Ecriture Inclusive

 

Depuis le 16 mai 2018, le terme d’ « écriture inclusive » fait partie des mots du dictionnaire Le Robert. L’écriture inclusive y est définie comme « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes. »

Le 23 septembre 2017, suite à la parution d’un manuel scolaire utilisant l’écriture inclusive, une vague de réactions provenant de nombreux acteurs très divers a contribué au lancement de la controverse portant sur ce sujet.

Nous vous  en proposons un point de vue global ou un parcours linéaire en continuant sur cette page.

Cette progression linéaire reprend les éléments de la controverse, via un parcours que nous avons choisi et qui amène graduellement d’un nœud de controverse à un autre, en partant de la question qui a engendré la création de l’écriture inclusive.

Y a-t-il un problème de sous-représentation féminine dans la langue ?

Avis défavorable

Certains prétendent que la règle du « masculin l’emporte sur le féminin » réduit considérablement la visibilité du genre féminin dans la langue française. Cette considération ne fait pourtant pas l’unanimité et est contestée par ceux qui considèrent que le masculin joue le rôle du genre neutre dans la langue française et représente donc les deux genres dans les cas où la règle mentionnée ci-dessus s’applique. C’est la position de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale.

« Le masculin n’est pas plus neutre

que le suffrage n’a été universel 

jusqu’en 1944″

HCE

Avis favorable

Le raisonnement selon lequel il n’y aurait pas de sous représentation féminine dans la langue car dans la plupart des cas le masculin peut avoir valeur de neutre et représenter les deux genres est remis en question par l’académicien Michel Serres : « Un des arguments affichés pour que le masculin l’emporte sur le féminin, est que le masculin joue le rôle du neutre, absent de la langue française. Aucun traité de linguistique ni de grammaire ne relate cette absurdité». Cette prédominance du genre masculin peut engendrer une impression de non visibilité du genre féminin dans la langue française.

En considérant qu’il existe une sous représentation féminine dans la langue française, la question qui en découle est l’impact de cette sous-représentation sur les mentalités et sur le sexisme dans notre société.

Son impact sur le sexisme dans la société est-il réel ?

Avis défavorable

Selon de nombreux sociologues et écrivains, la langue reflète la société mais n’en est qu’une conséquence et la modifier ne saurait avoir d’influence significative sur les rapports sociaux. 
Pourcentage de personnes qui ne citent que des hommes quand on leur demande de "citer 5 sportifs"
79%
Pourcentage de personnes qui ne citent que des hommes quand on leur demande de "citer 5 sportifs et sportives"
31%

Avis favorable

Certains prétendent que la langue est à l’origine de nos mentalités et la manière dont nous nous représentons les sexes dans notre société. Brigitte Grésy, sécrétaire général du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, défend cette idée, affirmant:
« C’est la langue qui dit le monde et la langue crée un système de réprésentation et c’est important que les femmes y soient. »

Ainsi, des outils grammaticaux et lexicaux ont été développés dans le but de combattre le sexisme dans la société qui pourrait en partie provenir de la langue. Il est essentiel de garder à l’esprit que l’écriture inclusive comprend l’ensemble de ces outils car le débat a souvent réduit l’écriture inclusive au point médian

Quels sont ces outils ?

Même lorsque l’intérêt de ces outils n’est pas contesté, leur forme est sujette à de vives critiques.

Sur quelles caractéristiques de la langue portent ces critiques?

 Plus que sur la forme, certaines critiques portent sur la volonté même de changer la langue sans attendre que l’usage adopte ces changements. 

Comment  la langue peut-elle être modifiée?

Par l’usage courant

Certains considèrent que loin d’être un patrimoine figé, la langue est en constante évolution. Elle se modifie avec les époques, reflète l’usage et se définit même en fonction de la pratique courante. Cependant ces individus ne veulent pas dire que la langue se modifie de manière abrupte et instantanée. 

« La langue est une terre glaise, formée et déformée par l’usage »

.

Dominique Bona

Par prises de position et volontarisme 

Dans cette optique, la langue résulterait des décisions de certains acteurs qui formeraient la langue consciemment et volontairement.

Ces acteurs peuvent être regroupés en trois catégories: les pouvoirs publics, l’école et enfin de manière générale ceux qui s’expriment publiquement (journalistes, blogueurs…). 

Quels sont ces acteurs ?

Les pouvoirs publics

Les institutions publiques ont joué un rôle majeur dans cette controverse, que ce soit via la déclaration de l’Académie française, ou via la publication dans le journal officiel de la circulaire d’Edouard Philippe sur les textes administratifs. Si la circulaire n’a pas suscité beaucoup de débats sur la légitimité du gouvernement de l’avoir publié, outre le fait qu’il ait raison ou non, il en est tout autre de l’Académie. Sa légitimité et son rôle sont en effet souvent  contestés. 
Newly-appointed French Prime Minister Edouard Philippe attends a handover ceremony at the Hotel Matignon, in Paris, France, May 15, 2017 REUTERS/Charles Platiau - RTX35XZF
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 Les professeurs 

Pour certains, l’école est l’un des endroits où doit être enseignée l’écriture inclusive, car c’est elle qui forme nos premières conceptions sociales. Ainsi, le manifeste sur Slate de professeurs s’engageant à n’enseigner que l’accord de proximité affirme que la répétition de la formule « le masculin l’emporte sur le féminin » induit des représentations mentales sexistes, alors que l’école doit au contraire promouvoir l’égalité. 

Ceux qui écrivent pour être lus

Certains blogueurs et journalistes profitent de leurs possibilités de s’adresser à un public large pour prendre position dans le débat en utilisant l’écriture inclusive dans leurs articles. Ces acteurs se servent de ces occasions pour faire rentrer l’écriture inclusive dans l’usage de manière consciente et volontaire.
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