Les recherches sur la Bible du point de vue archéologique ont commencé à la fin du XIXème siècle avec la fondation à Jerusalem par le dominicain Marie-Joseph Lagrange d’un établissement d’enseignement qui prit plus tard le nom d’ « Ecole biblique de Jérusalem ». A l’époque, Lagrange est un avant-gardiste. Il propose une interprétation plus symbolique et moins littérale de la Bible. Trop tôt sans doute : qualifié de « moderniste » par le pape Pie X en 1907, son ouvrage Commentaires sur la Genèse est interdit de publication.
Aujourd’hui, les choses ont bien changé. L’Eglise ne considère plus que la recherche scientifique remet en cause son existence et de telles sanctions appartiennent désormais au passé. Dès 1943, le pape Pie XII reconnaît dans son encyclique Divino Afflante Spiritu « la légitimité du discernement des genres littéraires dans l’Ecriture ».
Les Pères du concile Vatican II (ouvert en 1962 et clos en 1965) ont évoqué le rapport entre science et foi dans le texte Gaudium et spes. Les lois et l’organisation du monde que les scientifiques étudient sont voulues par Dieu. La recherche ne s’oppose donc pas à la foi puisqu’elle conduit à une meilleure connaissance du monde tel que Dieu l’a créé.
L’Eglise considère qu’il existe deux ordres de savoir distincts, la foi et la raison. L’Eglise affirme l’autonomie légitime de la culture et particulièrement celle des sciences. Par conséquent, elle ne se sent pas le devoir de s’exprimer sur les résultats de cette recherche.
C’est exactement ça : la science s’occupe d’expliquer « comment », et la foi de dire « pourquoi ».
Les littéralistes et les créationnistes sont en général de confession protestante, bien souvent évangeliste, et ne sont donc pas sous l’autorité du Vatican. Leur influence, réelle aux Etats-Unis, reste majoritairement cantonnée à cette zone.
Cependant, le pape Jean-Paul II a indirectement exprimé son avis sur ce point le 22 octobre 1996, lors d’une intervention devant l’Académie Pontificale des Sciences. S’exprimant sur le rejet de la théorie de l’évolution par les créationnistes, il a considéré que «de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse». Ceci remet indirectement en cause les propos créationnistes sur la Genèse du monde qui aurait eu lieu selon eux il y a 5769 ans, puis le déluge daté par ces mêmes créationnistes à 2014 ans avant Jésus-Christ.