Les enjeux écologiques du péage urbain

Le coût de l'automobile

L'automobile a un coût pour la société. En France, on estime l’ensemble de ces coûts à 26 milliards d’euros en 1998, dont 7 milliards de coûts publics (dépenses de voirie) et 19 milliards de coûts de nuisances (accidents, bruit, pollution atmosphérique locale et effet de serre). Les automobilistes participent à ces coûts en payant des taxes, les péages, les assurances. Cependant, dans les villes où les nuisances causées par l'automobile sont beaucoup plus grandes, les coûts que les automobilistes font supporter à la société sont bien plus importants que ce qu'ils paient. Le rapport de 2003 réalisé par le Syndicat des Transports Publics d’Ile-de-France, le STIF, a comparé le coût global en termes de bruit, de pollution, d’effet de serre et de congestion entre véhicules privés et transports collectifs utilisés en Ile-de-France. L’automobile engendre un coût social pour 100 voyageurs-km 3,5 fois supérieur à celui engendré par les transports collectifs. A ces chiffres s'ajoutent de graves problèmes environnementaux liés aux consommations excessives de carburant et aux émissions induites de polluants (oxydes de carbone, oxydes d'azote, particules, plomb,....)
Le péage urbain repose sur l'idée simple suivante: faire payer à l'automobiliste ce qu'il coûte à la collectivité.

Le péage environnemental

Ce type de péage est basé sur le principe « pollueur-payeur ». Avec le péage, l'automobiliste paiera les coûts qu'il fait subir à la société. On rétablit ainsi une sorte de vérité des prix afin d'entraîner un comportement plus rationnel de la voiture. Pour avoir un impact significatif, les prix doivent être d'un niveau élevé. D'autre part, l'argent récolté peut servir à financer les transports en commun. Aucun péage de ce type n'a pour le moment été mis en place.

Le péage de congestion et les problèmes environnementaux.

Pour l'instant, les péages installés sont destinés à financer des infrastructures comme en Norvège ou à réduire la congestion comme à Londres. Les problèmes environnementaux ne sont pas l'objectif premier de ces types de péage. Néanmoins, le péage de congestion fluidifie la circulation, d'où une baisse des émissions de polluants induite par la diminution des embouteillages. Dans le cas de Londres, Transport for London estime que le péage est directement responsable d'une baisse des émissions d'oxydes d'azote dues au transport d'environ 12 %, d'une baisse des émissions de dioxyde de carbone dues au transport de 19% et d'une diminution de la consommation de carburant de 20 %. Le péage de congestion a donc un impact sur l'environnement.

Cependant, il arrive que l'objectif de décongestion n'aille pas de pair avec la protection de l'environnement car fluidifier n'est pas toujours synomyme de réduire. Par exemple, faire payer l'accès à des infrastructures pour y fluidifier le trafic entraîne souvent un report des usagers sur des voies gratuites, le niveau global de la circulation restant le même. Aucune amélioration environnementale n'est alors enregistrée. Le système consistant à faire payer seulement pendant les heures de pointe fait ressortir le même mécanisme. Les automobilistes peuvent moduler leurs horaires de déplacement en fonction du niveau de péage. Le trafic global reste le même mais il est fluidifié. En effet, de très faibles baisses du trafic peuvent permettre de diminuer très fortement le niveau de congestion (existence de seuils). Une étude menée sur la ville de Stockholm montre qu’une baisse de 10% du trafic de pointe permettrait d’éliminer 95% de la file d’attente. Dans le cas où le tarif est uniforme dans le temps, le report des usagers de la voiture vers d'autres types de transport est alors beaucoup plus important.

L'environnement: un rôle clé dans l'acceptibilité d'un péage urbain

Il est clair que l'idée d'un péage urbain n'est pas forcément toujours très populaire auprès des populations. En ce sens, l'environnement joue un rôle crucial dans l'acceptabilité politique du péage car sa préservation est un objectif plus populaire que le financement de nouvelles infrastructures ou la décongestion. La population est favorable dans sa majorité au principe pollueur-payeur, c'est pourquoi la réduction de la pollution est souvent un objectif affiché par les municipalités souhaitant instaurer un péage urbain.

Les alternatives au péage pour réduire la pollution en ville.

Il existe bien évidemment de nombreuses solutions, les progrès technologiques notamment, pour résoudre le problème de la pollution dans les villes. En France, de nombreux écologistes plaident plutôt que pour le péage urbain pour l'augmentation de quelques centimes de la TIPP la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers afin de financer les transports en commun. Cette idée présente l'avantage d'être relativement indolore pour l’usager. En effet, le montant de la TIPP acquitté n’apparaît pas clairement puisqu’il est intégré dans le prix final d’un litre de carburant. Cependant, elle sensibilise beaucoup moins l'automobiliste à ce qu'il coûte précisément dans la mesure où elle est uniforme dans le temps et l'espace. C'est ce qui est proposé par Denis Baupin, l'adjoint vert à la Mairie de Paris chargé des transports.

Une autre solution pour appliquer le principe du pollueur-payeur serait de trier les véhicules en fonction de leur niveau de pollution. Ainsi, les véhicules les plus polluants seraient restreints en terme de circulation tandis que les véhicules les moins polluants bénéficieraient de facilités de circulation.

Plusieurs questions apparaissent donc: Comment appliquer le principe du pollueur-payeur? Le péage urbain est-il efficace pour lutter contre la pollution ? Quelle priorité choisir pour les pouvoirs publics lors de la mise en place d'un péage? L'écologie ou la décongestion?

Pour en savoir plus sur l'évolution de la pollution à Paris ces dernières années