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Compensation Carbone

Lexique

Projets : La reforestation

C’est le projet le plus à la mode. Dans l’imagerie populaire un arbre absorbe du CO2 et produit du dioxygène et constitue ainsi un puits de carbone, c’est‐à‐dire qu’il fixe du CO2 en diminuant donc la quantité de CO2 atmosphérique. D’autre part planter un arbre ne coûte pas cher (entre 3 et 6 euros estiment les spécialistes). Pas étonnant que les projets de reforestation soient lancés à grand coup de pub et attirent beaucoup. Un exemple actuel est le projet un parisien un arbre (http://www.1parisien1arbre.com/) lancé par la mairie de Paris. Qu’en est‐il d’un point de vue scientifique ?

L’inscription des forêts dans le cycle du carbone

Les forêts sont responsables de 80% des échanges de CO2 entre la terre et l’atmosphère. Chaque année la totalité des forêts échange avec l’atmosphère plus de 20 fois la quantité de CO2 émise par l’utilisation d’énergies fossiles (sources des chiffres : Royal Society, 2001).

Les forêts absorbent du CO2 par le processus de photosynthèse durant lequel l’énergie solaire est utilisée pour convertir du CO2 (absorbé par les feuilles) et de l’eau (absorbée par les racines) en sucre qui permet la construction de nouveaux blocs de cellules et le dégagement de dioxygène (par les feuilles). En grandissant les forêts stockent du carbone dans la biomasse. Le carbone représente près de 50% de la matière sèche d’un arbre. A titre d’exemple un mètre cube de chêne contient 250 kgC.

Mais les forêts rejettent aussi du CO2. En effet, comme tous les organismes vivants, les arbres ont besoin de respirer pour vivre. Ce faisant ils transforment le sucre en eau et en CO2 (rejetés par les feuilles dans l’atmosphère). D’autre part les forêts rejettent aussi du carbone du fait de l’activité des organismes qu’elles abritent et du bois mort qui se décompose. Aussi un feu de forêt relâche tout le CO2 qui avait été stocké auparavant dans les arbres.

Qu’en est‐il du bilan en CO2 d’une forêt. Les scientifiques ne sont pas tous d’accords sur les chiffres mais une observation fait l’unanimité : une forêt à maturité n’absorbe ni ne relâche de CO2 dans l’atmosphère. C’est lorsqu’elle grandit que la forêt peut constituer un puits à carbone. En conclusion la reforestation comme projet de compensation peut être acceptable si :

Un petit calcul instructif

La question innocente : « combien d’arbres faut‐il pour compenser une tonne de carbone ? » n’a pas de réponse simple. Un petit calcul (imaginé par Jean-Marc Jancovici, scientifique français spécialiste du changement climatique) permet de se représenter la réelle efficacité de la reforestation. Une forêt compense‐t‐elle aussi bien que le laissent croire les campagnes publicitaires ?

Tout dépend de ce qu’il y avait avant. Si la forêt remplace une prairie ou une forêt existante le gain est nul. Plus précisément on montre qu’il y a puits uniquement si la forêt remplace une terre agricole. Admettons‐le pour la suite. Le stock de carbone d’une forêt est de 150 à 400 tonnes par hectare, le stock de la terre agricole remplacée est de 80 tonnes par hectare. Mettons que la plantation d’une forêt permettent de passer à 250 tonnes par hectare environ (c’est un exemple compris entre 150 et 400…). Une forêt met un siècle pour arriver à maturité donc absorbera entre 1,5 et 2 tonnes de carbone par hectare et par an. Ainsi pour créer un puits forestier capable d’absorber les 3 giga tonnes de carbone d’origine humaine il faudrait transformer 1,5 à 2 milliards d’hectare de terre agricole en forêt soit 15 à 20 millions de kilomètres carrés c’est‐à‐dire un huitième à un sixième des terres émergées ou encore 30 à 40 fois la France. Et cela sans tenir compte de l’augmentation très probable de nos émissions… Certains scientifiques (anglo‐saxons surtout) objectent à M. Jancovici qu’il suffirait d’exploiter les forêts existantes pour en tirer du bois d’œuvre, sans diminuer leur surface, pour arriver au même résultat.

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