Comment remédier à une pénurie en eau à Barcelone ?

Situation

L'eau qui arrive - ou n'arrive pas – à Barcelone concerne des milliers de personnes au coeur de leur quotidien. Tous ces acteurs, aussi différents soient-ils, interagissent autour d'un même problème : comment abreuver Barcelone quand l'eau y manque?

> approche par acteurs > associations environnementales

Associations environnementales



Voici les associations environnementales les plus importants et les plus actifs de la controverse :




Plateforme de défense de l'Ebre (PDE)


L'association


"La Plateforme pour la Défense de l'Ebre" (PDE) a été créée en septembre 2000, après que le gouvernement espagnol eu rendu public son Plan Hydrologique National. Elle s'oppose principalement au projet de transvasement de l'Ebre et a rencontré dès sa création de nombreux sympathisants sur le parcours du fleuve Ebre et plus généralement en Espagne. Elle se décrit elle-même comme un « mouvement social dynamique et flexible, sans existence juridique, bureau fixe ni membres cotisants ». Elle est constituée d'un grand nombre de plateformes locales dont les représentants se réunissent ensuite en Assemblée Générale pour planifier leurs actions nationales.


Son rôle dans la controverse


Dès la publication du Plan Hydrologique National en février 2001, les groupes écologistes et la communauté scientifique rejettent le PHN de manière presque unanime. La Plateforme de Défense de l'Ebre (PDE) est de ceux-là, aux côtés des associations COAGRET, WWF ou encore Ecologistes en Action.

Reprenant les conclusions négatives des spécialistes de la FNCA, la PDE organise des colloques d'information et des manifestations d'opposition au transvasement de l'Ebre. Outre toutes les manifestations en Espagne, la plus emblématique action réalisée par ce mouvement fut “La Marche Bleue”. La Marche Bleue est partie le 10 août 2001 du Delta de l’Ebre. Elle a remonté la rivière, traversé la France, parcouru l’Allemagne, pour atteindre Bruxelles le 8 septembre. 15 000 personnes des bords de l’Ebre débarquèrent à Bruxelles ce weekend là pour une grande manifestation. Ils demandèrent à l’Union Européenne de ne pas financer le PHN, promu par le gouvernement espagnol. Le lendemain, des analyses scientifiques de la PDE et des pétitions furent remises au Parlement Européen.

Site internet de la PDE :
http://www.ebre.net/principal.html






COAGRET – Coordinadora de Afectados por Grandes embalses y trasvases


L'association


COAGRET naît dans le printemps de 1995 dans le but de créer une confédération de “gens affectés par les grandes œuvres hydrauliques réalisées à l'intérieur du territoire espagnol”. L'idée surgit de l'initiative de divers collectifs qui avaient déjà subi ces "affections" et travaillaient séparément chacun dans sa région. L'association, nationale, réunit des gens et des collectifs spécialistes de l'environnement ainsi que des techniciens rattachés à la gestion de l'eau.

L'expression "affectés" reprise par COAGRET veut montrer que l'eau fait partie d'un bien commun qui appartient à tous, et dont la mauvaise gestion affecte tout le monde.

Pour COAGRET, la politique hydraulique espagnole a besoin d'une importante remise en question et doit se recentrer sur une politique fondée sur le concept d'unité de bassin.


Son rôle dans la controverse


COAGRET se bat contre les projets de transvasements et de grands barrages à travers l'Espagne. Associant des comités régionaux comme le PDE sur les bords de l'Ebre, et des associations nationales comme Ecologistes en Action elle regroupe les différentes actions et organise des manifestations nationales ciblées sur les problèmes de transvasements.

La confédération COAGRET propose, dans la lignée de la FNCA avec qui elle travaille, une alternative aux politiques de transvasement menées par le gouvernement central espagnol ou par certains gouvernements régionaux comme la Catalogne, l'Aragon ou la Navarre. Cette politique alternative appelée « Nouvelle Culture de l'Eau » met la priorité sur la gestion de la demande, la rationalité des chantiers hydrauliques, le développement d'une agriculture durable et la modernisation des techniques d'irrigation.






Ecologistes en Action (Ecologistas en accion)


L'association


« Ecologistes en Action » est une confédération de plus de 300 groupes écologiques locaux situés dans toutes les régions espagnoles.

L'association défend que « les problèmes environnementaux trouvent leurs sources dans un modèle de production et de consommation de plus en plus globalisé et inadéquat, modèle qui achemine d'autres problèmes sociaux qu'il faut résoudre pour éviter la crise écologique. »

Les chevaux de bataille de l'association sont variés : l'eau, le changement climatique, la consommation, l'éducation écologique, les transports, l'urbanisme, etc.


Son rôle dans la controverse


« Ecologistes en Action » réalise des campagnes de sensibilisation, des actions contre les projets de transvasements notamment. Ils travaillent en collaboration avec les autres associations écologistes comme COAGRET (dont ils font partie), ou la Plateforme de Défense de l'Ebre.





European River Network


L'association


European River Network (ERN) a été fondé en 1994 par Roberto A. Epple avec le soutien téchnique de IRN International Rivers Network, du WWF et d'autres partenaires comme un projet de l'ONG français SOS Loire Vivante

Le but de cette association est de mettre en réseau les associations locales, régionales, nationales et internationales qui travaillent en faveur de la protection des rivières et d'améliorer la communication entre elles.

Sur son site internet Rivernet, elle regroupe des informations sur les fleuves du monde entier, sur les menaces qui risquent de les détruire, et sur les associations qui tentent de les préserver.

ERN relie également des organisations aux activités différentes comme l'environnement, la culture, l'éducation et les droits humains.


Son rôle dans la controverse


Sur son site internet Rivernet : http://www.rivernet.org/welcomef.htm, l'association ERN regroupe des documents les projets de gestion de l'eau en Espagne. Les documents peuvent être des publications scientifiques, des décryptages de lois comme le PHN (Plan Hydrologique National), des récapitulatifs d'actions menées par des 'associations comme la Plateforme de Défense de l'Ebre (PDE), etc.

Si les articles ne sont pas organisés, cet effort de concentration de l'information – traduite en Espagnol, en Français et en Anglais pour la plupart des pages – permet néanmoins à tout un chacun d'avoir facilement accès aux arguments opposant les associations environnementales et les gouvernements espagnols en matière de gestion de l'eau.





WWF


L'association


WWF est la première organisation mondiale de protection de la nature. Elle compte plus de 4,7 millions de membres à travers le monde. L'organisation dispose d'un réseau opérationnel dans 96 pays proposant 12000 programmes de protection de la nature.


Son rôle dans la controverse


WWF intervient dans la controverse par l'intermédiaire de son antenne espagnole, WWF Espagne et son homologue française WWF France. Au coude à coude avec les associations environnementales comme COAGRET, Ecologistes en Action, elles portent un oeil critique sur les projets d'approvisionnement en eau à Barcelone.

Contre les grands transvasements inter-bassins, son mot d'ordre pourrait se résumer en une phrase : « Transférons les connaissances, les savoirs faire et les moyens pour les économies d'eau. Ne transférons pas la ressource. »

L'article suivant publié le 23/05/08 sur le site WWF Espagne résume ses positions :

« La crise d'approvisionnement en eau qui touche actuellement Barcelone , obligée de s'approvisionner avec de l'eau du Rhône transportée par bateau principalement depuis Marseille, pour un coût mensuel de 22 millions d'euros , illustre l'impasse de la gestion de l'eau sur cette partie du bassin méditerranéen.
Si cette solution ne semble que provisoire puisque la ville prévoit de mettre en service en 2009 trois stations de dessalement de l'eau de mer (Llobregat, Tordera, Cunit), il n'en reste que cette mesure n'apporte qu'en partie des solutions tant le coût du dessalement, les impacts énergétiques et écologiques sur l'environnement restent élevés. D'autre part, le gouvernement espagnol a aussi autorisé, pour un montant de travaux de 180 millions d'euros, le renforcement du détournement d'eau de l'Ebre, entre Tarragone et Barcelone, malgré l'opposition de la région Aragonaise.
La ville et le gouvernement, au lieu de faire face avec fermeté à la crise structurelle de l'eau qui s'aggrave, crise en partie liée aux changements climatiques, mais principalement fruit de l'héritage d'une époque d'augmentation exponentielle de la demande d'eau pour l'agriculture irriguée et le tourisme (golfs, piscines, hôtels), continuent de répondre en favorisant l'offre à moyen terme, tout en parant au plus pressé.
Si le WWF ne peut qu'approuver une mesure de transport d'eau indispensable pour la sécurité de l'approvisionnement d'une métropole comme Barcelone, il ne peut que souligner le danger induit par les nouveaux projets, en particulier ceux de transvasement, contraires aux exigences de la Directive Cadre sur l'Eau et qui font revivre aux Espagnols les très mauvais souvenirs du Plan Hydrologique Espagnol, qui prévoyait des transferts d'eau massifs du nord vers le sud pour satisfaire l'arrosage des golfs, les cultures intensives et l'urbanisation croissante. Ce plan fut heureusement abandonné par Jose Luis Zapatero dès son accession aux responsabilités.
On le voit : le problème posé par cette crise est évident. Vouloir garantir des besoins économiquement artificiels (certaines cultures irriguées, golfs) se fera au détriment et de la sécurité d'approvisionnement des Barcelonais, de leurs besoins vitaux et de ce qu'il reste de milieux aquatiques d'eau courante intacts.
Le WWF-France et le WWF-Espagne demandent, comme ils l'avaient déjà fait en 2006 dans le rapport « Sécheresse en Méditerranée » que les gouvernements régionaux et locaux prennent des mesures énergiques pour jouer sur la demande et diminuer les usages agricoles et de tourisme à l'aide de mécanismes économiques adaptés : réorientation des aides, activités de substitution (cultures moins gourmandes en eau, golfs secs, tourisme doux). Ils s'opposent à toute idée de transfert pérenne de l'eau du Rhône vers le nord de l'Espagne, un projet déjà abandonné dans les années 2000 : la solidarité autour de l'eau ne doit pas conduire à l'ultime dégradation des écosystèmes d'eau courante dont le « bon état » voulu par la Directive Cadre sur l'Eau garantit des services écologiques vitaux. Elle doit d'abord être une solidarité de l'économie d'eau, de la gestion durable de la ressource. »





Unesco


L'organisme


L’UNESCO, ou « Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture », est une institution spécialisée des Nations Unies créée en 1945. En particulier, l’UNESCO a développé de nombreux programmes internationaux pour mieux évaluer et gérer les ressources naturelles de la planète.


Son rôle dans la controverse


Le rôle de l'UNESCO est minime dans cette controverse. Néanmoins il mérite que l'on s'y attarde quelques lignes. En effet contrairement à la (quasi) totalité des associations environnementales, l'UNESCO s'est prononcée en faveur du projet de transvasement du Rhône vers Barcelone. Ses arguments : une meilleure répartition de l'eau et de la création d'une connexion européenne de gestion de cette ressource.

Le 22 septembre 1997, le directeur général de l'UNESCO, Fedérico Mayor Zaragoza, lors de la célébration du 21ème congrès international des distributeurs d'eau qui se tenait à Madrid déclara :" Je rêve à la possibilité de conduire de l'eau du nord de l'Europe au Maghreb..." ou encore "Désormais,.......il faut transporter l'eau au moyen d'infrastructures aussi efficaces que celles qui furent construites pour le gaz et le pétrole."







Retour en haut de la page