers. Ils rappellent également qu'ils avaient à plusieurs reprises alerté les pouvoirs publics sur les conditions très critiquables de cet appel d'offre.

Le gouvernement a indiqué qu'il lancerait un nouvel appel d'offres qui devra faire une place plus importante à l'information du public et à sa concertation, soulignant qu'il espérait que les prix offerts seraient plus bas. En effet, les sondages montreraient que si les Français sont prêts à payer un peu plus cher pour une électricité d'origine renouvelable, ils ne souhaitent tout de même pas la payer trop chère. Ce prochain appel d'offres devrait donc être lancé par le gouvernement courant 2006, mais certains, comme M. Gouverneur, craignent que ce nouvel appel d'offres soit lancé avec la même méconnaissance des durées d'instruction (cf. les procédures). En effet, les entreprises ne peuvent pas se permettre d'instruire totalement un dossier sans être sûres d'être retenues, en raison des coûts des études.