Est ce toxique?

Un danger potentiel ?

Ces dernières années, les cigarettes électroniques ont connu un essor phénoménal, notamment en Angleterre qui est un exemple marquant: près de 9% des fumeurs au Royaume-Uni l’ont déjà essayée . Il devient alors nécessaire de connaître son effet sur la santé. La toxicité de la cigarette électronique devient ainsi un noeud majeur de controverse…

D’un côté, les partisans de la cigarette électronique (l’AIDUCE, l’OFT, et de nombreux médecins) arguent qu’une cigarette sans fumée est bien moins nocive que les cigarettes classiques puisque c’est avant tout les substances contenues dans le tabac qui provoquent des maladies mortelles. La cigarette électronique étant utilisée sans tabac, elle est sans combustion, il n’y aurait pas de danger pour la santé des consommateurs. Ils insistent également sur le fait que prendre de la nicotine de cette façon est bien plus agréable que sous la forme des substituts (patch, gommes, etc.) et au moins aussi efficace dans l’aide au sevrage tabagique.

D’un autre côté, leurs opposants (certains médecins et pharmaciens, lobbies du tabac, ou encore buralistes…) pensent que l’impact de certaines substances présentes dans les cigarettes électroniques n’a pas encore été démontré. Ils conseillent alors d’utiliser plutôt les substituts nicotiniques autorisés qui ont l’avantage d’être soumis à des procédures rigoureuses de production et de contrôle.

 

Fin juillet 2009, l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, Food and Drug Administration (FDA), a publié un article contre les risques possibles des cigarettes électroniques. Des études et expériences en laboratoire auraient révélé la présence de substances toxiques ou cancérigènes dans les cigarettes électroniques :“The FDA’s Division of Pharmaceutical Analysis analyzed the ingredients in a small sample of cartridges from two leading brands of electronic cigarettes. In one sample, the FDA’s analyses detected diethylene glycol, a chemical used in antifreeze that is toxic to humans, and in several other samples, the FDA analyses detected carcinogens, including nitrosamines. These tests indicate that these products contained detectable levels of known carcinogens and toxic chemicals to which users could potentially be exposed.” [1]

 

L’Office Français de prévention du Tabagisme (OFT) a publié en mai 2013 un rarapport de l'oftpport sur la cigarette électronique qui stipule « que les recherches de substances cancérigènes dans la vapeur de la e-cigarette n’identifient actuellement aucun produit cancérigène probable ou certain pour l’homme.” [2] Une étude parue dans la Revue des Maladies Respiratoires qui a établi une comparaison de l’aérosol de la cigarette électronique à celui des cigarettes ordinaires et de la chicha, a montré que la cigarette électronique ne présentait pas de risque de « tabagisme passif ». [3]

 

L’utilisation de la cigarette électronique peut-elle mener à un tabagisme passif ?
 

Cependant dans le même temps, une étude de 60 millions de consommateurs (magazine de l’Institut National de la Consommation (INC), de service public) [4] a montré que la cigarette électronique contenait des produits cancérigènes bien que dépourvu de tabac (acroléine, formaldéhyde,…), et que les indications inscrites sur les flacons ne sont que trop peu semblables à leurs compositions réelles. L’AIDUCE a immédiatement réagi et dénoncé cet article où les « conditions expérimentales de mesure semblent extrêmement éloignés de l’utilisation classique d’un consommateur », et les conclusions tirées des résultats de cette étude proviendraient d’un mésusage de la cigarette électronique. [5]

Peut on imputer la dangerosité de la cigarette électronique à un  mésusage ?
 

D’après le professeur Dautzenberg, “la dangerosité de la cigarette électronique évolue en permanence avec la mise au point de nouveaux produits. La toxicité liée à la composition même d’une cigarette électronique s’améliore donc considérablement d’une année sur l’autre puisque les modèles évoluent rapidement. On est passé de modèles peu sûrs dans les années 2008-2010 à des modèles perfectionnés aujourd’hui.  En revanche, l’opinion publique met un temps beaucoup plus long à changer d’attitude ou de position vis à vis de l’e-cigarette. La cigarette électronique restera donc encore associée dans les mentalités à un produit dangereux pendant encore quelques années.”   [6] C’est ainsi que se posent toutes les questions sur la dangerosité de la cigarette électronique, car les substances cancérigènes ont été détectées à des niveaux bien inférieurs que lors de la combustion du tabac. Si la FDA ou l’INC mettent en garde contre l’éventuelle toxicité des e-cigarettes, le docteur Dautzenberg et l’AIDUCE assurent qu’elles restent nettement préférables à une consommation de cigarettes classiques. Si la cigarette électronique est infiniment moins dangereuse que la cigarette « tueuse » pour les partisans de la cigarette électronique, il est encore difficile d’évaluer l’impact réel de la cigarette électronique sur la santé des consommateurs. Les différentes institutions demandent de nouvelles recherches pour qualifier réellement le degré de toxicité des cigarettes électroniques.

 

Bibliographie:

[1] Site de la Food and Drug Administration, page de communiqués de presse, disponible sur http://www.fda.gov/newsevents/newsroom/pressannouncements/ucm173222.htm, consulté le 14 avril 2014

[2] « Rapport et avis d’experts sur l’e-cigarette », publié en mai 2013, rédigé par l’équipe de l’OFT, présidé par Bertrand Dautzenberg, disponible sur http://www.ofta-asso.fr/docatel/Rapport_e-cigarette_VF_1.pdf, consulté le 14 avril 2014

[3] Bertholon J.-F., Becquemin M.H., Roy M., Roy F., Ledur D., Annesi Maesano I.,          Dautzenberg B., « Comparaison de l’aérosol de la cigarette électronique à celui des    cigarettes ordinaires et de la chicha », Revue des maladies respiratoires, numéro 30, publié   en 2013, p752-757

[4] Magazine « 60 millions de consommateurs », numéro 485, publié en septembre 2013

[5] Interview de Stéphane Bouniol, Vice-président de l’AIDUCE

[6] Interview de Bertrand Dautzenberg, président de l’OFT