Les acteurs économiques

EDF intervient doublement dans le problème lié à la Loire : d'un côté, cela fournit beaucoup d'emplois à la région, et d'un autre côté, l'entreprise représente un lobby important. Couplé à cela, les exploitants de gravière sont aussi pourvoyeurs d'emplois, mais l'extraction de granulats (dans le lit mineur jusqu'en 1982 puis uniquement dans le lit majeur) est certainement une des causes de l'incision du lit. Ainsi, ce double rôle explique pourquoi il est difficile d'engager des actions qui sont à l'encontre des interêts économiques de la région. Cependant, on est encore actuellement au stade de compréhension du phénomène. On ne peut pas encore pointer du doigt tel ou tel acteur.

 

EDF

Gestionnaire des barrages de Grangent et de Villerest depuis respectivement 1957 et 1980. Sa concession pour le barrage de Grangent (extrémité sud de la plaine du Forez) prendra fin en 2015. Ils sont évidemment en faveur du maintien du barrage pour plusieurs raisons :

  • Besoins énergétiques de la région :

Alimente toutes les communes du périmètre en électricité

  • Une énergie propre :

Dans notre contexte actuel du tout renouvelable, EDF peut se targuer de ce barrage hydraulique source d’une énergie propre.

  • Taxe d’exploitation :

Verse une taxe à la commune de Chambles qui lui permet l’entretien de ses routes et une certaine prospérité.

  • Le barrage participe au tourisme régional :

Grâce au plan d’eau créé derrière le barrage, la base nautique de Saint-Victor a pu voir le jour.

En règle générale c’est un lobby important aux dires des instances politiques de la région (maire adjoint de la commune de Saint-Rambert, chef du service hydraulique de la DDE 42).

 

Les exploitants de gravières 

Parmi les divers exploitants dans la plaine du Forez on peut compter deux principaux acteurs : la société Cemex et Thomas Sograma. Cemex est l’un des principaux producteurs et négociants mondiaux de ciment, bétons prêts à l’emploi et granulats. Quant à Thomas Sograma, ils sont basé presque uniquement dans la plaine du Forez (leur siège social est à Andrézieux-Bouthéon) et ils se spécialisent de plus en plus dans le négoce de matériaux.

Les exploitants de gravières ont été accusés d’être les responsables de l’enfoncement du lit à cause de la surexploitation des années 50 où près de 150 gravières étaient installées le long du fleuve. Seulement depuis les années 80 ils respectent scrupuleusement le schéma départemental des carrières qui leur accorde ou non des prolongations d’autorisation d’exploitation ou des autorisations d’expansion de projet. Il faut savoir qu’en cas d’extension d’une gravière existante, les exploitants sont forcés de se soumettre à des mesures compensatoires.
Ils deviennent même coopératif dans les actions menés pour la restauration du patrimoine floristique et faunistique puisque la société Morillon Corvol (rachetée par la Cemex) a participé à la construction de l’Ecopôle du Forez. Ils acceptent désormais les mesures qui leur sont imposés en grinçant des dents. En effet, ces restrictions sont nombreuses :

 

  • Interdiction d’exploitation en lit mineur :

Depuis 1982 on leur a interdit l’exploitation en lit mineur. Les carrières se sont donc déplacées dans le lit majeur ou sur les contreforts des monts du Forez.

 

  • Réhabilitation obligatoire des anciennes gravières :

Depuis 1971 ils ont obligation de réaménager leurs exploitations avant de les abandonner. En effet les gravières créaient des immenses trous protégés par des digues pour éviter l’inondation. Lorsque la carrière était abandonnée, les trous restaient nuisant au paysage et au retour des espèces animales et végétales.

 

  • Les graviers alluvionnaires réservés à des usages nobles :

A l’heure actuelle l’extraction de matériaux alluvionnaires est encore pratiquée (Cemex - exploitation de Chambeon ) mais ces graviers doivent être destinés à des usages nobles. Une loi est passée qui règlemente l’usage des granulats alluvionnaires, les réservant pour la construction (bétons spéciaux, etc). Leur usage dans les soubassements de route et dans les infrastructures est désormais interdit.

 

  • L’espace de liberté du fleuve devient zone protégée :

Au-delà des interdictions d’exploitations en lit mineur, c’est tout l’espace de liberté (défini par les scientifiques de l’école des mines de Saint-Étienne) qui petit à petit ferme ses portes à l’extraction de matériaux. A terme l’idée serait de préserver tout l’espace de mobilité des gravières.

Face à ces restrictions de plus en plus sévères certains comme Thomas Sograma se reconvertissent progressivement dans le négoce de matériaux.