Une des spécificités de cette controverse est justement que l’on trouve des récits de déluges dans les civilisations du monde entier : peuples d’Australie, civilisation maya au Mexique, civilisation sumérienne en Mésopotamie (actuel Irak), zoroastrienne en Iran de l’Ouest, en Asie de Sud-Est avec l’hindouisme, enfin dans le bassin méditerranéen et en Orient avec le christianisme et la religion musulmane.
Il n’existe quasiment aucun moyen de localiser temporellement les phénomènes décrits dans les textes fondateurs des différentes religions. En dehors du récit de la Genèse, dont les créationnistes situent les faits avec une grande précision (2104 ans avant la naissance du Christ), tout ce que l’on peut dire est que le récit oral est antérieur à sa transcription écrite dans les textes connus aujourd’hui (tablettes d’argile pour l’épopée de Gilgamesh ou autres), mais de combien de temps ? On estime de plusieurs siècles à quelques milliers d’années le temps probable de transmission orale des récits avant que ces derniers n’aient été transmis par écrit.
Il existe un large éventail de thèses religieuses pures associées au déluge :
mythe de Deucalion (Grèce et Rome antique),
mythe de Manu le premier homme (hindouisme),
mythe d’Atarahasis (Mésopotamie),
mythe d’Yima le premier roi (zoroastrisme),
arche de Noé (Bible et Coran).
Toutes ces « thèses » religieuses ont en réalité été écrites alors que l’être humain n’avait pas encore en sa possession les connaissances nécessaires à une approche scientifique des causes éventuelles du Déluge, s’il a bien eu lieu. Ceci explique pourquoi un nombre non négligeable de ces « thèses » sont aujourd’hui considérées comme du pur « folklore ».
Une seule de ces thèses continue aujourd’hui d’être défendue : celle de l’origine divine du Déluge biblique, et de la véracité du récit de l’arche de Noé tel que le raconte la Genèse. Les défenseurs de cette thèse sont principalement des créationnistes protestants.
Les liens entre les civilisations dont les textes fondateurs mentionnent un déluge, et l’influence de ces récits les uns sur les autres, demeurent aujourd’hui un mystère. Il existe en effet des ressemblances troublantes entre différents récits mythiques à travers le monde, mais à quoi doit-on les attribuer ?
La question est de savoir si tous les mythes relatent un même fait planétaire, ou bien s’il peut s’agir de plusieurs déluges différents et localisés en différents endroits du globe, ou encore d’un seul déluge localisé dont le récit se serait ensuite propagé dans différentes civilisations.
Nous l’avons vu, les thèses scientifiques actuelles tendent à infirmer la thèse d’un déluge planétaire. Ceci n’est pas nécessairement en contradiction avec les textes mythiques qui parlent d’un déluge mondial, car il ne faut pas oublier que l’étendue du monde connu à l’époque était bien moins importante que maintenant.
En revanche, si l’on considère qu’il n’a existé qu’un seul déluge localisé aux environs de la mer Noire, il devient difficile de juger quelle civilisation aurait la première transmis le récit de cette catastrophe aux autres. D’autant que la transmission orale durant un temps si long (plusieurs milliers d’années) pose un sérieux problème de respect du récit authentique. Il est alors difficile d’expliquer comment des récits si lointains ont pu se transmettre de manière aussi fidèle, et durant aussi longtemps.
La transmission orale semble enfin impossible à l’époque entre des régions du monde qui ignoraient totalement l’existence les unes des autres : Mexique, Australie, Proche-Orient. Si le déluge n’a pas été mondial, il serait donc nécessaire de considérer qu’il en a existé plusieurs à différentes dates et à différents endroits du globe.
Ceci est possible, mais il faut garder à l’esprit que le motif du déluge, et plus généralement de l’eau, est dans bien des civilisations un symbole ambivalent de vie et de mort (baptème ou au contraire inondations destructices). Il est donc probable que le récit du déluge ne soit qu’un symbole de la colère des dieux dans certaines civilisations, sans que celles-ci n’aient connu d’épisodes pluvieux destructeurs comme cela semble être le cas en Méditerrannée.
Les moyens d’expression des thèses purement religieuses sont de deux types :
les textes sacrés fondateurs des différentes religions : Popl Vuh (Mayas), Coran, Bible (Genèse), Odes Olympiques de Pindare, Meteorologica d’Aristote, Rigveda (hindouisme), l’épopée de Gilgamesh (civilisation sumérienne), l’Avesta (zoroastrisme),
les écrits profanes relatant ces épisodes mythiques : Odes Olympiques de Pindare, Meteorologica d’Aristote, Les Métamorphoses d’Ovide.