Interview de Sébastien Bouniol, vice-président de l’AIDUCE

Lors de nos recherches sur la cigarette électronique, nous avons eu l’occasion d’interviewer Sébastien Bouniol, vice-président de l’Association indépendante des utilisateurs de la cigarette électronique (AIDUCE).

Que pensez-vous de la toute nouvelle directive européenne votée le 26 février 2014?

« La directive européenne est un petit peu absurde, et faite en dépit de l’état de la science en ce qui concerne la cigarette électronique, voire même a contrario de ce que les scientifiques nous ont transmis. C’est une très mauvaise directive pour les vapoteurs, et dans une forme qui est très proche de celle qui a été modifié par la commission européenne et le conseil de l’Europe. Il y a eu un premier vote qui a exclu le classement de la cigarette électronique comme un médicament le 7 octobre. Suite à ça la directive a été passée par les instances non élues européennes, puis a subi plusieurs modifications. C’est un fonctionnement assez particulier mais c’est comme cela que ça fonctionne. La directive est donc revenue dans une forme beaucoup plus contraignante, et elle a été votée en état le 26 par 430 voix contre 150-180. »

 

Quelle est votre position quant aux normes visant la cigarette électronique ? Réclamez-vous le moins de normes possibles ?

« Pas du tout, nous souhaitons juste que ces normes aille dans le sens des utilisateurs et de la santé publique. Actuellement il n’y a pas d’enjeu de santé publique en ce qui concerne la cigarette électronique, car elle est infiniment moins dangereuse que la cigarette, et que sa toxicité s’approche d’éléments tout à fait quotidiens. Le docteur Preles disait que sa toxicité se plaçait entre un barbecue et les légumes du commerce avec des pesticides. On est en dessous des seuils de risque, il n’y a donc pas d’enjeux de santé publique. La nouvelle directive est très contraignante en ce qui concerne la cigarette électronique à tel point qu’elle est beaucoup plus contraignante pour la cigarette électronique que pour le tabac, ce qui nous interpelle et nous paraît étrange. On sait que le tabac tue un utilisateur sur deux alors qu’à priori la cigarette électronique ne tue personne sauf abus : évidemment si vous avalez 10cL de Nicotine pure ça va vous tuer, mais dans un usage classique vous n’avez pas de dégâts ou dommages. On s’étonne qu’il y ait des normes aussi contraignantes sur cette alternative qui permet aux fumeurs d’arrêter le tabac, et d’améliorer leur santé et la santé publique. »

 

Pourquoi certaines personnes cherchent donc à mettre des bâtons dans les roues à ce produit ?

« Évidemment on peut s’interroger sur ce qui motive ce genre de décisions. On s’imagine bien que les lobbies du tabac, les cigarettiers et les industries pharmaceutiques, sur un marché aussi juteux, aient envie de s’approprier ce marché, pour l’instant ce marché est un petit peu hors de concours. Même l’OFDT a reconnu que la cigarette électronique jouait un grand rôle dans la baisse sans précédent de consommation du tabac en 2013. Tout le monde s’accorde à dire que ça fonctionne, et que les projections eu égard à cette explosion sont très optimistes : un institut très connu a même fait une projection à 50 % de taux de fumeurs ces dix prochaines années. Les chiffres oscillent entre 7,6 et 8,3 % de fumeurs en mois en une année pour 2013, ce qui n’était jamais arrivé. Et on peut se douter que ce qui a changé c’est l’avènement de la cigarette électronique, et on peut se dire, sans être catégorique, que le système y est pour une large part.

 

Vous considérez la cigarette électronique comme une solution de soin aux cigarettes électroniques, il n’y a pas de personnes qui commencent par la cigarette électronique ?

Non, je ne pense pas que ça soigne car déjà je ne pense pas que le tabac soit une maladie, donc partant de là la cigarette électronique n’est pas un médicament : c’est une alternative qui a pour principal avantage de pas utiliser la combustion, donc de préserver les gens des principaux méfaits du tabac qui sont liés à la combustion (monoxyde de carbone, goudron,…). S’il n’y a pas de combustion, vous ne pouvez pas fumer. Et dans ce cas-là les gens trouvent une alternative crédible, efficace et qui a pour avantage d’entre beaucoup, beaucoup, beaucoup moins nocive pour la santé. Ce n’est pas un soin, ç’est une alternative. Alors certains s’en servent pour se sevrer du tabac avec comme idée sous-jacente de cesser la cigarette électronique aussi rapidement que possible, ce qui est très bien, mais il y en a beaucoup d’autres qui y voient un autre moyen de se délivrer à eux même de la nicotine. Ce point de vue est tout aussi respectable, d’ailleurs on essaye de pas faire de proxénétisme à l’AIDUCE, de pas avoir de dimension moralistes non plus. On ne cherche pas à juger la motivation des gens. L’idée de se servir de la cigarette électronique pour se sevrer dans le cas d’un parcours médicamenteux ou médical, très bien, pourquoi pas. Ceux qui s’en servent pour arrêter la cigarette sans penser arrêter la cigarette électronique, c’est très bien aussi. L’idée de s’en servir pour réduire sa consommation de tabac ou profiter des arômes qui peuvent exister avec la cigarette électronique, pourquoi pas. Nous ne sommes pas là pour juger çà, ce qui nous intéresse c’est que chacun conserve son libre-arbitre et ses droits. C’est dans cette démarche là qu’on se situe et qu’on essaye de fédérer les vapoteurs car ils sont de profils extrêmement différents. Vous avez des gens de tous horizons, de toutes classes sociales avec des parcours complètement différents. Tous les profils sont là, et c’est parce que la cigarette électronique n’est pas contraignante, qu’elle est efficace contre le tabac. Plus il y aura de contraintes sur la cigarette électronique et moins elle sera efficace, et son taux d’efficacité se rapprochera de ceux du patch et des autres substituts. Je crois que l’efficacité d’un patch c’est 6 %, des gens qui s’arrêtent de fumer, la volonté seule à la dure c’est 10 %, ça fait donc 85 % des gens qui sont laisser sur le carreau, et 85 % c’est beaucoup, et nous c’est à ces gens-là qu’on s’adresse. »

 

Du coup il ne faudrait pas que les gens commencent par fumer des cigarettes électroniques, mais passent uniquement des cigarettes « tueuses » aux cigarettes électroniques ?

« Oui, mais que les non-fumeurs se mettent à la cigarette électronique je ne vois pas l’intérêt, mais je ne suis pas un moraliste je ne suis pas un hygiéniste donc je ne suis pas là pour leur dire « c’est mal, arrêtez », parce que en l’occurrence il a jamais été prouvé que la cigarette électronique était une passerelle en direction du tabac. Donc si la cigarette électronique est utilisée par elle-même, pour elle-même sans conduire à un tabagisme réel et avéré, moi je ne me sens pas le droit de dicter leur conduite état donné qu’aujourd’hui il n’y a aucun enjeu de santé publique sur la cigarette électronique. D’un point de vue moraliste et hygiéniste on peut considérer que c’est mal, mais tant qu’on n’aura pas prouvé, et c’est mal parti pour le faire, que la cigarette électronique est un passage transitoire vers le tabac fumé, il y a pas de raison d’interdire aux gens de vapoter, même s’ils ne sont pas fumeur. Évidemment en tant qu’ancien fumeur je trouve ça bête de se mettre un fil à la patte avec de la nicotine,on est pas obligé de mette de la nicotine dans une cigarette électronique non plus, et de toute façon la passerelle de l’un vers l’autre est très très peu probable à mon avis pour plusieurs raisons. D’une part la dynamique d’absorption de la nicotine dans le corps et par le cerveau est très différente entre le tabac fumé et la cigarette électronique. Il faut vapoter en continu pendant 35 minutes pour obtenir le même taux de nicotine ce qui est très improbable. Ce qu’on absorbe avec une cigarette électronique est très différent de ce que l’on absorbe avec une cigarette traditionnelle. En générale ce qui force l’addition c’est la force du shoot, c’est pour ça qu’on considère que les patchs et les gommes sont safes car on n’a pas cet effet de pic. Avec la cigarette électronique on est un peu entre les deux, la dynamique est différente, on n’a pas cet effet de shoot qu’on obtient avec la cigarette classique. D’autre part les arômes sont différents, l’arôme du tabac n’existe pas dans la cigarette électronique, les arômes sont divers et variés. J’imagine très mal, ayant été moi-même fumeur pendant des décennies, que quelqu’un qui vapote pour la saveur melon ou capuccino puisse passer facilement de ce procédé là et de ce goût-là vers une cigarette qui est très violente pour les non-fumeurs.

Que la cigarette électronique conduise au tabagisme pur, je ne pense pas, non : ce n’est pas la cigarette électronique qui va pousser un non-fumeur à fumer, elle ne sera pas l’élément déclencheur. Les seules études sur le sujet, menées je crois par l’OFT, montrent qu’il y a en effet des jeunes qui utilisent la cigarette électronique, mais qu’ils sont, pour une majorité écrasante, déjà des fumeurs. Dire qu’il y a un lien de causalité entre cigarette électronique et tabagisme, c’est aller déjà très loin, au-delà de ce que l’on peut tirer de ces chiffres pour l’instant…

 

Et que pensez-vous de la taxation sur le produit ? Du rôle de l’industrie du tabac et de l’Etat sur d’éventuelles taxes ?

L’Etat, malheureusement pour nous, est composite : on ne pense pas la même chose au Ministère de la Santé et au Ministère des Finances et du Budget par exemple… C’est dommageable, car si l’on doit troquer la santé des gens contre une recette fiscale à court terme, cela remet en question le principe même de questionnement de l’Etat…

Pour l’instant le Ministère des Finances ne s’est pas prononcé : si vous voulez une anecdote, il y a eu une brève relayée par le Parisien il y a quelques mois, qui n’y est restée qu’une matinée, annonçant une nouvelle taxation sur les sodas ainsi qu’un certain nombre de produits ET sur la cigarette électronique. L’AIDUCE a tout de suite réagi en publiant un billet disant qu’il était impensable de taxer la cigarette électronique…

Ce qu’il faut bien voir, c’est que l’on pourrait diminuer plutôt les dépenses liées au tabac si l’on passait à la cigarette électronique en passant de 15 Milliards de recettes dues aux taxes à 45 Milliards de dépenses sauvegardées en délaissant le tabagisme. Sachant que la cigarette électronique est déjà, comme tout le reste, taxée à 20%…

Est-ce qu’aujourd’hui on considère la cigarette électronique comme un produit connexe du tabac ?

Pour l’instant, ce n’est pas un produit du tabac en tant que tel, puisqu’il ne contient pas de tabac. Ça n’a pas le goût du tabac, ça ne contient pas de tabac, c’est le « Canadian Pie » du tabac. Pour l’instant, au niveau de la fiscalité, il n’y a aucune raison qui justifie qu’on lui applique la fiscalité du tabac ou les règles particulières de vente, car je vous rappelle qu’en France le tabac est soumis à un monopole de distribution. Il n’est pas question aujourd’hui : ce sera un produit connexe du tabac, ce qui est déjà énorme et montre une dynamique négative car c’est plutôt un produit pour sortir du tabac, c’est hors de toute logique… Toutefois on n’exclut pas qu’il y ait des velléités taxatives de la part de l’Etat puisqu’a priori tout est taxé et chaque nouvelle rentrée est bonne pour essayer de remplir le tonneau des Danaïdes. On s’y opposerait farouchement parce que rapprocher la cigarette électronique du tabac c’est encourager les gens qui ne fument plus et qui se battent à retourner fumer sachant qu’il existe des filières à la fois officielles et officieuses pour trouver du tabac pas cher à l’étranger. On est en train de libéraliser le marché du tabac alors qu’on contraint celui de la cigarette électronique : je vous rappelle qu’il y a un petit paragraphe dans la directive européenne à propos de la cigarette électronique qui prévoit que les états pourraient restreindre la liberté de circulation des marchandises concernant la cigarette électronique et notamment interdire les ventes transfrontalières, ce qui serait un grave manquement aux principes fondateurs de l’Europe, ce que nous ne manquerions pas de soulever devant des autorités compétentes.

 

Justement, quel est l’état de la législation dans les autres pays d’Europe ?

L’Italie est un bon exemple car la cigarette électronique y marchait très fort avant qu’il n’y ait cette taxe de 73% sur le prix global. Les ventes de cigarettes électroniques en Italie ont alors chuté : cela a eu un effet immédiat sur le sort de la cigarette électronique et les gens ont soit continué d’utiliser la cigarette électronique à travers les marchés parallèles soit sont retournés vers le tabac.

 

Avez-vous des informations sur les arômes de la cigarette électronique, en tant que composant à ajouter au produit et dans le rôle qu’ils jouent pour la vente ? On parle beaucoup d’en interdire certains notamment…

La directive européenne a laissé les Etats libres de légiférer sur les arômes : là aussi, pour ce qui est des arômes, c’est un peu un non-sens puisque le tabac est totalement absent des arômes. Bien évidemment, les arômes sont un élément essentiel dans l’efficacité de la cigarette électronique. C’est pour l’instant un plaisir mais si certains arômes devaient être interdits – arômes alimentaires que l’on consomme par ailleurs tous les jours dans l’industrie – ce serait en quelque sorte une interdiction déguisée de la cigarette électronique. Une cigarette électronique sans arôme, forcément, c’est un produit dont l’efficacité est bien moindre et ce sera toujours un moyen de renvoyer les gens vers le tabac. On parle à l’heure actuelle de 85%, en 8 et 9 fumeurs sur 10 qui sont « en dehors du circuit médical », c’est-à-dire qui n’arrivent pas à arrêter du fumer avec les solutions qui existent aujourd’hui, alors qu’avec la cigarette électronique on est à plus d’un fumeur sur deux qui arrête le tabac. Si demain il n’y a plus d’arômes, ce sera un échec.

 

Quid des arômes ?

Les arômes alimentaires sont consommés tous les jours dans l’alimentaire certes pas sous cette forme. Les interdire serait une sorte d’interdiction déguisée de la cigarette électronique, car sans arôme, l’efficacité sera bien moindre. Ce sera un moyen de renvoyer les gens vers le tabac. 85% des fumeurs ne parviennent pas à arrêter de fumer avec les solutions qui existent à l’heure actuelle. On peut interdire quelque chose qui marche à 5%, sur les forums c’est évalué à 70%, c’est peut-être un peu haut mais c’est au moins 1 fumeur sur 2 qui a pu arrêter grâce à la cigarette électronique.

 

Peut-on revenir quelques instants sur la question de la dangerosité de la cigarette électronique ?

Tant qu’il n’y a pas de nocivité de la cigarette électronique je ne vois pas au nom de quoi on devrait l’interdire. Il faut certes surveiller mais sinon je ne vois pas pourquoi on devrait interdire. Les voitures diesel aussi sont nocive.

Concernant le propylène glycol, il s’agit d’un produit qui est extrêmement bien connu et sur lequel on n’a pas à se poser de question particulière. La „glycérine“ végétale est déjà utilisé dans les conditions de la CE : pas dangereuse. Elle pourrait l’être au delà de 250° mais comme d’autres produits (cf vidéo 29’30). Même si on peut se poser des questions, on ne dépasse pas les seuils de dangerosité. Ce qui me dérange beaucoup c’est l’abus du principe de précaution surtout qu’en face il y a un enjeu de santé public majeur.

 

Que pensez-vous du comportement des vendeurs d’e-cigarettes ?

Et il y a déjà de la surveillance : la plupart des magasins refusent de vendre aux mineurs  ce que ne font pas les buralistes : 60% des buralistes ont déjà vendu à des mineurs. La plupart des vendeurs de CE sont consciencieux, servent des avertissements de manière préventive aux gens qui ont des problèmes cardiaques, aux femmes enceintes, …

 

Que pensez-vous de l’article paru dans le magazine 60 millions de consommateurs, très critique envers la cigarette électronique ?

On a dénoncé cette article, je crois que 60M de conso a fait son mea culpa sous une forme atténuée mais on en attendait pas moins de la part d’un organisme … (ref à un administrateur dont il faudrait regarder son origine (min 30’30)). Oui il y a ces substances dans la cigarette électronique mais dans les mêmes proportions que dans les patchs et les patchs ne sont pas des produits du tabac mais des médicaments. Il peut y avoir d’autres substances dangereuses mais qui viennent d’un parfait mésusage de la CE: l’acroléyne (cf 31’20). C’est un dry it, vous avez alors une sensation ignoble en gorge, vous allez tousser et évidemment vous n’allez pas utiliser votre CE. Donc les machines à fumer qui ont été utilisés pour ce test ne sont pas adaptées et ont pu générer des exemples parfaits de mésusages et dans ces conditions ont pu révéler des polluants : ça n’a aucun sens.

En général on reste entre 60 et 100°C et l’on a pas de polluant particulier et les cancérigènes qui peuvent exister sont en doses admissibles. Les études menées pour le moment montre bien qu’il n’y a pas de danger particulier.

 

Quelle est la position des grands groupes, et quelle est l’emprise des institutions sur les constructeurs d’e-cigarette ?

L’Europe veut mettre les produit entre les mains de quelques grands industriels. Il faut notamment déclarer 6 mois à l’avance l’arrivée d’un nouveau produit : ça n’est pas du tout à l’avantage de la cigarette électronique. Les seuls pour qui ça ne pose pas de problème sont les grands cigarettiers et l’industrie pharmaceutique : influence des lobbies.

Les grands groupes du tabac qui ont racheté des petits fabricants n’ont rien produit tout comme l’industrie pharmaceutique.

 

Il existe aujourd’hui de nombreuses normes « privées » (qui ne relèvent que du fabricant n.d.l.r) au sujet de la cigarette électronique. Pensez vous qu’il serait préférable de supprimer ces normes privées et imposer un seul type de norme public ?

            Il existe en effet de nombreuses normes aujourd’hui qui relèvent essentiellement des fabricants. Dès lors que les normes sont privées, il se pose évidemment la question de la pertinence des normes de chacun des fabricants. Je ne pense pas cependant qu’il soit dans l’intérêt des fabricants de réaliser des produits de mauvaise qualité, et d’autant plus dans le contexte de très haute compétitivité sur le marché de la cigarette électronique. Dès lors que les consommateurs repèrent un produit « nocif », celui ci est en effet immédiatement signalé sur les forums ou sur les sites de consommateurs. Si un produit est « blacklisté », il est sujet à la très grande méfiance des acteurs, ce qui est synonyme d’une très grande difficulté à écouler le produit. Les associations de consommateurs sont vraiment très réactives pour cela. Vous savez, au début, la cigarette électronique n’était l’œuvre que de quelques bricoleurs dans leurs ateliers et non de laboratoires de grands groupes de tabac. L’incroyable évolution de la qualité de la cigarette électronique depuis ses débuts jusqu’à nos jours n’est que l’œuvre des associations de consommateurs, qui signalaient les produits dangereux après essais auprès d’un public restreint. Cet évolution montre bien l’efficacité des normes privées dans le développement de la cigarette électronique, à l’inverse de normes publiques, qui mettraient un temps beaucoup plus long pour s’adapter aux produits du marché.

 

            D’ailleurs, on voit bien que dès qu’un marché, quel qu’en soit le type, est noyauté par deux, trois ou quatre acteurs, on assiste à des arrangements inévitables entre acteurs. Ces arrangements se font presque toujours au détriment du consommateur, et c’est pour ces raisons que nous sommes en faveur du maintien de la grande diversité des normes privées qui existent aujourd’hui.

La controverse autour de la cigarette électronique revient finalement à la définition que l’on donne à cette dernière. Comment définissez vous la cigarette électronique ?

La cigarette électronique est pour nous un produit de consommation courante, et doit être reconnu comme tel par l’ensemble des acteurs.

 

Que répondez vous aux gens qui sont pour l’emploi de l’e-cigarette comme un médicament ou un outil de sevrage tabagique ?

Tout le débat qui cherche à réduire l’e-cigarette comme un médicament ou un outil de sevrage tabagique est absurde. Les scientifiques qui défendaient hier les méfaits de la cigarette électronique en faveur de certains lobbys se rendent aujourd’hui compte que elle n’est pas du tout aussi dangereuse que la cigarette traditionnelle, et c’est pour cela que l’on parle aujourd’hui de l’ « exemplarité du fumeur de cigarette électronique vis à vis de celui de la cigarette traditionnelle. » : fumer est jugée maintenant non plus du point de vue scientifique mais d’un point de vue moral. Les détracteurs de la cigarette électronique veulent réduire cette dernière à un simple outil de sevrage tabagique. Mais nous voulons que l’on reconnaisse la cigarette électronique comme une autre manière de fumer, et que l’on cesse de porter un jugement moral sur la cigarette électronique sous prétexte que « fumer, c’est mal ». Nous souhaitons offrir la possibilité aux fumeurs d’arrêter de fumer si ils le souhaitent, mais nous vouons aussi fournir un moyen moins dangereux de fumer à ceux qui veulent continuer de fumer. C’est pour cette raison que nous condamnons la position moralisatrice de la grande majorité des acteurs autour du débat sur la cigarette électronique. Il faut que chacun ait un point de vue pragmatique sur la cigarette électronique et sur ce qu’elle peut apporter, et non un point de vue idéalisé, qui voudrait que tout ceux qui se mettent à la cigarette électronique arrêtent de fumer. On observe aujourd’hui que les acteurs cherchant à éliminer ou à s’arroger la cigarette électronique exploitent abondamment la vision moralisatrice de la cigarette qui a été développé par les campagnes publicitaires.Cette vision n’a aucun lien avec les faits et la science et par conséquent nous la condamnons.

 

 

Que pensez vous de la législation actuelle autour de la cigarette électronique ?
 

Beaucoup de choses se font actuellement du coté du gouvernement français mais aussi du coté de la commission européenne. Pour l’instant, la législation du gouvernement français laisse le marché de la cigarette électronique tel quel, et n’impose pas de normes très contraignantes pour l’instant. En revanche, les décisions prises par la commission européenne ne vont pas dans le bon sens. Il faut que le but des législations actuelles soit de fournir aux consommateurs les meilleures conditions pour passer de la cigarette traditionnelle à la cigarette électronique. Ce n’est pas encore l’objectif avoué des législateurs, qui cherchent encore à réduire la cigarette électronique à un produit du tabac, ce qui revient à ne pas reconnaître les bienfaits de l’e-cigarette vis à vis de la cigarette traditionnelle, ou bien un outil de sevrage tabagique, ce qui revient à ne pas reconnaître que la cigarette électronique peut également être considérée par les fumeurs comme un autre moyen de fumer.

 

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