D'après Michel Callon et D. MacKenzie, « les théories scientifiques, les modèles et les énoncés ne sont pas des constats ; ils sont activement engagés dans la constitution de la réalité qu’ils décrivent ». Le modèle ne peut donc pas être considéré comme neutre. Il peut même avoir une certaine dimension auto-réalisatrice. En effet si tous les intervenants suivent le modèle ses prophéties auront plus de chance de se réaliser. Dans l'idée de Merton, l'inventeur avec Black et Scholes de la théorie des options, on peut, sur la base d'une intégrale de Ito, simuler parfaitement l'option à l'aide d'un portefeuille de couverture qui annule les risques. Un autre aspect de ce problème est le fait que les autorités de contrôle et de notation utilisent les même modèles que les investisseurs. Les règlementations comme le traité de Bâle 2 signé en 2004 par les pays de l'OCDE, s'appuie sur des modélisations browniennes des risques. Par exemple la valeur des fonds propres doit représenter plus de 8% des risques de crédit (ratio de MacDonough). Ceci correspond à une économie substantielle pour les banques. Avec une modélisation différente des risques ce taux serait beaucoup plus important et immobiliserait ainsi des fonds qui seraient devenus inutiles. Ainsi pour George Soros, « les autorités comme les acteurs du marché vivent sur des idées fausses, et ces idées fausses sont à l’origine non seulement de leur incapacité à comprendre ce qui se passe, mais encore des excès qui ont aux turbulences actuelles ».
Ici apparait donc un risque de confondre le modèle et la réalité. Analyser la crise nécessite une grille d'analyse qui n'est pas neutre vis-à-vis des modèles précédents. Une comparaison entre deux modèles ne peut se faire qu'à l'aune de son efficacité.
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Sources :
Controverse Mathématiques & Finance. Haut de page.
GILLET, LETOURNEAU, MAGNIEN, MARCILHACY, VYARAVANH-GIRARD