Mammouths et restes d'animaux
Au vu des connaissances actuelles, il semble que le phénomène d’extinction des mammouths a eu lieu en un laps de temps incroyablement court : entamé il y a environ vingt-deux mille ans au sud du continent eurasiatique, il est remonté vers le nord pour se terminer en Sibérie il y a environ dix mille ans. Comment expliquer cette extinction ?
La thèse catastrophiste des premières heures
A partir de 1796 et des travaux de l’anatomiste français Georges Cuvier sur le premier cadavre de mammouth complet mis au jour en Sibérie, une thèse « catastrophiste » a dominé les autres : un gigantesque cataclysme serait à l’origine de l’extinction des mammouths. Pour appuyer sa thèse, il insiste sur l’état de conservation du mammouth découvert, qui prouverait la soudaineté avec laquelle cet animal est mort et donc la brutalité de la cause qui a provoqué son extinction.
Quelle est la nature de ce « grand et terrible événement » ? Arrivé à ce point du raisonnement, Cuvier s’arme de prudence, notamment vis-à-vis des autorités religieuses, et suggère alors que la disparition des mammouths serait due à un déluge.
La thèse cuviériste est celle d’un temps discontinu dans lequel les « mondes » se succèdent après des catastrophes géologiques qui s’enchaînent. Darwin est parti plus tard des spéculations cuviéristes de mondes chaotiques qui se suivent les uns les autres pour élaborer sa doctrine de l’évolution des espèces et de la sélection naturelle.
La théorie scientifique actuelle
Les théories scientifiques actuelles considèrent pour leur part qu’aucune grande catastrophe n’a amené la disparition des mammouths. Elles se fondent toutes sur deux événements : un phénomène climatique dû à la fin de la dernière glaciation, et un accroissement rapide de la population humaine dans la même période, qui entraînerait une sophistication des techniques de chasse aux mammouths pour subvenir aux besoins en nourriture de cette population.
Voici la thèse défendue par les paléontologues actuellement. Entre vingt-cinq mille et quinze mille ans avant notre ère, la Terre vit sa dernière grande glaciation. Un froid extrême s’étend jusqu’au milieu de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique. Les mammouths, éloignés des aires les plus froides, ont su s’adapter au climat rude de l’époque. Dans la steppe, ils trouvent l’herbe fraîche nécessaire à leur alimentation. La répartition (simplifiée) des paysages à l’époque est la suivante : la taïga au sud, qui est une forêt clairsemée inaccessible aux mammouths. Puis la steppe herbeuse au nord de la taïga, et enfin au nord de la steppe la toundra, lande froide riche en mousses et lichen et pauvre en herbe pour les pachydermes.
Aux environs de dix mille ans avant notre ère, a lieu un réchauffement définitif de la Terre. Les paysages se transforment alors du tout au tout. La pluie tombe en abondance, le climat froid et sec devient chaud et humide, le niveau des eaux s’élève, réduisant la surface des continents et donc l’aire de vie des mammouths. Par ailleurs, du sud au nord, la taïga gagne du terrain sur la steppe, tandis que du nord au sud, la toundra envahit elle aussi les zones de steppe. La fonte des glaces entraîne l’apparition de marécages, terrains gorgés d’eau dans lesquels les mammouths s’enlisent, expliquant les traces de putréfaction relevés sur des cadavres de mammouths enlisés ou emportés par des rivières et morts de fatigue ou de noyade.
Repoussés toujours plus loin dans les régions les plus septentrionales de la planète, dernières enclaves de steppe, les mammouths se trouvent bientôt concentrés dans l’extrême nord de la Sibérie, au-delà du cerlce polaire. La surpopulation de ces dernières parcelles de steppe entraîne alors très logiquement la destruction rapide des plantes. Cette restriction des ressources alimentaires explique probablement la diminution de taille des derniers mammouths, qui pour certains ne mesuraient plus que deux mètres quarante. Le processus d’extinction s’accéléra et prit un tour irréversible lorsque les mammouths, dispersés et trop peu nombreux, ne purent maintenir leur taux de reproduction. La fin de l’espèce était proche.
Un point d’indertitude demeure à ce stade : les hommes ont-ils chassé les mammouths ? Ce débat agite la communauté scientifique depuis la première découverte de cadavres entiers de pachydermes. On sait, notamment grâce à la découverte de peintures rupestres, que l’homme et le mammouth se sont bien cotoyés. L’homme l’a-t-il néanmoins chassé, profitant du confinement des mammouths dans des zones peu étendues, et au point de mettre en danger son espèce ? Rien ne permet de le dire aujourd’hui. Des moyens de chasse existaient (pousser les proies vers un précipice, flèches et lances…) mais il restait plus difficile de chasser le mammouth que d’autre gibier tout aussi abondant et plus petit. En revanche, il est certains que les hommes préhistoriques ont su tirer parti des cadavres d’animaux morts, en témoignent par exemple les os utilisés en Pologne et en Ukraine pour construire des huttes solides.
Aujourd’hui, la thèse qui prévaut dans les milieux scientifiques mêle donc ces deux causes (réchauffement climatique et chasse), bien qu’on ne sache pas encore dans quelle proportion.
La théorie catastrophiste actuelle
Cependant, cette thèse n’est pas partagée par tous actuellement. Les tenants de la théorie de l’existence d’un déluge mondial causé par Dieu usent aussi d’arguments scientifiques pour défendre leur théorie. Ils s’appuyent notamment sur un mystère non encore résolu, celui de l’existence en de nombreux endroits du globe (nord du Canada, Alaska, Sibérie) de restes de millions de bêtes qui semblent avoir été, à une époque géologique assez récente, tuées subitement et instantanément congelées dans la boue ou la glace.
Elles sont toujours là par millions, sous forme de tas d'ossements de chair et de fourrure. Souvent il s'agit d'espèces qui normalement ne vivaient pas ensemble. La façon dont ils ont été ensevelis laisse supposer pour les tenants de la thèse catastrophiste qu'ils sont tous morts en même temps, et qu'ensuite ils ont été transportés pêle-mêle par des forces très grandes. Ces faits ne pourraient s'expliquer ni par une mort naturelle, ni par noyade normale, ni par la mort à la suite d'une maladie. Ils ne deviendraient compréhensibles que dans la perspective d'un déluge universel, accompagné d'un changement de climat quasi instantané.
Ces indices sont exactement ceux qu'on s'attendrait à trouver, après la chute d'une immense voûte de vapeur d'eau. Les régions polaires seraient brusquement plongées dans un état de gel intense, les animaux qui se trouvaient dans cette région ou tout près périraient gelés sur place. Ceux qui se trouveraient ailleurs seraient ensevelis en très grand nombre, sous des amas de terre et des débris.
Cette théorie reste véhiculée : par François Derrey La Terre cette inconnue, par Manuel Velikovsky Mondes en collision ou bien encore Hapgood dans la revue Newsweek du 23 décembre 1963. Cependant, des paléontologues et spécialistes du climat ont tendance à qualifier les travaux de ces chercheurs de pseudo-scientifiques. Par ailleurs il est à noter que ces thèses sont quasi-uniquement citées par des sites internet religieux comme voxdei et les chercheurs nommés par ces sites, tels le professeur Franck Hibbon, professeur d’archéologie au Nouveau-Mexique, ne semblent pas référencés sur le web francophone.
Sources
Page Déluge du site Voxdei
Sur la piste du mammouth, Bernard Buigues (Histoire de Jarkov, le mammouth vieux de 20 000 ans dégagé de la glace)