Mais pourquoi les taxis sont-ils tant attachés au système actuel ?
C’est le rapport Attali qui a mis le feu aux poudres début 2008 en intégrant dans le plan de relance de la croissance française plusieurs mesures de libéralisation du marché des taxis. Licences, maraude, stationnement, tarifs… Nombreux sont les points sujets à débat.
VTC et taxis sont souvent confondus à cause de leur similarité. En effet, ce sont deux professions du transport de tourisme mais elles n’offrent pas pour autant les mêmes services. Même s’ils se partagent le même marché, leur clientèle n’en est pas la même : Alexandre Molla, directeur adjoint chez Uber France, nous a assuré que la majorité de leurs clients n’a pas migré des taxis vers les VTC mais que ce sont bien en réalité de nouveaux clients attirés simplement par ce nouveau genre de taxis. Les VTC se veulent d’ailleurs plus professionnels en se revendiquant d’un certain luxe. Ainsi en terme de prix et de standing, ces véhicules sont déjà différents et en réalité de nombreux éléments distinguent VTC et taxis : prix de licences, droit de maraude ou même droit de stationnement. Mais pour ces professionnels du transport, tous ces chauffeurs agréés, quelle casquette est-il préférable d’arborer ? Celle de taxi ou de VTC ?
Tout d’abord, les formations ne sont pas les mêmes, en-dehors de la possession du permis de conduire bien évidemment. Pour devenir chauffeur de taxi, il faut réussir l’examen de chauffeur de taxi et posséder une licence. Le plus dur est donc de se procurer cette dernière. Il y a quant à cela deux sortes de taxis: d’un côté, les artisans qui possèdent personnellement leur licence, de l’autre, les employés d’une compagnie de taxis, qui louent chaque mois leur licence afin d’exercer leur métier. Si certains préfèrent louer, c’est parce que les licences atteignent de nos jours des prix exorbitants : près de 200 000 € en région parisienne, jusqu’à 400 000 € dans des villes méditerranéennes comme Nice ou Marseille. Il est néanmoins possible de se procurer gratuitement une licence : chaque année, une dizaine en sont délivrées gratuitement par les préfectures. Le prix exorbitant des licences de taxis s’explique donc par la forte demande de licences et la faible quantité de délivrance annuelle.
Pour devenir " de VTC, les conditions à remplir sont moins contraignantes. Il suffit seulement d’avoir une année d’expérience en tant que chauffeur et de posséder une licence de véhicule de tourisme avec chauffeur. La tâche est ici plus facile car celles-ci sont délivrées par l’organisme Atout France, responsable du Registre des Exploitants de Voitures de Tourisme avec Chauffeur, sous la forme d’une autorisation de transport. Leur prix tourne autour d’une centaine d’euros seulement. Néanmoins, les courses de VTC ne se font que par réservation donc les chauffeurs doivent s’équiper d’une plateforme de réservation, que leur louent les entreprises comme Uber. Dans certaines entreprises, les chauffeurs sont entièrement salariés et à la fois la licence comme la voiture appartiennent à l’entreprise. Dans le cas contraire, ils ont le statut d’auto-entrepreneur.
Les prix des licences divergent donc d’une profession à l’autre. C’est une des causes principales du conflit qui oppose les deux professions. Alexandre Molla, directeur adjoint chez Uber France explique que le prix de la licence de taxis n’est en soi pas un simple frais mais plutôt un investissement à long terme.
Ensuite, la différence majeure dans les services proposés des deux côtés est le droit de maraude, c’est-à-dire de prendre un client dans la rue lorsqu’il hèle le chauffeur, et donc sans réservation préalable. C’est ce droit que les taxis possèdent, à l’opposé des VTC, contraints de trouver leurs clients par réservation uniquement. Certains VTC sont alors accusés de marauder illégalement. C’est notamment le reproche que leur fait la FNAT, quand le temps de prise en charge est très court : selon la fédération, si les VTC respectaient cette interdiction, ils ne seraient pas en mesure de satisfaire des réservations aussi rapidement puisqu’ils se trouveraient au siège de leur société. Les entreprises de VTC se défendent alors en expliquant que tout payement se fait à la suite d’une réservation par internet. Ainsi, les entreprises ne touchent aucune commission sur les courses non réservées. Il n’est donc pas en leur faveur que leurs véhicules « subtilisent » le maraudage aux taxis.
Enfin, les véhicules n’ont pas les mêmes avantages et droits de circulation et de stationnement. En effet, en ce qui concerne les taxis, leur présence étant établie depuis longtemps dans les villes, ils disposent d’autorisations spéciales de circulation (par exemple pour circuler dans les voies de bus) et de stationnement à certains emplacements comme à l’aéroport ou aux bornes de taxis. Quant aux VTC, ceux-ci n’ont pas le droit de circuler dans les voies de circulation ni de stationner aux aéroports à part s’ils viennent chercher un client ayant effectué une réservation au préalable. Les taxis disposent aussi de certains avantages, comme le fait d’être appelés en cas de rapatriement de personnes malades ou en panne. L’assurance des clients prend en charge le rapatriement et ce sont bien des taxis qui sont appelés pour effectuer la course.
Interview de Yan Hascoet sur LCP à propos des VTCs