Plusieurs hypothèses sont actuellement envisagées pour palier la retenue des sédiments par le barrage de Grangent. Elles nous ont été exposées principalement par notre interlocuteur de la FRAPNA puis discutées par M.Steeger.
L’idée globale serait de prendre les sédiments artificiellement accumulés au pied du barrage et de les transporter en aval pour combler l’enfoncement du lit. Pour ce faire différentes solutions sont envisagées

  1. Un transport par camion : pour la DDE c’est une utopie que d’envisager un transport routier permanent autour du barrage.
  2. Un transport par tapis roulant : des projets similaires existent au Canada ou aux Etats-Unis.
  3. Faire un barrage transparent aux sédiments : c’est encore de l’ordre du jamais vu et la réalisation technique semble ardue voire impossible.

Dans toutes ces solutions persiste un problème général : les sédiments du fond du barrage sont pollués. En effet, sur la rive gauche de la Loire, juste un peu en amont du barrage se situait la vallée industrielle de l’Ondaine. L’activité principale y était le traitement chimique de métaux lourds et de charbon. A cette époque la Loire était un véritable égout à ciel ouvert et depuis la fermeture de ce site la décantation a permis une amélioration de la propreté de l’eau. Le déplacement des sédiments entraînerait une propagation de cette pollution dans toute la partie aval du fleuve.

En plus de ce problème de pollution, il s’avère que les sédiments qui peuplent le fond du barrage  sont recouverts ou entremêlés d’une vase épaisse dont il est impossible de les séparer. Elle sera capable de boucher les puits de captage en aval si elle était déposée en intégralité devant le barrage. En effet, lors de vidanges, il s’est déjà produit des incidents de ce genre. Ainsi, il a été décidé que la vanne de fond ne serait plus ouverte et que pour l’inspection des parois du barrage des plongeurs suffiraient.
Donc même si on trouvait une solution réellement viable pour le transport des sédiments, la pollution de ces derniers et la vase conséquente qui les emprisonne serait autant de problèmes sur lesquels il faudrait encore se pencher.

Pour palier au problème de pollution, on pourrait imaginer par exemple d’extraire les sédiments plus haut dans le cône de sédimentation, dans une partie en amont de la vallée de l’Ondaine. Seulement le dispositif de transport serait alors forcément plus lourd.

Toutes ces solutions proposées sont avant tout des idées sans fondement technique réel. André Ulmer milite pour que des études soient réalisées sur ce thème cherchant à chiffrer ces différentes possibilités ou à en envisager de nouvelles. Avant de crier « c’est trop cher » il faudrait avoir une idée de l’ordre de grandeur du prix de cette réhabilitation.

Le transport de sédiments serait avant tout une tentative de rétablissement d’une situation plus qu’un effort de résolution du problème à long terme. Pour viser plus loin dans l’avenir certains écologistes préconisent donc la suppression du barrage mais on peut aisément discerner les nouvelles échauffourées qui se déclencheraient. La base nautique de Saint-Victor d’une part établie sur le plan d’eau créé par le barrage disparaîtrait et avec elle le tourisme de la région. D’autre part EDF et les communes touchant des taxes liées à la concession du barrage ne veulent pas en entendre parler et ont économiquement parlant plus de poids que les associations environnementalistes.

Au-delà de ces querelles sur les actions de grande envergure à mener, des plans de protection de l’environnement ont été mis en place, en attendant la solution de long terme qui permettrait de stopper ou de réparer l’affaissement du lit. On peut penser au Plan Loire Grandeur Nature ou au programme LIFE qui sont des instruments financiers permettant de soutenir tout projet de réhabilitation, toute étude géologique, écologique ou idée pour l’amélioration de l’environnement de la Loire. Plus concrètement le classement de la zone en ZNIEFF, en ZICO ou en ZPS a pour but de prendre soin des écosystèmes et de leur biodiversité.