Un complément inutile : La spiruline utilisée comme complément alimentaire contre la malnutrition du nourrisson au Burkina-Faso


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Illustration du blog vivrevouivre.over-blog.com qui vante les effets de la spiruline pour luter contre la malnutrition

La spiruline est une algue bleu-vert microscopique qui est riche en protéines, en acides gras essentiels, en minéraux, en oligoéléments, en vitamines et contenant de la chlorophylle, des fibres et un pigment bleu. Elle a été proposée comme complément alimentaire dans les pays à problèmes nutritionnels. Son effet est décrit comme spectaculaire et il en est fait part dans de nombreuses publications internet : taper « malnutrition » et « spiruline » comme mots clés permet d’obtenir près de 15 000 résultats ! Mais l’effet d’un tel complément a-t-il réellement été prouvé ?

L’étude « La spiruline comme complément alimentaire dans la malnutrition du nourrisson au Burkina-Faso » réalisée en 2003 par plusieurs pédiatres ou membres du milieu médical a permis d’éclaircir la situation. Cette étude, qui incluait 182 enfants malnutris âgés de 3 mois à 3 ans, a été réalisée dans la région de Koudougou, province de Boulkiemde, au Burkina-Faso. Tous les enfants avaient un Z-score pour l’âge inférieur à 2 ou des œdèmes. Ils ont été répartis en 3 groupes :

  • Le premier a subit une renutrition habituelle ;
  • Le deuxième a lui aussi reçu une renutrition habituelle, accompagnée cette fois-ci d’un apport journalier de 5 g de spiruline ;
  • Le troisième groupe a été renutri selon la méthode habituelle, a reçu 5 g de spiruline chaque jour et a mangé du poisson en complément (deux sardines à l’huile par semaine).

Les critères de jugements étaient : l’évolution des indices taille/âge, poids pour la taille et les mesures correspondant en Z-score, à 60 jours et 90 jours. Au terme de l’étude, il n’y avait pas de différence observée entre les groupes pour la prise de poids, de taille et de poids pour la taille. Les médecins ont donc réussis à démontrer que la spiruline n’était pas efficace dans ce cas : Au total, dans cette étude, il n’a pas été trouvé d’avantage à proposer la spiruline comme complément alimentaire à la dose de 5 g j–1, contredisant les allégations non fondées de quelques références, souvent électroniques ou fondées sur des études sans groupe témoin.

Mais le cas de la spiruline n’est pas isolé : les effets bénéfiques de nombreux compléments alimentaires n’ont pas encore été prouvés scientifiquement. Leurs atouts sont pourtant vantés, même si aucune preuve rigoureuse ne peut être apportée.

  • Z score : Il s’agit de l’écart entre la mesure correspondant au patient mp et à la valeur moyenne mr rapportée à l’écart-type σ de la distribution de la population de référence, la distribution étant « normale », c’est-à-dire gaussienne.
  • Z score : (mp – mr)/ σ
  • La valeur de référence mr est donnée en fonction de l’âge du sujet. La distribution de la population de référence est supposée identique à tous les âges, ce qui est approximativement exact.
  • Le Z score est utile pour l’interprétation des résultats chez les femmes non ménopausées, et chez les enfants. Dans les autres populations, le Z score n’est pas utilisé.

source : académie de médecine, burkina.pdf

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