Les industriels des OGM
Présentation générale des industriels des OGM
Les organismes génétiquement modifiés sont utilisés dans trois domaines :
- La recherche fondamentale, afin de déterminer la fonction d’un gène ou de déterminer le(s) gène(s) associé(s) à une fonction ou à la perte d’une fonction.
- Dans le domaine médical, pour produire des protéines pharmaceutiques, par exemple la production d’insuline.
- Et dans le domaine agro alimentaire.
La culture en champs concerne uniquement ces deux derniers domaines et plus principalement le domaine agro alimentaire. On distingue ainsi les industriels des OGM produisant des plantes génétiquement modifiées à des fins alimentaires : Mosanto, Syngenta… et plus particulièrement les semenciers : Advanta, … ; ainsi que les industriels des OGM produisant des PGM à des fins médicales : Meristem thérapeutics, ….
Aux Etats-Unis, avant de mettre une nouvelle variété OGM sur le marché, les firmes doivent obtenir l’aval du département de l’agriculture (USDA). Sur 87 demandes de « nouvelles variétés » qui lui ont été soumises depuis 1992, Monsanto en a déposé 45.
Monsanto réalise un chiffre d’affaire de 7.3 milliards de dollars, est présent dans 61 pays, et emploie 17500 salariés. Monsanto produit notamment la gamme d'herbicides Roundup utilisée dans 130 pays sur plus de 50 types de cultures. Monsanto produit également une gamme de PGM résistant à l’herbicide Roundup (les plantes traditionnelles ne résistent pas à cet herbicide). Le Roundup était utilisé avant l’apparition des plantes génétiquement modifiés résistant à cet herbicide, afin de faire disparaître les plantes se trouvant sur un champ avant de commencer à cultiver, les exploitants agricoles utilisant ensuite un autre herbicide. L’apparition des OGM résistant au Roundup a permis une simplification considérable du travail de nombreux exploitants agricoles, en utilisant le Roundup comme produit précédant la culture et comme herbicide.
Les deux géantes suivantes, Aventis et Syngenta ont déposé respectivement 18 % et 9 % des demandes de « nouvelles variétés ». C’est trois firmes résultent chacune de nombreuses fusion. Si l’on ajoute les deux firmes suivantes (DuPont et Dow), on constate qu’aux Etats-Unis cinq entreprises contrôlent presque les neuf dixièmes des semences OGM, ainsi que les pesticides et herbicides qui leur sont associés, avec Monsanto en leader absolu.
Les industriels des OGM et la réglementation des OGM
L’autorisation de la culture en champs de nouvelles plantes génétiquement modifiées nécessitent l’accord d’organisations gouvernementales. L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et, en France, la CGB et l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) sont chargées de l’examen des dossiers d’autorisation. Mais tous les éléments sur lesquels elles se fondent leur sont fournis par les demandeurs, à savoir les multinationales qui entendent commercialiser leurs produits. Jamais aucune contre-expertise indépendante n’a été exigée. Lorsque des compléments d’information sont nécessaires, ils sont donc réclamés à Monsanto, Pioneer ou Biogemma. Dans un entretien accordé à Inf’OGM en juin 2004, M. Martin Hirsch, ancien directeur de l’AFSSA, confiait d’ailleurs que les demandeurs fournissent des dossiers volontairement incomplets en espérant décourager les organismes chargés d’émettre des avis, et tirer ainsi encore un peu plus vers le bas le processus d’« évaluation ».
A titre d’exemple, le 19 mars 2007, le ministère de l'Agriculture a autorisé treize essais de cultures d'OGM en plein champ sur les quatorze dossiers qui avaient été déposés pour 2007. Sur les quatorze dossiers présentés, douze concernent des maïs, un du tabac et le dernier une pomme de terre génétiquement modifiés. Ces 14 dossiers ont été évalués par la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB), chargée d'évaluer les risques pour la santé et l'environnement,
M. Marty, un responsable d’une mission interministérielle sur les OGM déclare également que « Les lobbies semenciers sont très puissants et ont une forte influence sur le ministère de l’agriculture. »,
Les industriels face aux problèmes de dissémination
Les industriels restent discrets concernant les risques de dissémination génétiques malgré les affaires de contamination dans lesquelles ils ont été impliqués et tiennent le même argumentaire face aux problèmes de dispersion que celui face aux opposants OGM. Les affaires qui sont relayées dans les archives des conférences de presses concernent majoritairement les procès faisant suites à des opérations de fauchage des cultures génétiquement modifiées. Ainsi, ils insistent sur les possibilités offertes par les OGM pour nourrir une population mondiale connaissant une croissance démographique sans précédent ainsi que lutter contre des maladies graves telles que la mucoviscidose.
En 1997, Monsanto avait été condamné pour sa campagne en faveur des OGM qui avançait des propos équivoques sur les OGM. Monsanto a ensuite utilisé les services d’une entreprise de relations publiques, le Bivings Group, dont l’action s’est distinguée lors de l’affaire suivante :
Deux chercheurs de l’université de Californie à Berkeley, David Quist et Ignacio Chapela ont publié, en novembre 2001, un article dans la revue Nature. Ils y annonçaient des traces de maïs OGM détectées dans les variétés de maïs mexicains indigènes. Or le gouvernement mexicain avait décrété, en 1998, un moratoire sur la culture du maïs OGM. Mais les deux chercheurs affirmaient aussi que l’ADN génétiquement modifié s’est fragmenté et s’est déplacé de manière imprévisible dans le génome du maïs local atteint. Or l’industrie biotechnologique affirme que les gènes ne se déplacent jamais de l’endroit précis où ils ont été introduits dans le génome.
Le Bivings Groupe organisa une campagne afin de discréditer ces chercheurs. Il recruta des scientifiques liés à l’industrie pour contester leurs travaux. Cette campagne aboutit à la décision de Nature de désavouer la publication de l’article incriminé. A ce jour, la revue n’a pas publié les résultats des travaux de chercheurs mexicains qui ont corroboré à plusieurs reprises ceux de leurs collègues de Berkeley.
Mais les industriels sont impliqués dans la contamination : au Canada, où la production commerciale du colza OGM a débuté il y a six ans à peine, le centre de recherche du ministère de l’agriculture, à Saskatoon, affirme que « le pollen et les semences se sont tellement éparpillés qu’il est désormais difficile de cultiver des variétés traditionnelles ou organiques de colza sans qu’elles soient contaminées ». On en est arrivé à une situation où, pour tenter d’enrayer les critiques, Monsanto a dû proposer aux agriculteurs canadiens d’envoyer des équipes pour arracher manuellement le colza OGM qui envahit des champs où il n’a jamais été semé.
Les industriels et le périmètre
Le site www.ogm.org est réalisé par les trois industriels des OGM suivants,
Il est écrit sur site : « l’instauration d’une distance de séparation de 20 à 25 mètres, voire une distance inférieure si les cultures sont entourées de zones tampons non OGM, permet d’assurer une présence fortuite de matériel OGM dans les cultures conventionnelles inférieure au seuil d’étiquetage obligatoire de 0,9 % prévu par les règlementations européennes. »
Cependant, certains exploitants agricoles se sont déjà retrouvés confrontés aux limites de ce périmètre de sécurité. Ainsi, en mai 2000, la présence de graines de colza génétiquement modifié dans des lots de semences conventionnelles importés par Advanta dans plusieurs pays européens a été révélée. La société concernée, Advanta affirme qu’un champ de colza transgénique situé à 4 km du champ de colza Advanta est le champ contaminant, ce qui est confirmé par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Advanta défend à ce sujet la thèse de l’accident, déclarant : « La production de semences de colza non transgénique demande un isolement de 800 m minimum et cette distance avait été tout à fait respectée. Mais il y a des oiseaux qui se promènent, du vent… Donc c’était une pollution fortuite. »
DuPont et Syngenta, deux multinationales des biotechnologies ont participés sous la forme de don au projet du gouvernement norvégien qui vise à construire une cave artificielle au sein d’une montagne gelée afin de sanctuariser la diversité génétique des semences des plantes cultivées. Cette cave accueillera deux millions de lots de semences de toutes les variétés cultivées connues. Pour M. Cary Fowler, directeur du Global Crop Diversity Trust, promoteur du projet, « si le pire se réalisait, cela permettrait au monde de reconstruire l’agriculture sur la planète ». Serait ce le signe d’une prise de conscience du risque de dissémination des PGM et de l’atteinte possible à la biodiversité ?