Thèse créationniste

Naissance et développement de la thèse

Principaux défenseurs de la thèse

Certains fondamentalistes et créationnistes.

Date d’apparition de la thèse

Pas de thèse unique, mais apparition du mouvement fondamentaliste à la fin du XVIIIème siècle. De nombreux théologiens et scientifiques cherchaient à renforcer l’autorité de la religion, en montrant notamment l’omnipotence divine via le Déluge. Richard Kirwan (1733 – 1812), avec ses Geological Essays (1799), est le pionnier du Fondamentalisme dans son rejet dogmatique de l’ancienneté de la Terre. Dans les années 1820, le géologue britannique Granville Penn proposa une interprétation littérale de la Bible. Dès les années 1830, le Fondamentalisme perdit sa vitesse.

Au début du XXème siècle, le créationniste George McCready relança le « Flood geology » en écrivant un livre en 1923 donnant la perspective d’un adventiste traditionnel sur la géologie. Ses idées furent reprises par Henry M. Morris et John C. Whitcomb dans leur livre The Genesis Flood en 1961. Entre autres, ils affirmèrent que le Déluge avait déposé la plupart des strates géologiques en une seule année. Lorsque le American Scientific Affiliation (ASA) refusa de s’aligner sur le « Flood geology », une nouvelle génération de « Créationnistes Jeune-Terre » (créationnistes interprétant la Genèse de manière littérale, et croyant que Dieu a créé la Terre en six jours il y a environ 6000 ans) vit le jour. La « Creation Research Society » analyse des formations géologiques du point de vue créationniste.

Principaux ouvrages relayant cette thèse

The Genesis Flood: The Biblical Record and its Scientific Implications (1961), John C. Whitcomb Jnr et Henry M. Morris

Principales publications dans les médias

De nombreux articles sur des sites de créationnistes sur l’Internet, mais peu de publications dans les journaux.

In Search of Noah’s Ark, 1977 : film télévisé se voulant être un documentaire mais en réalité vecteur de propagande fondamentaliste.

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Contenu de la thèse

Description de la thèse

Les défenseurs du « Flood Geology » sont partisans d’une interprétation littérale de la description de la Genèse et du Déluge dans la Bible. Ils pensent que le Déluge universel est responsable des caractéristiques géologiques de la Terre, dont les strates sédimentaires et les fossiles. Voici des mécanismes du Déluge qu’ils proposent.

Vapeur d'eau

Morris et Whitcomb reprennent l’hypothèse d’Isaac Vail (datant de 1874) selon laquelle les eaux du Déluge proviendraient d’une « voûte » de vapeur d’eau (ou d’eau liquide ou gelée) entourant la Terre d’origine. Ils citent de nombreux passages de la Bible pour soutenir cette hypothèse.

Les créationnistes ont cité comme évidence les vies longues de Patriarches antédiluviens d’après la Bible (la voûte de vapeur les ayant protégés de radiation ultra-violette), ainsi que les restes gelés de mammouths avec de l’herbe dans leurs bouches (sensés être l’évidence d’une glaciation soudaine de la vapeur d’eau en glace aux pôles).

Kent Hovind a rendu cette théorie populaire au sein des créationnistes, mais le « Center for Scientific Creation » et le « Answers in Genesis », deux grosses organisations créationnistes, sont contre cette théorie. Elle est aussi rejetée par la communauté scientifique (l’existence d’une telle voûte d’eau – qu’elle soit sous forme liquide, solide, ou gazeuse – étant impossible à cause de conditions de pression et de température au sein de l’atmosphère).


Subduction rapide

Dans la dernière décennie, la plupart des mécanismes proposés pour le Déluge implique une « subduction rapide », au moins pour ouvrir les bassins océanique pour permettre le drainage des eaux après le Déluge, mais aussi pour les fermer avant le Déluge pour forcer l’eau des océans à submerger les continents.

Une forme particulière de la « subduction rapide » s’appelle la « tectonique des plaques catastrophique », proposée par le géophysicien John Baumgardner et soutenue par l’« Institute for Creation Research » et « Answers in Genesis », deux organisations créationnistes importantes. Selon cette théorie, la plongée rapide d’anciennes plaques océaniques dans le manteau est due à un mécanisme déclencheur inconnu qui a augmenté les pressions locales du manteau à un niveau auquel sa viscosité diminua énormément. Lorsqu’elles furent initiées, les plaques plongeantes engendrèrent la propagation d’une viscosité basse dans le manteau entier, ce qui entraîna une convection du manteau qui se serait emballée et aurait entraîné le déplacement des continents. Une fois que les anciennes plaques océaniques (qui sont plus denses que le manteau) eurent atteint le fond du manteau, l’équilibre fut atteint. Les pressions diminuèrent, les viscosités augmentèrent, la convection accélérée du manteau se serait calmée, laissant la surface de la Terre réarrangée.

L’hypothèse d’une « tectonique des plaques catastrophique » est rejetée en tant que pseudoscience par la grande majorité des géologues. La libération phénoménale d’énergie requise par la « tectonique des plaques catastrophique » vaporiserait l’eau des océans, rendant un Déluge universel impossible. Non seulement la « tectonique des plaques catastrophique » n’a pas de mécanique géophysique plausible qui engendrerait ses transformations, elle est contredite par de nombreuses évidences géologiques. Par exemple, la datation du fond océanique contredit l’hypothèse selon laquelle il serait apparu d’un coup. D’autre part, la « subduction rapide » n’explique pas les collisions continentales (comme celle des plaques indienne et eurasienne).

Date estimée du phénomène mis en jeu

Il y a 4000 ou 5000 ans.

Phénomène local/mondial

Phénomène mondial

Hauteur d’eau

L’eau recouvre toutes les montagnes.

Durée du phénomène

Environ 40 jours (cf. la Bible).

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Elements scientifiques

Preuves géologiques

Certains « Créationnistes Terre-Jeune » comme Morris et Whitcomb affirment que les fossiles de la colonne stratigraphique ne représentent pas l’évolution de la vie sur Terre au cours de millions d’années. D’autres acceptent l’existence de la colonne stratigraphique et pensent qu’elle indique une séquence d’événement qui auraient pu se passer pendant le Déluge. C’est l’approche suivie par l’« Institute for Creation Research », et des créationnistes comme A. Snelling, S. Austin et K. Wise. Ils affirment que les fossiles constituent la preuve d’un déluge unique et cataclysmique.

Les « géologues du Déluge » (Flood geologists) ont proposé de nombreuses hypothèses pour réconcilier la séquence de fossiles retrouvée dans le monde entier et une interprétation littérale du Déluge biblique. Whitcomb et Morris ont proposé trois facteurs possibles.

Le premier est hydrologique : les flottabilités relatives des animaux auraient déterminé la séquence dans laquelle leurs restent auraient sombré au fond des eaux diluviales, et donc l’ordre des fossiles. Toutefois, cet argument ne tient pas : la force de poussé d’un objet est directement proportionnel à l’aire de sa section transversale et à son coefficient de traînée. Ainsi, quand deux objets de densités égales et de coefficient de traînée identiques se déplacent dans un fluide, ils sont rangés en fonction de leur taille. Cela veut dire que tous les petits trilobites devraient être situés au-dessus des trilobites plus larges dans la colonne stratigraphique, ce qui n’est pas le cas.

Le deuxième facteur qui a été proposé est écologique, et suggère que les organismes vivant au fond de l’océan ont péri en premier au cours du Déluge, et ceux qui vivaient en de hautes altitudes en dernier.

Le troisième facteur est anatomique et comportemental. L’ordre des fossiles serait dû à des réponses différentes à une montée des eaux suivant les habitats d’origine et les mobilités diverses des organismes. Dans un scénario de Morris, les restes d’organismes marins furent les premiers à tomber au fond, suivi de reptiles terrestres plus lents, et finissant avec l’homme dont l’intelligence supérieure et la capacité de fuir l’ont permis d’atteindre des altitudes plus élevées avant qu’il soit englouti par les eaux. Mais cela n’explique pas pourquoi les plantes à fleur n’apparaissent pas dans les données fossiles avant le Crétacé.

Enfin, certains créationnistes pensent que les réserves de pétrole et de charbon se sont formées rapidement dans des couches sédimentaires lorsque des volcans ou des eaux diluviales ont rasé les forêts et enseveli les débris. Ils pensent que la végétation s’est décomposée rapidement en pétrole ou en charbon à cause de la chaleur des eaux souterraines qui furent libérées lors du Déluge, ou à cause des hautes températures générées lorsque les restes furent compressés par l’eau et les sédiments.

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Perception extérieure de la thèse

Degré de connaissance dau sein du grand public

Surtout connue des créationnistes (notamment américains). Les théories du « flood geology » de Morris sont promues dans le monde entier, avec ses livres traduits dans de nombreuses langues. « Flood geology » est toujours un thème majeur du Créationnisme moderne.

Reconnaissance par la communauté scientifique

Thèses rejetées.

Principaux détracteurs

La communauté scientifique constitue la principale opposition. Le « Flood geology » contredit la science actuelle dans de nombreuses disciplines, et est rejetée comme étant une pseudoscience. Voici quelques exemples d’arguments contre le « Flood geology ».

Archives historiques

Les dates de nombreuses cultures anciennes (comme celles d’Egypte et de Mésopotamie) ont été établies par l’analyse de documents historiques à l’aide de datation au carbone, et sont plus anciennes que la date prétendue du Déluge.

Erosion

Si le Déluge avait eu lieu, il aurait produit des effets à grande échelle dans le monde entier. L’érosion devrait être distribuée de manière uniforme, ce qui n’est pas le cas. Par exemple, les niveaux d’érosion des montagnes Appalaches et des montagnes Rocheuses sont très différents.

Géochronologie
Cette science détermine l’âge absolu de roches, de fossiles et de sédiments. D’après elle, la Terre date d’il y a au moins 5,4 milliards d’années, et les strates géologiques – déposées pendant le Déluge il y a 6000 ans, d’après les créationnistes – furent en réalité déposées progressivement pendant des millions d’années.
Paléontologie

Si le Déluge était responsable de la fossilisation, alors tous les animaux fossilisés auraient vécu en même temps juste avant le Déluge. En se fondant sur une estimation du nombre de restes dans la formation fossile de Karoo en Afrique, cela correspondrait à une densité anormalement élevée de vertébrés dans le monde, proche de 2100 par acre. Par ailleurs, les phénomènes qui caractérisent des strates retournées ne peuvent être expliqués par les créationnistes.

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Sources

Noah’s Flood, The Genesis Story in Western Thought, Norman Cohn

Page Wikipedia du "Flood geology" accessible ICI.

Page internet "Six Flood Arguments Creationists Can't Answer" accessible ICI.