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Le statut de Pluton



Naissance de la controverse



Dès l’origine, Pluton génère la controverse et pour cause, ses différences avec les autres planètes dérangent. Nous vous proposons de les découvrir à travers le jeu qui suit. Chaque image illustre un aspect de Pluton qui contribue à enrichir la controverse. Essayez de deviner les différences puis cliquez sur l’icône "Réponse" pour savoir si vous êtes tombé juste.







Une longue gestation

Alors pourquoi n’a-t-on pas remis en cause le statut de planète de Pluton dès sa découverte ? La 1ère raison est que Pluton était le seule objet connu de son espèce, et l’homme quand il découvre quelque chose de nouveau a tendance à l’assimiler à ce qu’il connaît. La seconde raison est que les astronomes s’attendaient tellement à trouver une neuvième planète que- en caricaturant un peu la situation- le premier objet orbitant au-delà de Neptune aurait fait l’affaire. C’est le même processus qui a poussé Christophe Colomb à désigner les premiers américains par « indiens ». Ensuite, il faut bien noter que depuis la réfutation de loi de Titius Bode, la définition d’une planète n’est pas très précise. Dans le Litré de 1872, on peut lire « Astre qui se meut autour du soleil et emprunte de lui sa lumière ». Il est clair que Pluton satisfait cette définition, mais Céres la vérifie également, or Céres n’est pas considéré comme étant une planète. Enfin, Pluton est très éloigné de la Terre et les moyens d’investigation de l’époque ne sont pas assez puissants. On est alors incapable d’évaluer son diamètre avec précision. Sa faible luminosité et son absence de disque apparent laisse présager un corps plutôt petit, comparable en taille aux planètes telluriques, probablement plus grand que Mercure mais pas plus que Mars pense-t-on à l’époque. On émet aussi l’hypothèse que ce que l’on voit n’est qu’une tâche brillante à la surface réfléchissante d’une planète en réalité plus grosse. Cependant, sans observations plus précises, cela revient à tirer des plans sur la comète ou sur la planète si vous préférez...



[Un extrait de notre entretien avec Jean-Eudes Arlot]



Beaucoup d’astronomes se mettent sur le pied de guerre pour en savoir un peu plus sur cet étrange objet. Des analyses spectrométriques permettent de déterminer la composition de Pluton : elle est faite essentiellement de glace. Une première estimation de sa masse donne un chiffre en 1et 0,1 masse terrestre. Parallèlement, les technologies évoluent rapidement. Les télescopes, de plus en plus précis permettent en 1978 d’observer une protubérance qui se déplace sur plusieurs clichés successifs de Pluton. Il s’agit d’un satellite de Pluton, baptisé Charon par l’UAI en 1986. Il faudra attendre Hubble et les télescopes spatiaux pour pouvoir observer Pluton et Charon comme deux disques séparés.

La découverte de Charon et sa façon d’interagir avec Pluton apporte beaucoup d’informations quant à la masse de Pluton. Elle serait finalement bien inférieure à la valeur minimale des précédentes estimations. Au cours des dernières années, la masse estimée de Pluton n’a cessé de fondre pour atteindre la valeur de 0,0022 masse terrestre en 2003 !! Quant à sa taille, elle serait encore plus faible que celle de la lune. Toutes ces différences avec les autres planètes ont donné lieu à des interrogations mais la controverse n’aurait pas pu émerger sans un événement qui va semer le trouble dans la communauté astronomique : la mise en évidence de la ceinture de Kuiper.



L'élément déclencheur



[Un extrait de notre entretien avec Jean-Eudes Arlot]



C’est la découverte de la ceinture de Kuiper qui va tout remettre en question. Dès les années 1940, Edgeworth et Kuiper ont supposé l’existence d’une zone trans-Neptunienne qui serait une sorte de réservoir stable de comètes et de petits corps, à 50 U.A. du Soleil. Trente ans après, on met au point des théories sur la ceinture de Kuiper et sur le nuage d’Oort. En 1992, on découvre le premier élément de la ceinture de Kuiper, 1992QB1. Un an plus tard, on a déjà 6 objets différents (En 2005, on a plus de 1000 objets). Deux de ces objets, Eris et Sedna, découverts respectivement en 2003 et 2004, sont plus gros que Pluton, ils devraient donc logiquement recevoir le statut de planètes. Oui mais au rythme des découvertes actuelles, on risque bien de se retrouver avec des dizaines de nouvelles planètes sur les bras, à moins que Pluton ne soit pas vraiment une planète… La controverse est née.



Une controverse scientifique ?

Quel que soit le mot utilisé pour la définir, Pluton ne va pas s’arrêter de tourner autour du Soleil et gardera les mêmes propriétés physiques et dynamiques. En ce sens, une éventuelle destitution de Pluton de son statut de planète ne va pas changer grand-chose pour la communauté des astronomes et astrophysiciens professionnels. Il s’agit donc essentiellement d’un problème de nomenclature dont la résolution devra établir une classification des objets célestes dans un but essentiellement didactique. Les conséquences de la résolution de cette controverse vont surtout toucher le grand public.



[Un extrait de notre entretien avec Jean-Eudes Arlot]



Cependant, sa résolution devra se faire par des méthodes scientifiques, en présence des personnalités qui ont compétence à statuer sur le sujet. C’est ici qu’intervient l’Union Astronomique Internationale (UAI).