Pour identifier les différents acteurs
de la controverse, nous avons eu recours au logiciel Pajek, qui permet
de réaliser des cartographies représentant les différents liens qui
peuvent exister entre les acteurs.
Nous avons d’abord utilisé la base de
donnée EconLit, pour réaliser une première cartographie des acteurs de
la controverse. Pour ce faire, nous avons recherché sur EconLit des
articles qui portaient sur les subventions agricoles, leurs impacts et
les distorsions du marché qui en résultent. Nous avons ensuite complété
la recherche avec des articles d’acteurs majeurs de la
controverse comme Joseph Stiglitz, Panagariya et Bhagwati.
L’utilisation de Pajek fait alors apparaître le réseau des relations
entre les différents acteurs, en modélisant le nombre de fois où les
acteurs se sont cités les uns les autres. Pour réaliser cette
modélisation nous avons utilisé l’algorithme de Fruchterman Rheingold.
Cliquer
sur l'image pour l'agrandir
Relations entre les
auteurs. Base de donnée EconLit
Une première observation de la carte
permet de mettre en évidence les acteurs principaux autour de cette
controverse : Anderson, Panagariya, Stiglitz, Oxfam et l’OMC(World
Trade Organisation). On peut remarquer que le nombre de relations
concernant Stiglitz est relativement faible, bien que celui-ci soit au
centre du diagramme. Ceci peut-être expliqué par la position actuelle
de Stiglitz, qui est légèrement en retrait sur le sujet. Alors que
Bhagwati faisait partie de notre liste d’acteurs avant d’effectuer la
carte, il n’apparait pas comme un acteur principal de la controverse.
Ceci s’explique par le fait que Bhagwati fait partie des plus grands
économistes, mais qu’il ne s’est jamais spécialisé pour les questions
d’économie agricole. En ce qui concerne les deux organisations Oxfam et
OMC, il faut être vigilant et ne pas leur attribuer le même pouvoir.
Contrairement à l’OMC, l’Oxfam est une organisation
non-gouvernementale, et à ce titre n’a aucun pouvoir décisionnel sur
l’économie mondiale. Son rôle est donc uniquement consultatif.
Sur cette carte on peut déjà observer
deux pôles principaux. Le premier autour de Anderson, le deuxième
autour de Panagariya. Ces deux pôles représentent aussi deux analyses
différentes de la situation, Anderson étant contre les subventions
agricoles et Panagariya démontrant que les subventions n’ont pas
d’impact sur le marché. On peut aussi déjà noter un troisième pôle
autour de Bhagwati, Kennedy et Koo Won, que l’on détaillera grâce à la
carte suivante.
Cette carte ne mettant en évidence qu’un
nombre limité d’acteurs, une seconde carte a été réalisée en utilisant
une autre base de données : Web of Knowledge. Pour rechercher les
articles nous avons utilisé les mots clés : impact, subventions
agricoles, « global welfare », et nous avons ensuite recherché des
articles par auteur comme pour la première carte. Nous avons ensuite
réalisé une carte sur la base de 22 articles. La première carte
représente les relations entre les auteurs en fonction du nombre de
fois où les auteurs se sont cités les uns les autres, et ce à l’aide de
l’algorithme de Fruchterman Rheingold.
Cette carte fait clairement apparaître
deux groupes d’acteurs distincts, ces deux groupes s’articulent autour
des mêmes acteurs que ceux de la précédente carte : Anderson et
Panagariya. Anderson et Martin sont souvent associés dans leurs
publications et plaident en faveur de l’abolition des subventions
agricoles, qui ont selon eux un impact négatif sur les marchés mondiaux
mais aussi sur le bien-être global. Le deuxième groupe semble plus
compact, on retrouve en son centre Panagariya, Kennedy et Koo Won. Ce
groupe s’exprime en faveur de la controverse mais à plusieurs degrés
différents. Panagariya plaide pour l’absence d’impact des subventions
agricoles, alors que Kennedy et Koo Won, qui apparaissaient déjà
ensemble sur la carte précédente, ont démontré que les subventions
agricoles avaient un impact positif sur le bien-être global.
Le fait que Stiglitz apparaisse
relativement isolé sur cette carte est à souligné, car il est très
souvent cité par les autres économistes. Bhagwati n’est pas présent sur
cette carte, mais il faut bien observer qu’il ne s’est jamais
spécialisé dans les questions d’économie agricole.
En partant de la même série de donnée,
nous avons réalisé une dernière carte en représentant cette fois les
croisements articles-auteurs.
Cette carte permet de mettre en évidence
les organisations les plus importantes de la controverse : la Banque
Mondiale(sur la carte *WORLD), l’OMC(WTO), l’Oxfam, et l’OECD. Ces
organisations occupent une position centrale dans la controverse
puisqu’elles sont citées dans une majorité d’articles comme l’indique
la carte que l’on vient de réaliser. L’économiste Stiglitz est cette
fois bien présent sur la carte, et sa position centrale indique qu’il
est cité dans plusieurs articles d’avis très différents.
Au dessus de ce premier groupe on
distingue le groupe des détracteurs des subventions agricoles
constitué principalement de Anderson et Martin. A l’opposé de ce
groupe se trouvent ceux qui jugent l’impact des subventions agricoles
inexistant ou positif. Notons que la FAO (sur la carte : *FOOD),
apparait dans ce dernier groupe, mais que leur position est différente.
La FAO a pour but l’indépendance alimentaire des pays, elle prône donc
plus de subventions dans les pays pauvres.
Ecole des Mines
de Paris - Etude de controverses 2007