QUEL MODELE POUR UNE IMF ? L'AVIS DES ECONOMISTES
Au cœur des arguments de chacun des camps on retrouvera les mêmes points qui font débat. Ainsi, Danny Roy (2006)1 énumère parmi eux « le rôle et la fiabilité des donateurs, l'efficience du secteur privé et sa propension à l'innovation, le nombre de pauvres à atteindre, la taille des IMF, l'autosuffisance financière la viabilité institutionnelle et le respect de l'idéal premier de la MF ».
2.1. Argument institutionnaliste
Pour justifier leur position, les institutionnalistes partent de deux constats : une grande pauvreté généralisée et une grande demande potentielle de services de MF. Il y a donc selon eux une demande bien supérieure à ce que ne pourrait offrir les donateurs. Ceci ajouté à l'instabilité liée aux donateurs amène à un besoin primordial de viabilité financière et donc de faire appel aux services du privé. En effet, des études menées par des chercheurs de l'Ohio State University's Rural Finance Program ont montré que les IMF dans les années 60 et 70 ont été particulièrement caractérisées comme ayant un gros manque de viabilité financière, comme le stipule également Gonzales-Vega en 1994.
Le but est alors la profitabilité qui amènera petit à petit à une normalisation de la structure -aussi appelée « Best Practice » - afin d'atteindre cette viabilité financière, un grand nombre de pauvres concerné ainsi qu'un bon accès au marché des capitaux. Notons que pour certains auteurs tels que Dunford, il s'agit « de plus en plus […] d'adopter les standards de performance des banques commerciales »2. L'idée reste cependant que la dépendance inévitable liée à de potentiels donateurs représente un réel frein à l'obtention du but de réduction de la pauvreté à grande échelle et de façon plus générale à l'innovation.
Voici un tableau résumant les positions des institutionnalistes sur les principaux nœuds du débat.
Nous avons ainsi vu les différents arguments avancés par les institutionnalistes. Observons maintenant la réponse du camp welfariste.
1 Danny ROY, La participation et l'appropriation dans l'utilisation de la micro-finance comme outil de développement.
2 Christopher DUNFORD, Microfinance : a means to what end ?