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Le clonage thérapeutique |
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Les débats sur le clonage thérapeutique :"Le véritable enjeu est celui de l'embryon humain", par Yvon Englert
"Le véritable enjeu est celui de l'embryon humain et, partant, de la légitimité d'expérimenter sur celui-ci. Or la recherche sur l'embryon se pratique depuis des décennies Lorsque naît la brebis clonée Dolly en 1996, le grand public, influencé par des médias qui agitent les fantasmes issus de `Brave New World´ d'Aldous Huxley, ne réalise pas la révolution biologique que cette expérience véhicule: il est donc possible de déspécialiser une cellule de mammifère, et de réorienter sa programmation. En effondrant le dogme de la biologie faisant de la différenciation cellulaire un processus irréversible, Dolly ouvre un champ de recherches entièrement nouveau: celui de la reprogrammation cellulaire. Au-delà de l'intérêt en soi d'explorer cette propriété insoupçonnée de nos cellules, les applications potentielles en sont immenses: mieux comprendre le cancer, maladie de la différenciation cellulaire, mais surtout créer des tissus pouvant être greffés, tissu cérébral pour les maladies dégénératives du cerveau, pancréatique pour le diabète, musculaire pour les nécroses dues à l'infarctus, moelle osseuse pour les leucémies... Bref, ouvrir la voie à une médecine dite `régénérative´, aujourd'hui imaginaire mais dont les applications potentielles innombrables ne pourront être concrétisées que si les moyens financiers investis dans la recherche permettent de préciser ce qui sera réellement possible, et cela sans l'abandonner aux mains du secteur privé. Des décisions d'interdiction de financement public de cette recherche seraient ici une erreur politique majeure. Mais le vrai conflit éthique ne réside pas dans ses aspects financiers et les appétits de l'industrie pour ce nouvel Eldorado. Toucher au coeur du fonctionnement du vivant reste, pour certains, un sacrilège qui ne peut qu'être sanctionné par une catastrophe: celle qui hante notre inconscient collectif depuis qu'Adam et Eve ont été chassés du Paradis pour avoir goûté aux fruits de l'arbre de la connaissance. Une hantise qu'illustrent tant le mythe de Frankenstein que, dans le courant religieux, le devoir de soumission au Père, sévère mais juste, et dans le courant écologiste, à la Mère, pure et nourricière. Et cela d'autant plus que les cellules souches les plus prometteuses sont les cellules souches embryonnaires précoces puisqu'à l'origine de tous les tissus de notre organisme. Ce sont ces raisons et non la soi-disant nécessaire interdiction du clonage reproducteur qui expliquent l'opposition à ces recherches de la part de parlementaires européens écologistes (groupe des verts) et chrétiens (parti populaire européen) qui ont tenté (heureusement sans succès) jeudi passé de faire voter un texte d'interdiction radicale. Le même thème est repris par la secte des Raéliens qui voit, avec la ruée des médias, s'ouvrir à elle (gratuitement, un vrai miracle..) une tribune planétaire pour ses prêches.Prôner l'interdiction de la recherche sur les cellules souches embryonnaires et le clonage thérapeutique `de peur de voir se réaliser le clonage humain reproducteur´ est un mensonge ou une absurdité. Si tel était vraiment l'enjeu du débat, une loi interdisant le replacement dans l'utérus d'une femme d'un embryon cloné suffirait à clore le débat. On a aussi agité le spectre de l'exploitation des femmes, dont on extrairait les oeufs à la chaîne. Il ne peut en être question et la recherche sur les cellules souches ne le nécessite d'ailleurs pas. Si un jour, les traitements rendent nécessaire un prélèvement de ce type (ce qui est peu probable), nos compagnes n'ont-elles pas suffisamment de sens critique que pour se définir? Et pourquoi ce don ne serait-il pas valorisé comme aujourd'hui le don de sang, ou de moelle osseuse, si il permet de sauver des vies? Le véritable enjeu de la controverse actuelle est celui du statut de l'embryon humain et, partant, de la légitimité d'expérimenter sur celui-ci. Or la recherche sur l'embryon se pratique depuis des décennies sous la surveillance des comités d'éthique sans que nous n'ayons eu à nous en plaindre, bien au contraire, puisqu'elle a conduit à des avancées importantes en stérilité et a ouvert la voie au débat d'aujourd'hui. Refuser la possibilité d'explorer ce champ de connaissances nouvelles, ne fût-ce que pour savoir ce qu'on peut en attendre, me paraîtrait incompréhensible, voire inexcusable face aux malades qui pourraient en bénéficier demain. Ce n'est qu'en connaissance de cause que la collectivité pourra juger de ce qui peut être retenu ou rejeté. L'attitude inverse relève d'un obscurantisme d'un autre âge." Professeur Yvon ENGLERT FERTILITY CLINIC
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