Les fossiles et le déluge
Les fossiles sont-ils les témoins du Déluge ? Cette thèse est en tout cas la première à avoir été évoquée dans l’histoire des sciences pour expliquer l’existence de ces restes d’animaux et de plantes conservés dans des roches sédimentaires.
Chronologie scientifique
Historiquement, les deux premiers textes qui affirment l'origine organique des fossiles en les interprétant comme des restes d'animaux et de plantes victimes du Déluge sont Prodrome de la Dissertation de Nicolas Sténon (1671) et Piscium Querelae et Vindiciae de Johann Jakob Scheuchzer (1708). Une traduction française de ce dernier ouvrage a été publiée en 2008 par les Presses de l’Ecole des Mines de Paris sous le titre Les Fossiles témoins du Déluge.
Après la révolution française, un jeune scientifique suisse du nom de Georges Cuvier fut placé à la tête des scientifiques de Paris. Alors qu'on creusait des tranchées dans les routes, Cuvier compta 28 strates distinctes sous les rues de Paris. Cuvier doutait qu'un déluge ait pu produire toutes ces différentes couches. Dans son livre Theory of the Earth (1797), il suggéra que le déluge de la Genèse avait probablement été local, mais étendu et qu'il avait été le dernier d'une longue série. Chaque strate, résultat d'une inondation locale qui avait capturé des représentants d'êtres vivant sur la terre à l'époque, faisait état des changements de la vie pendant l'histoire de la terre.
James Hutton, un Écossais ayant étudié à Paris avant la Révolution, avait des idées similaires à celles de Cuvier, sauf qu'il mettait en doute l'hypothèse des catastrophes avancée par Cuvier. Il croyait que sur une période suffisante, les processus lents observés aujourd'hui produiraient les mêmes caractéristiques géologiques. Cette doctrine que l'on nomma « uniformisme », et qui s’opposait au catastrophisme de Cuvier, fut acceptée par la société géologique de Londres.
En 1835, un anglais du nom de Charles Lyell est nommé président de la Société Géologique de Londres. Il constate que la colonne stratigraphique telle que nous la connaissons en France et en Italie est visible dans un ordre à peu près similaire de l’Irlande du Nord à la Russie, et parfois à très haute altitude sur le sommet des montagnes. Une inondation de cette ampleur et de cette hauteur étant inacceptable, Lyell estima, bien que sans en connaître le mécanisme, que le seul recours était de supposer que le continent se serait soulevé et abaissé de nombreuses fois sous le niveau de la mer (Principles of Geology, 1833). Ceci constitue la théorie admise aujourd’hui et corroborée par les connaissances scientifiques actuelles.
Le principal bienfait du recours Déluge, qui est aujourd’hui considéré par l’immense majorité des scientifiques comme un archaïsme criant, est d’avoir permi en son temps de faire progresser les connaissances sans entrer en conflit ouvert avec les autorités religieuses.
La position des Créationnistes
De nombreux Créationnistes, à rebours des théories actuelles, rejettent toutefois ces conclusions et considèrent que l’existence des couches stratigraphiques telles que nous les connaissons ne remet pas en cause l’hypothèse d’un déluge violent et desctructeur.
Ces Créationnistes s’appuyent sur les expériences de Guy Berthault (1926- ) qui aurait démontré que des sédiments mélangés dans de l'eau en mouvement tomberaient dans un ordre très précis et laisseraient un dépôt stratifié. Ce phénomène s'appelle la progradation. Supposons maintenant que le Déluge de la Genèse ait été universel : une couche d'eau permanente sur la surface de la terre se serait déplacée par l'attraction de la lune et aurait transporté avec elle des millions de tonnes de sédiments. Selon les registres, la durée du Déluge fut d'un peu plus d'un an et, pendant cette période, les Créationnistes estiment que des sédiments pourraient être tombés et avoir formé simultanément des couches multiples sur une courte période plutôt que séquentiellement sur une longue période.
L’interstratification, c’est-à-dire le fait qu’il extiste des interpénétrations entre des couches stratifiées aux démarcations bien nettes, serait selon ces mêmes Créationnistes une preuve que ces couches dervaient s’être déposées en même temps.
Cette théorie est aujourd’hui réfutée et rejetée par la communauté scientifique.
Sources
Les Fossiles témoins du Déluge, Johann Jakob Scheuchzer, Jean Gaudant, les Presses de l’Ecole des Mines de Paris
Page du site www.creationnisme.ca accessible ICI.