Les syndicats étudiants


Qui sont-ils ? Quelles sont leurs préoccupations principales ?

En France, les syndicats étudiants sont les seuls acteurs qui s'expriment au nom des étudiants dans les débats politiques. Ils ont pour cela un poids non négligeable dans tous les projets concernant l'enseignement supérieur et notamment ceux qui concernent le financement des études. Cependant, il est intéressant d'avoir à l'esprit que seulement 1% des étudiants français sont syndiqués et que les élections étudiantes mobilisent moins de 8% des jeunes.


Tous les deux ans ont lieu les élections des représentants étudiants au comité administratif du CROUS (centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires ). Les élus défendent le point de vue des étudiants dans les prises de décisions relatives aussi bien aux logements, qu'à la restauration, l'attribution des aides sociales ou encore au coût de la vie culturelle étudiante. Ces élections permettent de mettre en évidence les rapports de force entre les différents syndicats étudiants et le nombre d'étudiants qui se considèrent représentés par chacun d'entre eux. Il

existe en France deux syndicats étudiants principaux :

→ L'UNEF (l'union nationale des étudiants de France).
C'est la première organisation étudiante représentative au niveau national. Présidé par Jean-Baptiste Prévost, elle fut fondée il y a plus de 100 ans. Nous avons pu rencontrer un ex-président de ce syndicat : M. Bruno Julliard (cf Rubrique Entretiens). Ses valeurs cardinales sont: l’autonomie de la jeunesse, l’égalité des droits entre étudiants et la démocratisation de l’enseignement supérieur par le service public. Pour cela, elle défend le projet d’une université gratuite et laïque permettant l’accès de tous au savoir et à l’insertion professionnelle.


→ La FAGE (la fédération des associations générales étudiantes)
Fondée en 1989, c'est la deuxième organisation étudiante en nombre d'élus au CROUS. Elle ne se revendique pas comme un véritable syndicat mais plutôt comme un représentant d'une multitude d'associations étudiantes. Tout comme l'UNEF, elle se dit apolitique. Présidée par Philippe Loup, elle a en particulier comme préoccupation la volonté d'étendre les aides sociales. Il lui arrive avec l'UNEF de s'unir pour peser plus lourd dans la balance politique. Ce fut notamment le cas au printemps 2006, lorsque ces deux syndicats se liguèrent contre le contrat première embauche.

Suivent d'autre syndicats plus petits tels que :
→ L'UNI (union nationale inter-universitaire) fondée en 1968 est une organisation assez proche de l'UMP (union pour un mouvement populaire). Elle s'oppose à tout blocage d'université et se focalise sur les moyens à mettre en œuvre pour améliorer l'insertion professionnelle des jeunes.
→ Le MET (mouvement des étudiants). Fondé en janvier 2010, il se déclare indépendant de tout parti. Il considère comme l'UNI que le blocage des universités est intolérable et n'est pas défavorable à la mise en place d'un système de prêts à taux zéro pour les étudiants.
→ Le PDE (promotion et défense des étudiants). Créé en 1994, c'est un regroupement d'organisation étudiantes mono-disciplinaires qui se veut apolitique. Il réclame une dotation financière pour les étudiants et se bat pour une meilleur adéquation entre les formations dispensées et les emplois disponibles.
La Confédération Étudiante, créée en 2003 elle se réclame apolitique.
SUD-étudiant, fondé en 1996 il est proche de la gauche radicale. Sa principale préoccupation est la lutte contre la précarité estudiantine.

Source : http://www.letudiant.fr/loisirsvie-pratique/logement/des-syndicats-influents/quels-syndicats-16560.html


Quelle position vis à vis d'une augmentation des frais d'inscription ?


Bien que tous ces syndicats soient de sensibilités politiques différentes, ils s'accordent de manière assez générale pour s'opposer à l'augmentation des frais de scolarité en présentant un raisonnement plus ou moins semblable.
Le point de départ est le statut de l'enseignement supérieur, considéré non pas comme un service personnel ne bénéficiant qu'à celui qui le reçoit, mais comme un service public. En effet, toute la société profiterait de l'éducation de chacun. Qui dit service public dit que l'enseignement supérieur doit être accessible à tous. Or de nombreux étudiants sont en situation précaires et doivent déjà travailler en dehors de leurs études pour parvenir à se financer. Ceux-ci ne se consacrent donc pas entièrement à leurs études et risquent d'échouer : c'est inacceptable. Augmenter les frais de scolarité, qui plus est en situation de crise, ne ferait qu'empirer le problème. En revanche, les syndicats s'accordent avec les universités pour reconnaître que celles-ci n'ont pas assez de moyens :

« En revanche, c'est vrai qu'aujourd'hui la situation n'est pas acceptable […] il y a au moins une voie que l’on doit suivre : l’augmentation importante, et à court terme, du budget consacré à l’enseignement supérieur. »
citation de Bruno Julliard à propos du financement de l'enseignement supérieur.

Les ressources des universités doivent impérativement être augmentées mais la hausse des frais d'inscription n'est cependant pas considérée comme la solution, et ceci pour deux arguments principaux. Un, l'augmentation massive des frais de scolarité dans d'autres pays s'est souvent révélée être le point de départ de la diminution massive des financements de l'état dans le supérieur. Ce qui fait qu'à moyen terme, hausser les droits d'inscription ne ferait qu'augmenter le coût de l'enseignement à la charge des étudiants sans augmenter les ressources des établissements. Deuxièmement, une telle décision creuserait l'écart existant déjà entre les classes aisées et les classes défavorisées. En effet, les étudiants défavorisés seraient encore plus freinés qu'aujourd'hui par des frais élevés, étant très sensibles à leur valeur, bien plus que les étudiants aisés. Il y a donc une crainte d'injustice dans la hausse des frais d'inscription du point de vue des syndicats.
Cependant, pour augmenter les ressources des universités, il faut bien que quelqu'un paie et pour la majorité des syndicats, c'est à l'état d'investir fortement dans le supérieur car toute la société profite de la formation de ses membres :

« on est aussi dans la nécessité de construire le modèle économique et culturel de demain et cela passe par un investissement de la nation dans l’enseignement supérieur. »
de B. Julliard

La majorité des syndicats est donc en faveur de l'augmentation massive des ressources des universités tout en étant contre l'augmentation des droits d'inscription (cf le cas de Science-Po). Cela serait à l'état de financer mieux l'enseignement supérieur qu'il ne le fait actuellement afin d'améliorer la qualité des universités. Et au lieu de forcer l'étudiant à payer plus -pour s’inscrire-, il faudrait au contraire -et ceci pour la quasi totalité des syndicats- que l'étudiant ait moins à payer pour qu'il puisse se consacrer entièrement à ses études, sans devoir se soucier de sa situation économique. Cela serait possible grâce à la création d'une allocation autonomie, elle aussi financée par l'état.

Cependant, certains de ces syndicats vont plus loin et ont pour objectif la gratuité des droits d'inscription dans le supérieur comme par exemple SUD-étudiant : « SUD-étudiant défend et lutte [...] pour une université financée à 100% par des fonds publics » peut-on lire sur le site de SUD-étudiants Bordeaux. Ceci n'est clairement pas l'idéal de Bruno Julliard -ex président de l'UNEF- pour qui la participation financière des étudiants n'est pas à remettre en cause car a un rôle à jouer :


« A l’université, on est aussi dans une démarche positive, de choix, donc d’adhésion à un certain nombre de valeurs du service public qui passe par une contribution, parfois symbolique, parfois beaucoup plus conséquente. »


Enfin pour d'autre, si la gratuité n'est pas envisageable c'est qu'elle avantagerait plus les classes les plus aisées -qui, étant celles qui envoient le plus leurs enfants dans le supérieur, paient le plus les frais d'inscription.

Les syndicats étudiants luttent donc pour une amélioration de la qualité de l'enseignement supérieur. Ils réclament pour cela une hausse des financements des universités par l'état qui se doit d'entretenir le service public que sont les études supérieures. Toute augmentation des frais pour les étudiants serait inacceptable à leurs yeux car un : n'améliorerait en rien la situation financière des universités (cela pousserait l'état à se désengager du financement du supérieur) et deux : risquerait d'accroître les inégalités sociales d'accessibilité aux études. S'ils sont donc d'accord sur ce point, ils ne s'accordent pas sur tout, notamment sur le bien-fondé de la gratuité du supérieur que certains réclament.


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