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Les agriculteurs

Se considérant comme le premier maillon de la chaîne alimentaire, les agriculteurs se font les porte-paroles de la lutte anti-OGM. L’un des arguments qu’ils avancent est que les OGM devraient résoudre un problème qui est lui-même la conséquence d’une agriculture industrielle intensive. Ils répondent qu’aujourd’hui il existe des moyens agronomiques efficaces qui seraient beaucoup plus adaptés et plus raisonnables. De plus, ils s’opposent totalement à la notion nouvelle de brevet sur le vivant. Ils pensent en effet, que le vivant est un bien public et donc qu’une

multinationale ne peut posséder un droit inviolable sur une espèce de culture. Ainsi, ils clament que l’objectif de ces puissantes compagnies internationales est d’ordre financier. Leur seul but serait de conquérir et développer les marchés des semences et de l’agro-alimentaire. Avec la notion de brevet, un agriculteur qui verrait sa culture contaminée par un champ OGM, ne pourrait réutiliser sa semence sans l’autorisation du semencier qui serait donnée contre une compensation financière. Ils avancent que l’interdiction des OGM ne suffirait pas à elle seule à mettre un terme au développement exponentiel de l’agriculture industriel. En revanche, ils pensent que l’autorisation condamnerait à court terme l’agriculture paysanne, qu’ils qualifient de durable et solidaire.

La Confédération Paysanne est le grand rassembleur des agriculteurs anti-OGM. Elle proclame que son action ne vise pas à se couper des bénéfices et des progrès scientifiques issus du génie génétique, ni de rejeter la recherche. Elle veut au contraire que la recherche publique oriente ses travaux pour répondre à des demandes sociales bien réelles.

Leurs demandes :

La première demande qu’ils font est l’interdiction pure et simple du brevetage du vivant. Selon eux, aucune firme ne peut s’approprier ou pirater les gènes ou séquences de gènes qui constituent un patrimoine inaliénable et commun de l’humanité. Ils veulent aussi la révision de la directive européenne qui autorise le brevetage du vivant. De plus, au nom du principe de précaution et de prévention, ils réclament l’arrêt immédiat des expérimentations, mais aussi des cultures en plein champ. Pour eux, aucune barrière physique, aucune distance d’éloignement ne peuvent arrêter les transports de pollens par le vent et les insectes.

Les expériences des autres pays ne doivent pas être laissées de côté. Ils demandent que tous les travaux d’évaluations indépendantes sont pris en compte. Le développement à grande échelle de cultures transgéniques de puis plus de dix ans, notamment aux Etats-Unis et au Canada, et les conséquences environnementales et toxicologiques rendues publiques doivent être étudiées afin d’évaluer les contaminations par les OGM tant dans la chaîne alimentaire que sur les essais réalisés en plein champ.

Un autre point qu’ils défendent est l’obligation de l’étiquetage et de la traçabilité des OGM, pour que chacun puisse choisir en toute connaissance de cause les produits consommés ou importés. De plus, afin d'encadrer les échanges commerciaux et d'engager la responsabilité des pays exportateurs de produits OGM, ils demandent que la France et les pays membres de l'Union européenne appliquent le protocole international de biosécurité, entré en vigueur le 11 septembre 2003.

L’implantation exacte des cultures n’est pas rendue publique. Durant les dernières années, les agriculteurs se sont battus pour qu’ils puissent obtenir du Ministère de l’Agriculture les cartes précises des différents OGM, se basant sur un article d’une loi européenne (directive 2001-18, article 25) qui stipule que les informations sur la « description générale du ou des OGM, nom et adresse du notifiant, but de la dissémination, lieu de la dissémination et utilisations prévues » ne peuvent rester confidentielles.

La confédération paysanne avait demandé qu’avant les semis 2007, soit exécuté un moratoire sur les OGM. Il espère que la France suivra l’Autriche, l’Allemagne, la Grèce et la Pologne pour un moratoire.

Leurs moyens d’action :

En avançant le principe de désobéissance civique, les agriculteurs s’opposent à la culture en plein champ des OGM. Leurs actions consistent à pratiquer le fauchage des champs d’organismes modifiés. La multiplication et le nombre de plus en plus important de personnes qui y participent montrent l’importance du problème et des interrogations que les OGM suscitent. Ainsi, de nombreuses opérations, souvent très médiatisées, sur des champs non conventionnelles ont pour effet de faire découvrir à l’ensemble des citoyens les tensions qui existent sur ce sujet.

Leur avis sur la question du périmètre :

La Confédération Paysanne demande catégoriquement l’arrêt des essais et des cultures en plein champ. Elle avance qu’aucune barrière ne peut empêcher les pollens de contaminer les autres cultures conventionnelles. La dispersion des pollens par le vent et les insectes n’est pas étranger aux agriculteurs et ils argumentent que même quelques kilomètres ne suffiraient pas. De plus, ils s’opposent au fait que ce soit les industriels qui proposent le périmètre de sécurité de 50 mètres. Sur le seuil de contamination de 0,9 % en OGM, la Confédération Paysanne rétorque que la contamination ne peut se faire dans le futur que de façon exponentielle, les cultures contaminées devenant à leur tour des potentiels « polluants ». Pour appuyer ses arguments, elle se base surtout sur les faits antérieurs de contamination, tant en France qu’à l’étranger. Mais en ce qui concerne les données chiffrées, aucune information précise n’est avancée. Il n’est à aucun endroit dit qu’il existe une distance de sécurité qui empêcherait la contamination des autres champs conventionnelles. Ils veulent que d’autres recherches soient faites, en partenariat avec tous les laboratoires européens.

Leur avenir dans la controverse :

Ils se considèrent comme le centre de la controverse mais aussi comme ceux qui doivent trouver les solutions aux différents problèmes qui touchent l’agriculture en général. Ils veulent continuer leur combat pour faire entendre leur opinion, et si nécessaire, en continuant de faucher des champs OGM.

Le mur auquel ils sont confrontés est la puissance des multinationales qui pour continuer leur vente d’OGM avance l’argument que les Etats-Unis cultivent et consomment des OGM depuis 15 ans des OGM et qu’aucun effet néfaste n’a été détecté. Cependant, ils répondent qu’aucune étude réelle a été faite sur e long terme en suivant des patients. De plus, l’évaluation du risque sur la santé des organismes génétiquement modifiés (OGM) cultivés pour l’alimentation humaine et animale fait débat à travers le monde, et très peu de données ont été publiées sur des études toxicologiques à moyen et long terme avec des mammifères. Une de ces études réalisée sous la responsabilité de la Compagnie Monsanto avec un maïs transgénique MON 863 a fait l’objet de questions de la part d’experts de comités d’autorisations en Europe, où il a été finalement approuvé en 2005. Cela a nécessité une nouvelle évaluation des résultats de pathologie rénale. Une action en Cour d’Appel à Münster en Allemagne a permis au public d’accéder en juin 2005 à toutes les données brutes de cette étude de nutrition de rats durant 90 jours. Ces données ont été étudiées de façon indépendante. Des statistiques appropriées ont été ajoutées, comme une analyse multivariée des courbes de croissance, et pour les paramètres biochimiques des comparaisons entre les rats traités aux OGM et les témoins nourris avec un régime normal équivalent, et encore séparément entre les rats traités aux OGM et d’autres groupes « références » nourris avec six régimes de différentes compositions. Il a été observé que la consommation des rats nourris au MON 863 a provoqué de légères variations de croissance significatives, différentes selon la dose et le sexe. Il y a une diminution de 3,3% du poids pour les mâles et une augmentation de 3,7% pour les femelles. Les mesures chimiques révèlent des signes de toxicité hépatorénale, marqués également par des sensibilités différentes chez les mâles et les femelles. Les triglycérides sanguins augmentent de 24 à 40% chez les femelles (soit à la semaine 14 pour la dose de 11% d’OGM ou à la semaine 5, pour la dose de 33%, respectivement) ; les excrétions urinaires de phosphore et de sodium diminuent chez les mâles de 31 à 35% (semaine 14, dose 33%) pour les résultats les plus importants significativement reliés au traitement OGM en comparaison des 7 régimes testés. Des expériences plus longues seront essentielles pour indiquer la nature réelle et l’étendue de ces possibles pathologies ; avec les données présentes, il ne peut pas être conclu que le maïs transgénique MON 863 est un produit sain. Ainsi, ceci constitue un argument de poids pour les agriculteurs (mais aussi les anti-OGM) pour limiter la prolifération des OGM.