Vaincre le vieillissement, n’est-ce qu’un rêve ?

Personne n’a gagné notre prix de 20,000$ pour réfuter les thèses d’Aubrey de Grey sur le vieillissement.

Par Jason Pontin, rédacteur en chef du Technology Review

Article complet disponible sur le site du Technology Review

Sur les 5 candidatures envoyées au journal, 3 ont été retenues. Le jury a particulièrement apprécié la qualité du travail effectué sous la direction de P.W. Estep, mais il a estimé qu’aucune candidature ne permettait de conclure définitivement sur la validité du projet SENS. Toutefois, il n’a pas été convaincu non plus par la défense de de Grey, dont les arguments sont jugés excentriques. Pour son travail, l’équipe d’Estep a reçu de la part du MIT Technology Review 10,000$, dont elle a fait don à l’ American Federation for Aging Research. Mais le challenge reste ouvert.

La déclaration de N. Myhrvold au nom du jury :

La réserve du jury s’explique par un souci méthodologique: le projet SENS en est encore au stade des hypothèses, que l’expérience devra valider ou invalider. Il est donc trop tôt pour prendre parti : « Le projet SENS contient beaucoup d’affirmations non justifiées, et il n’est certainement pas prouvé scientifiquement. […] Cependant, de la même façon, les idées du projet SENS n’ont pas été réfutées de façon concluante. »

En effet, le jury reproche à l’équipe d’Estep de qualifier trop rapidement les arguments de « non scientifiques », et de ne pas examiner la spécificité du projet, l’approche ingénieur.

Tout en restant prudent, Myhrvold n’exclut pas que les idées d’Aubrey de Grey puissent faire avancer la science: « De temps en temps, des idées radicales s’avèrent justes. Et de fait, ces exceptions sont souvent les découvertes les plus cruciales pour la science. »

A titre personnel, il admet néanmoins son scepticisme : « pour la majorité des assertions de de Grey, je serai surpris qu’il aie raison. »

Sur le site de la Fondation
SENS résiste à une triple confrontation: les 20,000$ restent à gagner.

Le plan du Docteur Aubrey de Grey pour soulager les handicaps liés à la vieillesse l’emporte : « on peut bien sûr légitimement douter du projet SENS, mais on ne peut plus légitimement en rire »

Par Kevin Perrott co-fondateur et membre du conseil d’administration de la Fondation

Alors que l’article de Jason Pontin annonce le verdict du jury, un article paraît simultanément sur le site de la fondation Mathusalem, rapportant les déclarations de différents acteurs.

N Myhrvold :

De façon intéressante, les passages sélectionnés dans la déclaration de N Myhrvold ne sont pas les mêmes que dans le Technoloy Review. La Fondation insiste davantage sur la réserve prudente du jury, en citant: « Il faut se rappeler que toutes les hypothèses passent par une phase où seulement un petit nombre de chercheurs la soutiennent, tandis que les autres la rejettent. »

Rodney Brooks, membre du jury :

L’ article revient sur les jugements trop hâtifs de l’équipe Estep, et leur silence sur la méthode ingénieur. A ce sujet, R. Brooks, présenté comme un « pionnier de la robotique », est cité : « Je suis persuadé qu’ils (les détracteurs de SENS » ne comprennent rien à l’ingénierie, et certaines de leurs critiques sont peu adaptées à un projet d’ingénierie ».

Le Dr. Aubrey de Grey (on note qu’il est ici nommé avec son titre de docteur) se félicite du verdict, qui reconnaît à SENS un caractère « spéculatif, mais légitime ».

David Gobel : Le co-fondateur de la fondation Mathusalem s’indigne du prix accordé à l’équipe Estep, qui entre en contradiction avec le verdit des jurés.