Analyse et interprétation

Les cartes ont été obtenues à partir d’un ensemble d’articles liés à la controverse, consultables ici. Chaque lien représenté indique qu’un auteur a cité tel autre auteur dans l’une des publications de l’ensemble étudié. Ces liens sont pondérés en fonction du nombre de références. Les acteurs de la controverse sont ensuite disposés selon l’algorithme de Fruchterman-Reingold : plus deux acteurs sont liés, plus ceux-ci sont proches sur la carte. On obtient une carte légendée synthétisant les informations ainsi obtenues :

Groupe A :

Ce groupe est constitué de paléontologues et anthropologistes ayant étudié le Paléolithique moyen et supérieur et abordé la question des relations entre l’Homme de Néandertal et Homo Sapiens.
Le Docteur Erik Trinkaus, paléoanthropologiste à l'Université de Washington, a apporté des preuves paléontologiques du métissage entre l'Homme de Néanderthal et Homo Sapiens. Il déclare en avril 1999 : "Le squelette d'enfant découvert au Portugal ce moi-ci présente des caractéristiques des Hommes de Néandertal, comme les proportions du tibia par exemple, et de l'homme moderne. Ceci démontre que les premiers hommes modernes se sont mélangés aux Hommes de Néandertal et ont engendré ensemble une descendance."
Joao Zilhao, professeur d'Archéologie Paléolithique à l'université de Bristol défend également la thèse du métissage. La carte des références révèle des liens entre les deux chercheurs. L'Index des Références Scientifiques répertorient même plusieurs articles coécrits par les deux chercheurs ("Middle paleolithic human remains from the Gruta da Oliveira (Torres Novas), Portugal")

Groupe B :

Cet ensemble regroupe des généticiens ayant séquencé des échantillons d’ADN provenant de restes d'homo sapiens datant du paléolithique et de néandertaliens et ayant abouti à la conclusion qu’aucun métissage ne pouvait être envisagé. Ces généticiens soutiennent par conséquent la thèse dite Out Of Africa pour expliquer l’origine de l’homme moderne et son expansion.
Catherine Hänni, Directrice du laboratoire paléogénétique et évolution moléculaire de l'ENS Lyon, a déchiffré avec son équipe une séquence d'ADN d'enfant néandertalien datant d'environ 100 000 ans afin de le comparer à celui de néandertaliens ayant cohabité avec l'homme moderne et évaluer l'impact de cette cohabitation sur le génome. L'étude aboutit à la conclusion que les séquences étaient très similaires suggérant qu'il n'y a pas eu de métissage, et que les Néanderthaliens étaient donc nos lointains cousins et non pas nos aïeux directs.
Pierre Darlu, Directeur de recherche au CNRS et à l’Inserm, est également généticien et a publié en collaboration avec C. Hänni. Son point de vue était qu’il n’existait aucune preuve génétique d’un métissage entre l’Homme de Néandertal et Homo Sapiens. Mais l’étude réalisée par l’Institut Max Planck dont les résultats, publiés en avril 2010, affirment que 1 à 4% de notre génome serait dû à Néandertal, constitue selon lui « un tournant dans l’exploration des origines de l’humanité par les moyens de la génétique moléculaire » Bien qu’il conteste toujours la possibilité d’un mélange en Europe à l’arrivée d’Homo Sapiens il y a 40 000 ans, ses récents travaux visent à montrer que celui-ci aurait eu lieu au Moyen-Orient il y a 80 000 ans.

Groupe C :

Ce groupe est constitué de généticiens qui ont cherché à apporter la preuve d’un métissage entre Néandertal et l’homme moderne :
Richard Edward Green, Professeur en Ingénierie Biomoléclaire, a comparé des échantillons d'ADN néandertaliens de différentes époques, d'Homo Sapiens ayant vécu pendant la cohabitation supposée avec Néandertal et de l'homme moderne afin d'estimer la date de divergence entre les deux espèces. Green conclut qu'il n'y a pas pu avoir une séparation unique entre les deux espèces mais qu'un certain niveau de flux de gènes devait exister. Malheureusement, J.Wall et S.Kim analysèrent de nouveau les données et montrèrent que les échantillons avaient certainement été contaminés par de l'ADN de ceux qui les avaient manipulés.
Professeur Docteur Svante Pääbo, Directeur du Département de Génétique à Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, a publié avec son équipe en Mai 2010 les résultats du séquençage de 5,3 milliards de lettres de l'ADN de Néandertal, soit environ deux tiers du génome, un prouesse pour des échantillons vieux de 38 000 ans . Il a déclaré dans New Scientist que l'Homme de Néandertal et l'homme moderne pourrait presque être regroupés au sein de la même espèce.

Groupe D :

Dans ce groupe sont rassemblés différents chercheurs qui se sont penchés sur la question néandertalienne.
Francesco d’Errico, préhistorien, directeur de recherche au CNRS et professeur honoraire à l'Institute for Human Evolution de l'université de Witwatersrand en Afrique du Sud, a étudié la question de la disparition de l’Homme de Néandertal et est à l’origine de la découverte en Afrique et au Proche-Orient des plus anciennes traces de comportements symboliques, datés entre 70 000 et 100 000 ans, soit avant l’arrivée de l’homme moderne en Europe il y a 40 000 ans.
Mathias Currat est bio-informaticien, spécialisé dans la génétique des populations, et enseigne l’histoire de l’évolution de l’homme à l’Université de Genève.
Evelyne Heyer, est professeur en anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle dans un laboratoire associé au CNRS