Chez les praticiens...

Chez le pédiatre

Vous êtes inquiète, et vous aimeriez en savoir plus sur les effets réels des écrans sur votre enfant. D’un côté, vous faites attention à le mettre devant des émissions adaptées à son âge et à ne lui prêter votre portable que pour jouer à des jeux éducatifs : vous espérez ainsi l’aider à se développer. De l’autre, vous voyez bien qu’il a un rapport inadapté aux écrans. En parlant de cela avec le médecin, il vous dit que vous n’êtes pas le premier cas, que ces questions sont apparues il y a longtemps. Il vous dit aussi qu’il fait partie d’un collectif de pédiatres qui s’est récemment formé pour alerter sur ces problèmes car ils voient un vrai lien de causalité entre visionnage des écrans et retards de développement. Face à vos hésitations, le pédiatre ajoute que même dans les revues spécialisées, les liens ne sont pas tranchés entre nocivité ou non. Certains rapports soulignent le manque de présence des parents, le manque de sport ou le manque de sommeil comme autres facteurs qui peuvent retarder le développement. Pour vous rassurer face à votre inquiétude grandissante, il précise que les effets ne sont pas encore établis avec certitude, et que si certains scientifiques affirment qu’il y a de vrais risques mesurés, d’autres réfutent ces idées qu’ils considèrent comme infondées. Il vous propose un accompagnement de votre enfant et une aide pour étudier diverses propositions existantes adaptées à votre cas.

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Les premières questions

Dès l’apparition des premiers programmes télévisés pour les enfants et avec leur développement important dans les années 1970, des nombreuses questions se sont soulevées : est-ce que la télévision est adaptée aux enfants ? Faut-il adapter la télévision aux enfants en leur proposant des émissions pour leur âge ? Est-ce que la télévision est nocive pour le rythme de vie des plus jeunes ? Ces questions intéressent de plus en plus de personnes. En 1994, une association pour prévenir des dangers et des risques d’addiction se crée : Enfance-Télé s’est donné pour mission d’alerter les politiques et les citoyens.

L'observation des praticiens

Le débat s’est relancé lorsqu’un médecin spécialisé dans la protection maternelle et infantile, Anne-Lise Ducanda, publie une vidéo sur internet en mars 2017 [30] pour alerter sur les conséquences psychologiques dangereuses du visionnage des écrans – cette fois à travers les tablettes et les smartphones – sur les plus jeunes. Cette pédiatre se fonde sur les observations qu’elle a pu faire sur le terrain depuis quelques années et elle est rejointe quelques mois plus tard par d’autres praticiens avec qui elle fonde le CoSE (Collectif Surexposition Écran). La question de l’impact des écrans est prise en main par de nombreux acteurs dont beaucoup sont spécialistes en santé mais les praticiens et chercheurs ont des approches et des points de vue différents.

Les atouts des écrans

Le jeune public a intéressé les industriels de l’audiovisuel dès la télévision et a continué à les intéresser avec l’apparition des smartphones et des tablettes. Des programmes ont été conçus spécialement pour amuser les enfants mais aussi pour les ouvrir à des connaissances, puis des applications éducatives ont vu le jour, avec pour but de développer les capacités intellectuelles des enfants. [22]L’interactivité des tablettes et l’horizon large d’applications pour stimuler l’observation, la mémoire, la réactivité, etc. est même considéré comme un atout à ne pas mettre de côté, selon certains des experts. [44].

Les multiples conséquences des écrans

Dans les études menées pour avancer sur la question des effets des écrans, certains scientifiques mettent en avant des conséquences intermédiaires entre le visionnage intensif des écrans et les conséquences sur la santé : le temps passé à jouer ou regarder des vidéos sur une tablette est du temps pris sur le sport et le sommeil qui, eux, sont des facteurs reconnus unanimement comme essentiels pour une vie saine, particulièrement chez les enfants dont le corps est en développement [18,27]. D’autres scientifiques soulignent aussi des causes antérieures à l’usage des écrans car si l’enfant passe plus de six heures par jour devant eux, c’est que ses parents ne lui portent que peu d’attention et ce manque d’attention peut, lui, être responsable de retard de développement [26] “Entre nocivité possible des écrans et nocivité d’une défaillance parentale dont les écrans constitueraient un signe d’alerte, le débat n’est pas tranché” [26]. Les études pour essayer de montrer les relations causes-conséquences des écrans commencent à se multiplier mais il n’y a toujours pas de consensus, à cause de la complexité et de la quantité des paramètres mis en jeu dans cette question de développement de l’enfant [22,23].

“S’il existe un consensus scientifique quant aux effets des écrans, surtout de la télévision, sur la santé physique des jeunes enfants[...] c’est loin d’être le cas pour les éventuelles conséquences psychologiques.”

Vers un accompagnement

Cependant, la plupart des acteurs de ce débat sont d’accord sur le fait d’accompagner et de surveiller l’utilisation des écrans chez l’enfant pour éviter l’utilisation abusive qui peut venir facilement de part le système de fonctionnement et de conception de ces objets. Cet accord était déjà dans les consciences après la question de la télévision et certains avaient déjà proposé quelques règles simples pour aider les parents à maîtriser l’utilisation des écrans, comme la règle du ‘3-6-9-12” élaborée par Serge Tisseron. Avec la relance du débat de l’utilisation des smartphones, tablettes et ordinateurs, d’autres associations ont commencé à proposer aussi des règles simples de même genre que celles concernant la télévision, comme l’UNAF.