Je suis un particulier impliqué dans la sauvegarde de la planète, je me rends donc sur Internet et cherche un prestataire de compensation à qui m'adresser. L'expression de neutralité carbone me saute aux yeux, m'expliquant la quête d'une idéale balance équilibrée. Pourtant la méfiance est de mise. L'Ademe demande à ne pas se référer à la neutralité carbone qui est une notion trop ambiguë et souhaite un discours véritable et transparent.
Une fois un prestataire choisi, celui-ci me propose de calculer mes émissions à compenser, en fixant une valeur de base, le prix de la tonne de CO2. Ce prix varie d'un prestataire à l'autre et ne peut avoir de valeur normalisée. Ce prix est en réalité lié à un projet, et ressort d'une estimation directe de son coût et de la quantité de CO2 qu'il permettra de sauver. Le manque de transparence prime souvent, et on ne peut comprendre de telles disparités. Vient ensuite le calcul des émissions proprement dit. Là encore les différences sont conséquentes.
C'est ici qu'apparaît clairement la structure de marché de la compensation carbone volontaire. Puisqu'on ne peut proprement définir le prix de la tonne de CO2 indépendamment du projet auquel il correspond, puisqu'on ne peut souvent pas prédire avec certitude quelle quantité de CO2 le projet évitera de produire, puisque les calculateurs ne permettent pas de calculer de manière unique la consommation d'un individu, le marché est biaisé des deux cotés. On ne sait ce qui est dépensé, ni ce qui est compensé. Le prix versé par le consommateur correspond donc finalement à une certaine somme d'argent qu'il se dit prêt à dépenser. On a ici affaire à une forme complexifiée d'un comportement humanitaire environnemental.
C'est alors que le marché prend tout son sens. Pour aider le consommateur perdu dans cette forêt de prestataires, quoi de mieux qu'un cabinet de conseil en compensation ? Ceux-ci permettront alors au consommateur enclin à compenser de trouver la solution la mieux adaptée à la planète, mais aussi la mieux adaptée à son budget, moyennant un pourcentage de frais de gestion. Une brèche s'ouvre donc pour beaucoup d'opérateurs, avec une minorité d'entre eux peu documentée sur la compensation, mais attirée par la manne financière.