Maintenant que nous avons étudié le débat qui secouait les hautes sphères des sciences politiques, nous allons à présent nous replonger dans notre objet d'étude initial : les transitions démocratiques non violentes et la Révolution Ukrainienne. La question : « Quel chemin permet de passer des théories à la pratique ? » est souvent sous-jacente aux débats et polémiques tournant autour du phénomène.
En effet, s'il y a eu formation d'activistes aux méthodes de « fabrication » d'une révolution non violente, c'est que ces méthodes ont été pensé et conceptualisé, par des théoriciens. Nous allons donc tracer certaines parcelles de ce chemin et les analyser à la lumière de notre étude précédente.
En voici la première partie :
Comme nous avons pu le constater au cours de notre plongée dans les articles sur les révolutions non violentes, et plus précisément sur la Révolution Orange, à la quête d'éléments objectifs, nous avons pu remarquer que les théoriciens à la base des théories de « fabrication » de telles révolutions passaient par des organisations non gouvernementales (ONG) promouvant la liberté et la démocratie. Analysons à présent le diagramme que nous avons assemblé à partir de nos observations :
Bref, dans le cadre des transitions démocratiques non violentes récentes telles que la Révolution Orange en Ukraine, les théoriciens à la source des idées sur les « révolutions non violentes » sont des transitologues d'une nouvelle génération, à la recherche de méthodes pour élaborer une transition démocratique, tout comme leurs prédecesseurs, mais à partir d'hypothèses radicalement différentes. Ils opèrent dans un premier temps via des ONG qui leur servent de point de départ pour expérimenter leurs théorie et qui leur permettent également de communiquer et de collaborer assez facilement via ces structures.
L' OSI, créée par Georges Soros, est une fondation privée qui promeut :
Pour ce faire, elle soutient des projets dans le tiers monde visant à :
L'autre but de cette fondation est de combattre la corruption avec l'aide des pays développés. Elle est présente tout particulièrement en Afrique, en Europe de l'Est, au Moyen Orient, en Amérique Latine et en Asie du sud, grâce à des programmes tels que AfriMap et Central Eurasia Project, programmes visant par exemple à améliorer l'alphabétisation des enfants.
NED est une organisation privée à but non lucratif, fondé en 1983, qui promeut la démocratie dans le monde, indépendemment de toute institution gouvernementale. Elle supporte des groupes pro-démocratiques, en Afrique, Asie, Europe de l'Est, Amérique Latine et au Moyen Orient. Pour le NED, le but de toute société humaine est la liberté, et le moyen d'y arriver n'est autre que la démocratie et ses dérivés tels que le multi-partisme. C'est pourquoi l'association tente de faire évoluer les régimes totalitaires actuels en veillant dans le même temps à respecter la "culture politique" de ces pays, en s'adaptant à chacun.
NED finance de nombreux projets dans ce but à travers le monde. Ces données sur ces financements sont disponibles sur leur site internet. Ils financent ainsi des journaux ou des médias, ainsi que des campagnes d'information visant à renseigner les populations sur ce qu'est la démocratie, sur l'importance du vote,etc... Ils financent également des formations pour des associations locales. Ils ont également subventionné des missions d'observation à travers le monde : des observations d'élections, de médias,etc... afin d'estimer la « liberté » des peuples.
The Arlington Institute, fondé en 1989 par John L. Petersen, est un institut de recherche non lucratif étudiant l'évolution des sociétés, et les moyens d'influencer rapidement cette évolution, afin d'améliorer les conditions de vie des citoyens. Le but de cet institut de recherche est de comprendre les transitions et de les modéliser.
Les recherches récentes de l'institut portent sur les guerres pour l'acquisition des points d'eau, les conséquences du changement climatique ou des épidémies sur les pays, ou encore les influences des évolutions de l'informatique sur les institutions humaines.
Freedom House est une organisation à but non lucratif, fondée dans les années 1940 par Eleanor Roosevelt et Wendell Willlkie, promouvant la démocratie et la liberté dans le monde, entre autres la liberté des idées, la liberté de se réunir, le respect des droits des minorités, des droits des femmes, ainsi que la liberté économique.
Ainsi ils aident à se réaliser des initiatives démocratiques et non-violentes dans les pays où la liberté est une denrée rare. Depuis sa fondation, elle s'est opposée vigoureusement contre les dictatures d'Amérique Latine, l'apartheid en Afrique du Sud, le communisme soviétique, les dictatures d'Europe de l'Est, ainsi que les régimes islamiques du Soudan, de l'Iran et de l'Arabie Saoudite, grâce à des campagnes de formations sur l'importance du respect des droits de l'homme, de la liberté, de la démocratie, de l'indépendance des médias et du libre échange, poussant également le gouvernement américain à agir contre certaines régimes dictatoriaux.
L' ICNC est une fondation créée par Peter Ackerman, qui vise à :
Son action principale est la production de support de communication autour des idées propres à l'association tels que :
Le but est de donner aux citoyens d'un pays la possibilité de choisir consciemment leur voie, via des révolutions non violentes. De plus, l'ICNC finance des programmes de recherche en transitologie afin d'améliorer leurs techniques de formation et de connaître l'efficacité de l'action non-violente.
L'Albert Einstein Institut est un institut de recherche fondé en 1983 par Gene Sharp qui vise à étudier les transitions démocratiques non-violentes, et à orienter les révolutions actuelles vers la non-violence. Son but est de défendre la démocratie et la liberté dans le monde, de s'opposer aux dictatures et aux génocides et de réduire l'utilisation de la violence comme moyen d'action politique. Cet institut publie régulièrement des textes sur les moyens d'action non-violentes et leur effet dans le passé, et forme des activistes sur les moyens d'entreprendre des actions non-violentes efficaces.
George Soros est né en 1930 à Budapest, il quitte la Hongrie Communiste en 1947 pour l'Angleterre, où il sera diplômé du «London School of Economics» (LSE). En 1956, Soros s'installa aux Etats-Unis, où il rassembla une large fortune grâce au fond d'investissements qu'il a crée et géré, et ce jusqu'à aujourd'hui.
Soros est aussi connu dans le monde entier en tant que philanthrope, depuis qu'il a commencé en 1979 à pourvoir des fonds pour aider des étudiants noirs nécessiteux à intégrer l'université de Cape Town en Afrique du Sud. Il est Aujord'hui président de l' «Open Society Institute» (OSI), et le fondateur d'un réseau d'organisations philanthropiques actives dans une cinquantaine de Pays de Part le monde. En 91, Soros à fondé l'Université de l'Europe Centrale, avec un premier campus à Budapest, sa ville natale. Philosophe et Ecrivain, Soros est l'auteur de plusieurs livres.
Dr. Peter Ackerman est le président fondateur du centre international sur les conflits non-violents à Washington (ICNC). Il représente l'une des autorités mondialement reconnues au sujet des conflits non-violents. Dr. Ackerman tient un Ph.D. de la Fletcher School, université de Tufts, dont il est actuellement le président du conseil d'administration. Il est co-auteur de deux livres séminaux sur la résistance non-violente : « Une force plus puissante : Un siècle de conflits non-violents » (Palgrave/ Les presses de St.Martin 2001) et « Les conflits non-violents stratégiques : La dynamique de la puissance des hommes au vingtième siècle » (Praeger 1994).
En outre, le Dr. Ackerman est président du conseil d'administration de Freedom House, et membre de son conseil des relations étrangères. Il est également membre du conseil exécutif de l'institut international des études stratégiques à Londres. D'autre part, Peter Ackerman a réalisé le film «Bringing Down a Dictator» (La Chute d'un dictateur), un documentaire qui décrit la façon dont l'association étudiante serbe Otpor est parvenue à renverser Slobodan Milosevic en 2000, et qui a reçu un certain nombre de prix cinématographiques dont ABC News VideoSource Award en 2002 et Peabody Award en 2003.
Gene Sharp (né le 21 janvier 1928) est un politologue, un grand auteur et le fondateur de l'Albert Einstein Institution, une organisation à but non lucratif qui étudie et favorise l'utilisation de l'action non-violente.
Le livre le plus connu de Sharp, Politics of Nonviolent Action (1973), fournit une analyse politique pragmatique décrivant l'action non-violente en tant que méthode pour prendre le pouvoir dans un conflit. Du point de vue de Sharp, la puissance de n'importe quel état - indépendamment de son organisation structurale - est dérivée des sujets de l'état. Sa croyance fondamentale est que n'importe quelle structure de pouvoir est basée sur l'obéissance des sujets aux ordres et aux règles. Par conséquent, si les sujets n'obéissent pas, les chefs n'ont aucune puissance.
Selon Gene Sharp, toutes les structures efficaces de pouvoir ont des systèmes par lesquels elles encouragent ou exigent l'obéissance à partir de leurs sujets. Les états ont en particulier des systèmes complexes pour maintenir leurs sujets obéissants. Ces systèmes incluent des établissements spécifiques (police, organismes de normalisation) mais peuvent également impliquer les dimensions culturelles qui inspirent l'obéissance (le culte du dieu pharaon chez les égyptiens, les normes morales ou éthiques et les tabous).
Par ces systèmes, des sujets sont susceptibles de sanctions (emprisonnement, déchéance...) s'il désobéissent, mais peuvent aussi recevoir des récompenses (titres, richesse, renommée) selon l'ampleur de leur obéissance.
L'importance de la résistance non-violente vient du fait qu'elle fournit à ces sujets l'occasion pour changer l'état. Sharp affirme que si les sujets d'un état quelconque se rendent compte qu'ils sont la source du pouvoir de cet état, ils pourraient refuser le mode de gouvernement, arrêter d'obéir et leurs chefs seraient par conséquent sans pouvoir.
Les travaux de Sharp auraient beaucoup influencé les stratégies de résistance de plusieurs mouvements (notamment des mouvements de jeunes en Europe de l'est) autour du monde, les plus récents seraient Otpor en Serbie, Kmara dans la République de Géorgie, Pora en Ukraine, KelKel dans Kyrgyzstan, et Zubr dans Belarus. Ces cinq groupes auraient fait du livre de Gene Sharp "From Dictatorship to Democracy" la base de leurs campagnes.
Mark Palmer (né 1941) est le vice-président de Freedom House. Il a été ambassadeur des Etats-Unis en Hongrie, co-fondateur de la dotation nationale pour la démocratie et du Conseil pour une Communauté des démocraties. Depuis les années de la guerre froide et jusqu'à présent, il est l'un des experts de politique étrangère les plus respectés à l'intérieur et en dehors du gouvernement Américain. Il a été conseillé politique dans le département d'état de Nixon, Ford, Carter, Reagan, ainsi Bush père.
Palmer possède expérience pratique en ce qui concerne les dictatures, puisqu'il a travaillé lors de sa carrière directement avec des dictateurs. Il a vécu pendant 11 années en Union Soviétique, en Yougoslavie, et en Hongrie sous les communistes en tant qu'étudiant puis diplomate. Il a organisé et a participé au premier sommet de Reagan-Gorbachev. Il a aussi été actif en chine et en moyen-orient : membre fondateur d'une organisation pour soutenir le plus grand mouvement pour le changement de la Chine, et travailleur actif pour soutenir l'apparition des premières stations télévisées indépendantes politiquement dans le monde arabe.
Auteur et avocat reconnu, Palmer a écrit des discours pour six secrétaires d'état et trois présidents. Et en tant que vice-président du conseil de Freedom House, il contribue régulièrement à la rédaction des rapports annuels.
Le dernier livre de Palmer Breaking the Real Axis of Evil: How to Oust the World's Last Dictators by 2025 (2003), plaide pour un changement dans la politique étrangère américaine pour faire de la promotion mondiale de la démocratie son premier but.
M. Jack DuVall est directeur et co-fondateur du centre international sur les conflits non-violents à Washington. Il était producteur exécutif de la série documentaire téléviséede « une force plus puissante » et co-auteur avec Dr. Peter Ackerman d'un livre du même nom. M. DuVall a animé des conférences dans plus d'une trentaine d'universités prestigieuses du monde entier, il a aussi participé à des missions télévisées dans plusieurs chaînes, pour parler des actions politiques non violentes dans le monde.
Il tient un Bachelor de l''université de Colgate et est membre du conseil des commanditaires de l'université de Morehouse (Atlanta, Géorgie) et aussi associé du centre pour le développement de justice et de paix à l'université de Massey (Auckland, Nouvelle Zélande)