La réforme Peillon ayant libéré du temps en fin d’après-midi en changeant la répartition du temps scolaires a créé des trous dans l’emploi du temps qui faut combler pour occuper les enfants pendant que les parents travaillent. C’est le temps périscolaire qui vient influencer l’organisation familiale.

 

Une des critiques faites à la semaine de 4 jours et demi est qu’elle fait finir les enfants plus tôt le soir et que, par conséquent, les parents travaillant ne peuvent pas aller chercher les enfants à l’école. C’est pour cette raison que les activités périscolaires organisées par la commune à la fin des cours ont été mises en place. Ainsi, un retour à 4 jours engendrerait la fin de ces activités, ce qui, selon la Fédération nationale des Francas (syndicats des encadrants des temps périscolaires), se traduirait par un licenciement de masse dans leur milieu. En effet, ils ont beaucoup recruté après la réforme Peillon, et ont continué après le Décret Hamon qui remplaçait le mercredi travaillé par une matinée d’activités sportives ou culturelles.

De plus, la question de l’effet de ces activités sur la fatigue et la concentration des enfants se pose…

 

Les activités du mercredi matin

 

Concernant le risque de perte d’emploi pour les encadrants, le gouvernement propose d’accompagner les communes qui passe à 4 jours avec le plan mercredi. Le but est d’aider les communes à organiser des activités de qualité le mercredi matin où il faudra occuper les enfants durant le travail des parents. Ainsi, les communes, l’Education nationale et la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), qui gèrent l’accueil en centre de loisir, se réunissent pour proposer un ensemble d’activités variées dans le cadre du projet éducatif du territoire (PEDT). C’est une première à l’échelle nationale de considérer le temps de l’enfant dans sa globalité. Comme le dit Fanny Anor, conseillère spéciale du ministre, « on ne peut plus considérer séparément le temps scolaire du temps où l’enfant n’est pas en cours » [1].

Ce plan fait suite à une mesure déjà en place dans le cadre du PEDT, qui incitait les communes à proposer un plan global du temps de l’enfant pour accéder à des subventions. A l’époque, la mesure était peu regardante envers le type d’activités proposées ; à présent, il y a des discussions à l’échelle de l’académie avec les conservatoires et les fédérations sportives pour garantir que l’accueil du mercredi matin soit plus qu’une simple garderie mais au contraire un vrai temps d’ouverture. L’accueil loisir reste possible pour les mairies mais elles ne seront plus soutenues financièrement.

L’argument du gouvernement face aux risques de pertes d’emploi dans le périscolaire est donc le suivant : il n’y a pas besoin de licencier, car les personnes qui intervenaient les soirs peuvent maintenant intervenir le mercredi matin quand les communes mettent en place un plan « Mercredi ».

 

L’organisation actuelle contestée

Cette nouvelle organisation pourrait répondre au problème d’organisation dénoncé par le SNU-ipp. Selon l’étude réalisée en 2015 par ce syndicat auprès de ses membres [2], les enseignants ont avis très mitigé sur la qualité de l’organisation des activités. On note qu’il y a environ quarante pour cent des enseignants qui pensent que l’organisation est de qualité, et autant qui pensent le contraire. Cela est en fait l’image de la grande iniquité sur le territoire, avec un taux de fréquentation des activités très variable.

Le SNU-ipp dénonce le manque de moyens et de formation des animateurs, ainsi que des problématiques d’utilisation des locaux. Le manque de moyens et de formation est effectif : beaucoup de communes (43% de celles qui ont demandé un retour à 4 jours, selon le ministère), ont organisé les temps périscolaires avec les ATSEM (agent territorial spécialisé de l’école maternelle) ou bien la garderie, ce qui n’offrait pas une grande ouverture pour les enfants.

 

 

L’impact des activités périscolaires sur les enfants

L’autre aspect à considérer sur les activités périscolaires est l’impact qu’elles peuvent avoir sur l’apprentissage des enfants ainsi que leur état de forme. Il n’y a à ce jour aucune étude scientifique qui a mis en avant un impact de ces activités sur la fatigue ou les résultats scolaires : ainsi, l’argumentaire des parents ou des professeurs se base sur leur ressenti de la santé de l’enfant.

Les enseignants dénoncent un retour en cours difficile après la pause méridionale, qui dans 77% des écoles dure plus de 1h45 [1] avec des enfants souvent excités et peu attentifs. Les professeurs expliquent que pour l’enfant, il n’y a pas de différence entre ce que l’on considère comme scolaire ou périscolaire, en particulier lorsque le cadre utilisé est commun pour les deux : la salle de classe. Néanmoins, il est clair que les activités allongent le temps d’attention demandé à l’élève, ce qui aura tendance à le fatiguer. On peut lire ce témoignage sur le rapport du SNU-ipp : « Les enfants restent beaucoup plus en collectivité et sont sur-stimulés ». Cette sur-stimulation peut entraîner chez les élèves de maternelle, pour lesquels les capacités sociales ne sont pas encore très développées, un manque de temps personnel « sans effort de sociabilisation » comme celui de la sieste.

Il faut noter qu’ici on ne parle pas directement de l’impact des activités périscolaires sur les résultats de l’élève. Les facteurs de fatigue et d’inattention des élèves, caractérisés à travers le ressenti des parents et des enseignants, ne sont pas forcément la cause d’un manque de réussite scolaire.

Enfin, il y a ici le risque de confondre corrélation et relation de causalité. Beaucoup d’aspects de la vie de l’enfant changent en même temps que l’instauration des temps périscolaires, notamment dans l’organisation familiale, de manière propre à chaque foyer : dès lors, il est délicat de relier directement les variations de la performance d’un élève au seul changement de planning hebdomadaire de l’école.

 

 

Références

[1] SNUipp-FSU, Rythmes scolaires, pas sans nous ! Les résultats, disponible sur : <http://consult-rythmes.snuipp.fr/les-resultats> (consulté le 08/06/2018)

[2] Entretien avec Fanny Anor, conseillère spéciale auprès du Ministre de l’Education Nationale, le 16/05/2018