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Icône Chez le pédopsychiatre
Nous avons retranscrit ici une interview que notre groupe a eu avec une pédopsychiatre spécialisée dans le TDAH travaillant à l'hôpital Robert Debré (Paris), auteure de plusieurs ouvrages sur le sujet.
Marie-France le Heuzey, pédopsychiatre à l'Hôpital Robert-Debré
Quelle est le rapport entre l'opinion publique et le TDA/H ?
Marie-France le Heuzey : Beaucoup de gens arrivent dans le bureau du docteur Leheuzey sans connaître l'existence du TDA/H. Ils expliquent simplement que leur enfant est agité ou peu attentif.
Les enfants y viennent souvent sur recommandation des médecins généralistes ou des pédiatres.
Aucun de ces deux derniers ne peut prescrire le méthylphénidate. Seul un centre hospitalier (comme Robert Debré) le peut.
Le docteur Leheuzey pratique également dans un dispensaire du XXème arrondissement de Paris, et les parents (issus d'un milieu généralement peu favorisé) n'en ont alors jamais entendu parler.
Comment procèdez-vous au diagnostic ?
Marie-France le Heuzey : C'est un diagnostic clinique, qui ne se fonde pas sur des tests (de tels tests existent cependant). Le diagnostic se fait par les étapes suivantes :
Des informations sont recueillies sur l'histoire de l'enfant (pas attentif étant petit aux histoires le soir, courait partout étant plus jeune).
L'enfant est observé à l'hôpital (une fois même sur une journée, et qui place l'enfant dans différents contextes [repas avec observateurs etc.]. L'enfant subit alors les tests, mais ils n'ont qu'une valeur indicative).
L'hôpital contacte son école pour avoir l'avis des professeurs, qui observent l'enfant sur une plus grande période de temps.
Ceci est critiqué par certains, qui affirme que le professeur ne doit pas faire le diagnostic. Il appartient aux médecins de savoir distinguer ce qui est de l'information critique de ce qui n'est qu'incitation à lancer un traitement.
Le diagnostic est-il sûr à 100% ?
Marie-France le Heuzey : NON : c'est un diagnostic clinique.
« La médecine est un art, pas une science. Ceci est a fortiori vrai pour la psychiatrie. »
Les américains ont mis au point des échelles d'évaluation :
listes fermées de symptômes à cocher, adapté au pays qui les conçoit.

Toutefois, il y a les symptômes, leur expression et la tolérance du milieu. Ainsi, on ne diagnostiquera pas de la même manière (si on le diagnostique) un enfant à Paris, en Polynésie ou à New-York sur le TDA/H.
L'expression et la tolérance des symptômes sont relatives à une culture.
Les médias interrogent souvent les médecins sur l'augmentation du nombre de cas déclarés de TDA/H, pointant du doigt une augmentation exponentielle des chiffres. Ses réponses sont les suivantes :
le TDA/H a été décrit dès avant 1900, donc n'est pas une idée nouvelle,
Certains éléments de l'environnement influent beaucoup sur le TDA/H : à Paris, les enfants récupèrent par exemple le stress de leurs parents toujours pressés dans toutes leurs actions. La génération actuelle de jeunes est souvent qualifiée de « génération zapping », pour illustrer le fait que les jeunes enfants zappent d'un sujet à l'autre sans plus s'arrêter sur aucun d'entre eux pour y réfléchir ne serait-ce qu'un peu. Ceci ne crée pas le syndrome, mais y contribue, selon elle. À titre d'exemple, un de ses jeunes patients déclarait :
« J'aime pas l'école, on ne peut pas zapper la maîtresse. »
De façon générale, en psychiatrie, l'environnement joue toujours un rôle.
Les parents ont-ils parfois peur du traitement ?
Marie-France le Heuzey : Oui, le fait de donner à leurs enfants des psychostimulants leur fait craindre la création d'une dépendance chez leurs enfants.
Le méthylphénidate existe depuis 60 ans. C'est un médicament connu.
Il est le médicament de la psychothérapie qui a connu le plus d'études.
Les études prouvent qu'il y a moins de toxicomanes et d'alcooliques dans la population de gens ayant eu le TDA/H et suivi le traitement. Par ailleurs, d'autres études prouvent que si le méthylphénidate créait une dépendance, d'autres dépendances (comme l'alcool ou le tabac) viendraient naturellement plus facilement.
La problématique «Les enfants turbulents sont-ils malades ?» reflète-t-elle bien la controverse qui qui a lieu autour des enfants hyperactifs ?
Marie-France le Heuzey : La presse, les confrères et certains professionnels font le procès des traitement du TDA/H, et traitent de fachistes les médecins proposant les traitements (il s'agit de traiter les enfants pour le confort de la famille, pour les calmer, les normaliser). On parle également souvent de la pilule d'obéissance (la volonté des médecins n'est pas de supprimer les enfants turbulents, mais de soigner des enfants qui souffrent).
Le TDA/H n'est pas une maladie, c'est un trouble, ou un syndrome (i.e. une association de symptômes dont la réunion est significative). Une maladie doit être clairement identifiable. En psychiatrie, il y a parfois emploi du terme « maladie », mais souvent on ne connaît pas l'ensemble des causes à l'origine d'un problème, d'où les termes de « troubles » ou « syndromes », plus adaptés.
Les symptômes du TDA/H sont :
-Trouble de l'attention
-Hyperactivité motrice
-Impulsivité
La gêne n'est pas l'agitation, mais le trouble de l'attention, qui crée souvent des handicaps scolaires, professionnels etc. L'enfant passe souvent pour violent, et a des difficultés sociales avec sa familles, ses frères et sœurs, à l'école.

On parle aujourd'hui également de commorbidités : l'enfants souffre simultanément de TDA/H, mais aussi de troubles de l'apprentissage (dyslexie, troubles de langage), de tics de visages, de dépression, etc.
Seul un spécialiste peut faire la part de ce qui procède du TDA/H, et de ce qui est le fait des autres problèmes. Parfois, c'est une dépression qui est à l'origine des troubles de l'attention, et alors le traitement contre le TDA n'est pas efficace.
Chez le pédopsychiatre
Sujet « Les enfants turbulents » —
Jérémy BLACHIER, Arthur BRIQUET, Édouard DENYS DE BONNAVENTURE, Elsa MERCKEL, François HENNETON.