Interview d’un vendeur de cigarettes électroniques parisien

Lors de nos recherches sur la cigarette électronique, nous avons eu l’occasion d’interviewer un vendeur de cigarette électronique parisien.

 

Les vendeurs spécialisés de cigarette électroniques étaient estimés à 300 en France fin 2013, mais ce chiffre qui a largement augmenté depuis.

 
 
Est-ce facile d’ouvrir un magasin?

Non ça n’est pas facile, il faut investir un petit peu.

 

Quels sont les clients que vous avez? Avez-vous des non-fumeurs?

Jamais de nouveaux consommateurs. Jamais. Très très peu de jeunes.

 

Est-ce pour arrêter de fumer que l’on achète une e-cigarette ?

La cigarette électronique c’est fait pour arrêter mais aussi pour continuer de fumer différemment, avec moins de risques. On retrouve des choses comme le goût, l’odorat, le souffle.

 

Quelles sont les questions que l’on vous pose quand on vient acheter une cigarette électronique ?

Comment ça marche? Les risques pour la santé. Les goûts possibles.

 

Que répondez-vous sur la dangerosité ?  

Pour la dangerosité, on reprend ce que disent les médecins. Pour les médecins c’est entre 100 et 1000 fois moins dangereux qu’une cigarette classique. Allez voir l’appel des 100 médecins. Pour les médias c’est différent, on ne sait pas pourquoi, ils aiment bien critiquer. Souvent il y a des lobbies derrières.

 

Quels sont ces lobbies ?

Fabricants de tabacs, buralistes, peut-être l’Etat aussi

 

Les fabricants de tabac ne comment-ils pas à racheter les fabricants de cigarettes électroniques ?

Non. Ça c’est un bruit qui court. Oui et puis comme quoi Malboro va sortir sa cigarette etc, ceux sont des bruits qui courent. Les grands du tabac vont tout faire pour détruire la cigarette électronique ça n’est pas du tout dans leur intérêt. Leur chiffre d’affaire chute un petit peu.

Il y a aussi que le prix du tabac en France est très cher.

 

Que pensez-vous de la décision de justice du tribunal de Toulouse ?

Le débat était sur la façon dont le vendeur faisait de la publicité sur ses cigarettes électroniques. Ce n’est pas rapport à ça que le buraliste a eu gain de cause. Mais aujourd’hui, on peut se mettre à côté d’un buraliste sans problème.

 

Quelle est votre méthode de communication ?

Flyers mais pas grand-chose d’autres

 

Qu’est-ce que vous y mettez en  valeur ?

Les économies que l’on réalise, le fait que ça soit moins nocif, certaines libertés avec le nombre d’arômes possibles… Le fait de ne pas intoxiquer les gens autour de nous car il n’y a pas de tabagisme passif.

 

Quel avenir pour les nombreux magasins ?

Il y a les derniers magasins qui sont en train d’ouvrir et puis il y a plein de gens qui vont s’apercevoir qu’ils gagneraient plus à vendre autre chose. Le problème aussi c’est que tout le monde vend des cigarettes électroniques : buralistes, stations essence, certains supermarchés. Mais ça n’est pas souvent de la qualité, il n’y a jamais d’explication. Mais oui des magasins spécialisés uniquement sur l’e-cigarette, il n’en restera que très peu, beaucoup moins que des bureaux de tabac.

 

Quid de la qualité ?

Moi je vais directement en Chine pour voir les usines, voir le suivi de fabrication, tester les produits. Tout le matériel sauf les recharges vient de là-bas. Il n’y en a pas beaucoup qui font ça. Et cette qualité je la mets en valeur puisque je garantie mes batteries 6 mois contre 1 mois pour les autres vendeurs. La plupart des magasins achètent à des grossistes.

 

Existence de normes de qualité ?

Plusieurs types de qualité. Si on achète en Chine, il y a plusieurs qualités de fabrication souvent ça varie avec le prix. Il y a aussi beaucoup de batteries qui rentrent en France qui ne devraient même pas être vendus car elles n’ont pas de conformité européenne.

 

Quid de la régulation ?

Ça c’est mon avis personnel, c’est vrai que je défends un peu mon commerce mais les tabacs ça fait 100 ans qu’ils vendent de la mort, aujourd’hui ils veulent vendre la cigarette électronique alors que ça n’a rien à voir avec une cigarette classique. Parce que sinon, nous aussi on vend des cigarettes. Moi je pense qu’il faut une législation qui impose aux vendeurs d’e-cigarettes d’être spécialisés pour expliquer à un client comment ça fonctionne parce qu’il y a des choses à savoir quand même : manipulation de la batterie, remplissage de e-liquide, montrer tous les modèles. Nous on fait essayer les modèles contrairement aux fabricants de tabac. Il faudrait au moins que les buralistes aient une formation. Quand on en trouve dans des supermarchés, il n’y a aucun encadrement

 

Autre chose, on parle beaucoup de la cigarette électronique, de sa dangerosité, du recul que l’on n’a soi-disant pas. Mais (et là ex du téléphone portable). Parce que la cigarette électronique, ça n’est pas prouvé scientifiquement que c’est nocif. C’est un faux débat la dangerosité. Je trouve ça aberrant que l’on s’acharne comme ça sur l’e-cigarette alors que le corps médicale est à fond derrière que le recul que l’on a est quand même plutôt bon (vingtaine d’années). A ce jour on n’a pas décelé de choses graves.

 

 

Que pensez-vous de l’étude sur la cigarette électronique dans 60 millions de consommateurs ?

 

Il y a une étude qui est passé en septembre dans 60 Millions de consommateurs avec les compositions des cigarettes électroniques. C’est une honte, ils ne disent même pas comment ils réalisent leur test, ni les quantités de ce qu’ils ont trouvé. Et il faut savoir que ce qu’ils ont trouvé, on le retrouve également dans l’air, dans l’eau, dans le poisson… Donc aujourd’hui, franchement, les médias sont ultra-critiques avec la cigarette électronique, les pays ne savent pas trop comment réagir non plus, chacun va un peu faire ses propres lois, sauf que cela sera toujours en vente libre. Ce qui va être imposé sont les taxes ou encore les dosages en nicotine, mais le débat de la dangerosité est un faux débat, il y a beaucoup de lobbys derrière, des gens qui ont des milliards, les fabricants de cigarettes et des états, ils bouffent ensemble, partent ensemble en vacances.

 

 

Est-ce que si j’ai de l’argent, tout de suite, je peux l’investir et directement ouvrir un magasin de cigarettes électroniques ?

 

Tout le monde peut ouvrir un magasin de cigarette électronique, bien sûr, comme tout le monde peut ouvrir de piles (ndlr: la cigarette électronique est principalement composée d’une pile), tout le monde peut ouvrir un magasin de téléphone.

 

Il y a différents types de cigarettes électroniques. Pouvez-vous nous en parler ?
 

Déjà, nous ne faisons pas de jetables, car les cigarettes électroniques jetables sont souvent pré-remplies, et on ne sait pas quand elles l’ont été, or les liquides ont des dates de péremption, souvent les jetables viennent également de Chine. Et au niveau des recharges, on fait des liquides italiens et français. C’est toujours le même principe, vous avez un chyromiseur, on dévisse, on prend sa petite bouteille de liquide et on revisse.

 

Et n’y-a-il pas des moments où le liquide peut s’échapper ?

 

Cela dépend des modèles. Après il faut éviter de fumer en inclinant la cigarette électronique vers soi, de tirer trop sèchement dessus en fumant, mais maintenant il existe des modèles qui ne suintent pas du tout et qui ne fuient pas de tout, mais il y a des modèles où cela peut fuir un tout petit peu, si la cigarette est mal tenue. C’est alors un peu désagréable mais ce n’est pas la fin du monde.

 

Quels sont les retours des consommateurs et quelle est la part des gens qui sont convaincus tout de suite ?

 

Eh bien, tous ceux qui essayent sont convaincus, même si il y a beaucoup de gens aujourd’hui, qui après avoir lu des articles dans la presse, ne s’intéressent pas à la cigarette électronique car ils pensent parfois qu’elle est même plus dangereuse que la cigarette traditionnelle. Il faut dire que la cigarette électronique n’est pas non plus une cigarette, même si en termes de sensation aujourd’hui on a un produit qui permet de se sevrer un peu du tabac, où on retrouve beaucoup de sensations similaires. Cela n’a pas le poids ni la taille d’une cigarette, il n’y a pas non plus des substances telles que le mercure, le plomb ou le butane. On retrouve une sorte de shoot avec la cigarette électronique, mais uniquement dû à la nicotine.

 

Est-ce que pour vous, le nom “cigarette électronique“ est bien choisi ?

 

Le nom est très bien choisi, je trouve, puisqu’on retrouve quand même certaines sensations. Etes-vous fumeur vous-même ? Vous auriez pu vous rendre compte des ressemblances. Quand vous prenez une bouffée, vous avez quand même la sensation de la fumée dans la gorge, vous recrachez la fumée, la nicotine vous permet d’avoir au cerveau ce petit shoot caractéristique dont on parlait tout à l’heure. Ce n’est pas une cigarette mais ça y ressemble beaucoup.

 

Au niveau des liquides, comment conseillez-vous le taux de nicotine à adopter ?

 

C’est très simple. Il suffit de prendre le paquet de cigarette du client. Par exemple, pour des marlboro light, c’est 0.7mg de nicotine par cigarette, et si il fume par exemple 20 cigarettes par jour, 0.7*20 = 14 donc on va lui conseiller cette dose.

 

Une question par rapport à la législation. Les cigarettes électroniques sont interdites de ventes aux moins de 18 ans aujourd’hui, qu’en pensez-vous ?
 

Pour précision, c’est la nicotine qui est interdite de ventes aujourd’hui. Mais je vais vous le dire franchement, aujourd’hui un gamin de 16 ans qui rentrent dans un bureau de tabac pour acheter des cigarettes, on va les lui vendre. Alors si je le vois qui arrive ici, déjà je vais lui demander s’il fume, et pourquoi il veut acheter une cigarette électronique, et je lui vends. Franchement, il a son paquet de Marlboro dans la poche. Au final, je ne trouve pas que cette interdiction soit une bonne idée. On empêche les jeunes de basculer vers un support qui pourrait les aider à arrêter de fumer, avec moins de nocivité.

 

Mais le problème ne serait-il pas justement que cela aurait pour effet de banaliser l’acte de fumer, et qu’ils viennent alors qu’ils ne sont pas fumeur ?

 

On pourrait interdire pour les moins de 16 ans ou quelque chose comme ça. Ce que je peux vous dire, c’est que personnellement, je n’ai jamais vendu de cigarette électronique à quelqu’un qui ne fume pas.

 

Donc pour vous, ce phénomène de banalisation n’existe pas ?

 

Non, et puis de toute façon si un gamin veut fumer, il veut fumer.

 

On vous demande souvent des parfums ?

 

Oui bien sûr souvent. Il y a une large gamme de parfum qui démarque l’e-cigarette des cigarettes traditionnelles. Les parfums les plus demandés sont tabac blond et menthe, fruit rouge, pêche, passion.

 

Encore une question par rapport à la législation. Actuellement, il est interdit de fumer dans les lieux publics, qu’en pensez-vous ?
 

Ça ne me choque pas, je comprends que, par exemple dans le bus, les gens ne souhaitent pas avoir des fumeurs de e-cigarettes fumer à côté d’eux. Les nuages de fumée sont un peu comme des nuisances, même si cela est inodore et non nocif. En plus, la fumée se dissipe beaucoup plus vite et il n’y a pas de tabagisme passif. Malgré tout, c’est assez logique que cette pratique soit interdite dans les lieux publics.

 

 

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